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Défense, diplomatie, crises, pouvoirs

Catherine Ashton lors de la plénière du Parlement européen ce 11 septembre (crédit : Parlement européen)
Golfe Moyen-Orient

La menace militaire a fait bouger les lignes (Parlement européen)

Catherine Ashton lors de la plénière du Parlement européen ce 11 septembre (crédit : Parlement européen)
Catherine Ashton lors de la plénière du Parlement européen ce 11 septembre (crédit : Parlement européen)

(BRUXELLES2 à Strasbourg) Lors du débat qui s'est tenu au Parlement européen, comme l'a reconnu la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères « La menace d'une frappe a certainement été l'élément déclencheur de cette initiative russe » de contrôle des armes chimiques, a déclaré Catherine Ashton lors de ses propos liminaires. Un point qu' a salué le député tory Geoffrey Van Orden, bien connu pour son sentiment eurosceptique et pour railler régulièrement la Haute représentante. Un petit évènement en soi...

La pression militaire a joué

« La menace militaire a joué certainement. Cela ne me réjouit pas. Mais c'est un fait. Il serait dangereux de lever cette menace militaire » a confirmé l'eurodéputé libérale flamande Annemie Neyts-Uyttenbroeck. Elle suivait de près ainsi son mentor, Guy Verhofstadt, l'ancien Premier ministre belge (VLD) pour qui « la carotte a besoin du baton. Nous avons besoin de pression sur le régime Assad pour avoir une solution politique ». « L'effectivité de la menace a ouvert une nouvelle porte pour la diplomatie » a renchéri Hélène Flautre pour les Verts. « Chacun sait bien qu'il n'y a qu'une solution politique. Mais il faut articuler tous nos moyens : humanitaire, la menace militaire, notre outil diplomatique ». « President Obama is right to hold back on military action in exchange for the neutralisation of the Assad chemical arsenal. But he was also right to reserve the right to strike in response to any further use of weapons of mass destruction (WMDs) » a déclaré pour sa part le tory Charles Tannock, porte-parole du groupe conservateur (ECR) pour les Affaires étrangères.

L'option militaire doit s'inscrire dans une stratégie

Mais tous les députés ne partagent cet avis positif sur de possibles frappes militaires. Comme l'a rappelé l'eurodéputé français Arnaud Danjean (PPE), dénonçant « les postures martiales et trop souvent unilatérales ». « L'usage de la force ne doit certes pas être pas un tabou. L'option militaire peut être légitime, justifiée et efficace. Mais elle doit toujours s'inscrire dans une stratégie diplomatique proposant des solutions politiques. Les frappes punitives promises par certains pays ne constituent pas une stratégie. C'est, au mieux, un pari, très risqué, dans une région sensible, pour des gains dissuasifs et politiques très hypothétiques. » a-t-il souligné. « La voie diplomatique reste l'instrument à privilégier, tant pour sanctionner et dissuader un régime responsable d'une violation flagrante des conventions internationales, que pour trouver une issue à cette guerre civile. » Cette issue diplomatique nécessite « de parler à tous les acteurs, notamment au niveau régional. Elle nécessite aussi que l'Europe pèse d'un poids collectif, auprès d'acteurs avec lesquels elle est déjà engagée dans des partenariats (Russie) ou des négociations, parfois difficiles ( l'Iran par exemple), a-t-il expliqué, regrettant que « l'activité diplomatique n'ait, jusqu'à présent, pas été à la mesure de la crise syrienne ».

Saisir l'élan du moment

Le fait que le régime Assad soit à l'origine des attaques chimiques ne fait désormais plus de doute. « Seul le régime syrien possède à la fois l'arsenal chimique et les moyens de l'utiliser. Il faut en prendre acte » a souligné Catherine Ashton. La Haute représentante a insisté sur un point. La proposition russe de placer cet arsenal chimique sous contrôle doit être pris au sérieux. « Il est très important de saisir l'élan et de l'utiliser. Parce que ce que nous voyons pour la première fois depuis longtemps, c'est la communauté internationale qui est unie dans une action sur la Syrie. » Pour autant il faut « faire preuve de prudence et d'examiner les développements en détail. Tout d'abord, afin de s'assurer que le régime syrien ne dit pas seulement qu'il sera d'accord pour une action internationale, mais qu'il le fera rapidement, pleinement et sans conditions. Il faut assurer le suivi (des armes) avec transparence et s'assurer qu'il respecte toutes les exigences. En d'autres termes, la réponse doit être différente de la réponse que nous avons eu dans le passé. Avec des promesses non tenues, des obstacles qui ont entravé la progression des efforts internationaux. »

Télécharger le speech de C. Ashton, ici

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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