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Afrique Australe Centrale

Vers une autre mission de la PSDC en République centrafricaine

(BRUXELLES2) Les "28" sont prêts à s'engager davantage en République centrafricaine. Faute d'avoir pu lancer aujourd'hui l'opération EUFOR Rca, les ministres ont approuvé certains documents de planification (plan d'opération et règles d'engagement). Ils ont aussi souligné la nécessité d'une « accélération » de la préparation de l'opération EUFOR RCA en vue de permettre son « lancement rapide, conformément aux engagements de l'Union européenne ».

Des options pour une future mission d'assistance à la sécurité

L'Union européenne est prête à aller plus loin. Le Conseil rappelle ainsi « son engagement à étudier les modalités d’un futur engagement dans le domaine de l’Etat de droit et la réforme du secteur de la sécurité ». Les 28 ont ainsi « invité la Haute Représentante à réfléchir aux différentes options qui pourraient être mises en œuvre dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité ». Ce qui est le prélude nécessaire à la planification d'une nouvelle mission (type EUSEC RCA) qui pourrait ainsi donner lieu à un concept de gestion de crises (CMC). Cela fait partie de la stratégie de "sortie" de l'opération militaire EUFOR RCA.

Une nécessité très forte

Selon nos informations, la police comme la gendarmerie centrafricaine sont effectivement démunies de tout. A Bangui, « il n'y a que quelques dizaines de policiers pour toute la ville. Et leurs commissariats sont vides. Il n'y a rien » a raconté à B2 un officier connaisseur de la région. Certes la bonne volonté et la détermination des forces de l'ordre sont bien présentes. « Les policiers n'ont pas été payés depuis plusieurs mois. Et, malgré tout, ils ont tous répondu présents. » Mais cela ne peut suffire à terme. Et le nombre de forces de l'ordre - il faut ajouter quelques dizaines de gendarmes - ne suffit pas pour une ville comme Bangui.

Soutenir la Misca

L’UE « réaffirme » aussi son engagement, « y compris financier, en faveur de la MISCA et appelle à la mobilisation urgente des moyens financiers annoncés à l'occasion de la conférence de donateurs » organisée par l'Union africaine le 1er février 2014. Rappelons que la Commission a annoncé son intention de fournir une aide de plus de 100 millions d'euros pour la RCA, en particulier pour la restauration de l’Etat et le rétablissement des services sociaux (éducation, santé et sécurité alimentaire/nutrition) et la préparation des élections.

Restauration de l'Etat de droit et lutte contre l'impunité

L'Union européenne a répété ses messages traditionnels : le processus de transition politique et la préparation des élections. « La poursuite des efforts des autorités de transition visant à restaurer l’Etat de droit, le rétablissement de la sécurité, la restauration de l’administration et la mise en place de règles de bonne gouvernance économique, ainsi que le dialogue interconfessionnel et la médiation intercommunautaires » sont indispensables, soulignent les 28. Le communiqué rappelle également la nécessité de « la lutte contre l’impunité ». « Les auteurs de violations doivent répondre de leurs actes devant la justice ». Et la décision du Procureur de la Cour Pénale Internationale d'ouvrir un examen préliminaire de la situation en RCA, ainsi que le travail de la Commission internationale d'enquête est « saluée ».

Préoccupée par la crise humanitaire

De façon générale, l'UE reste « extrêmement préoccupée » par « l’impact humanitaire de la crise en République centrafricaine qui persiste malgré les efforts régionaux et internationaux déployés sur le terrain ». Les conditions de survie des populations restent « précaires, surtout à l’intérieur du pays où l’accès humanitaire demeure difficile » notent les Européens. L’UE est particulièrement préoccupée « par les menaces, en termes de sécurité, à l’encontre des populations civiles et par les conséquences, en particulier humanitaires, des départs forcés massifs, de Centrafricains et de migrants, en majorité musulmans » vers les pays voisins (Tchad, Cameroun, RD Congo - ex-Zaïre - et Congo (Brazzaville)).Elle craint toujours un débordement, que le conflit centrafricain affecte les pays voisins de la RCA et « appelle au respect de l'intégrité du pays ».

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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