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Le Parlement européen réclame des réformes en Érythrée

VotePlénière@PE160310(B2) L’Erythrée est le deuxième pays d’origine des requérants d’asile en Europe. Plus de 400.000 Erythréens ont fui leur pays depuis 2010. Dans une résolution adoptée jeudi 10 mars, le Parlement européen demande une série de réformes de la part du gouvernement érythréen mais aussi un plus grand contrôle de l'aide européenne envoyée à ce pays ; des mesures visant à « améliorer les conditions de vie » des Erythréens et à diminuer les flux migratoires. La résolution, la première depuis 2004, appelle la communauté internationale à « faire pression » et « intervenir » sur un des régimes les plus 'durs' d'Afrique.

Mettre fin au service militaire indéfini

Les députés européens « demandent instamment » au gouvernement érythréen de mettre fin au système du service national indéterminé en « démobilisant les conscrits qui ont terminé les 18 moins obligatoire », en stoppant « la pratique d'engager des conscrits pour du travail forcé, une fois les 18 mois passés », en « permettant l'objection de conscience », en mettant fin à la pratique obligatoire qui impose à « tous les élèves de passer leur dernière année de scolarité dans un camp d'entrainement militaire » et finalement en « veillant à ce que l'âge minimum de 18 ans soit respecté pour entreprendre toute formation militaire et à ce qu'aucune enrôlement ne se fasse après l'âge normal de la conscription ». 

... et au racket des migrants pour financer des groupes armés

Le Parlement condamne l'imposition d'une "taxe de diaspora" par le gouvernement érythréen, « collectée par extorsion et autres moyens illégaux », aux Érythréens qui ont fui le pays. Un argent « utilisé pour financer des groupes armés dans les pays voisins et donc pour déstabiliser la région ». Les Etats membres sont invités à « agir pour mettre fin » à cette pratique et à « enquêter les transactions financières liées à tout autre "contribution" prélevées par les associations érythréennes liées au gouvernement ».

S'assurer que les fonds aillent à la population 

Le Parlement demande à la Commission de « veiller à ce que les fonds alloués ne bénéficient pas au gouvernement érythréen, mais qu'ils soient strictement assignés à répondre aux besoins de la population érythréenne. » Les députés appellent à ce que la conditionnalité de l'aide « récemment convenue soit respectée ». Une méfiance justifiée, entre autres, par le fait que « les autorités érythréennes ont rappelé en février 2016, que l'accord avec l'UE ne conduirait pas à une réforme de la politique de service militaire de l'Erythrée », souligne la résolution. « Ce pays est une prison à ciel ouvert. Que fait la Commission ? » s'interrogeait Marie-Christine Vergiat, députée française du Front de gauche (GUE) lors du débat en plénière, mercredi 9 mars.

Libérer les prisonniers politique et les journalistes 

Le Parlement européen demande la libération des députés, journalistes, prisonniers politiques et prisonniers de conscience. Une mention particulière est faite pour le journaliste suédois Dalit Isaak, « dont on ne sait rien depuis 2005 ».

Plus de pression sur le gouvernement

Le Parlement européen demande à la communauté internationale et aux partenaires au développement de l'Érythrée « d'intervenir » et de « faire pression sur le gouvernement érythréen » pour permettre à l'aide étrangère d'entrer dans le pays et ainsi « aider les communautés vulnérables ». La commission d'enquête sur la situation des droits de l'homme en Érythrée doit également avoir accès au pays, « pour exercer complètement son mandat ». 

(Leonor Hubaut, à Strasbourg)

Télécharger la résolution (texte provisoire).

Lire aussi un reportage du Temps (photos/audio)


Mécontent, le Parlement veut renforcer son contrôle du FED 

Lors du débat en plénière, mercredi 9 mars, l'indignation et la colère se sont fait sentir dans les interventions des députés dans leur unanimité. Le Parlement européen reproche à la commission du Fonds européen de développement (FED) d'avoir adopter le Programme national indicatif (PNI) pour l'Erythrée contre l'avis du Parlement. Reprendre l'aide au développement pour l'Erythrée est « une grande erreur » clame l'Espagnole Berra Basterrechea de Unión, Progreso y Democracia (ALDE). Le désaccord est basé sur les projets prévu dans le PNI qui se « concentre sur le domaine de l'énergie », assure la Croate Ivo Davor Stier (HDZ/PPE). Près de 200.000 euros doivent aller à des projets énergétiques. « La commission Energie s'est prononcée à l'unanimité contre l'adoption de ces mesures ». C'est pour cela que, dans la résolution, le Parlement européen demande « que lui soit accordé un pouvoir de contrôle » par un « accord interinstitutionnel contraignant au titre de l'article 295 du traité sur le fonctionnement de l'UE » (TFUE). (LH)


 

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