N°66. Sommet de l’OTAN des 11 et 12 juillet 2018 (V3)
(B2, au siège de l'OTAN) Réunis les 11 et 12 juillet, les dirigeants de l'Alliance atlantique ont approuvé un certain nombre de décisions. Mais, comme prévu, l'atmosphère a été assombrie par l'attitude du président américain, Donald Trump

Cette réunion a été largement très bien préparée en amont, par une succession de décisions attendues, qui sont d'une envergure plutôt réduite (au regard de certains autres sommets). A l’agenda du sommet de l’OTAN de Bruxelles (11 et 12 juillet). Quatre sessions et une inconnue
Les décisions du sommet
1. Le renforcement de la structure militaire
- A l’agenda de la ministérielle défense (7 et 8 juin 2018). L’OTAN renforce sa structure militaire
- La réforme des structures de l’OTAN. Une question plus délicate qu’elle n’y parait
et de l'organisation interne (renseignements, cyber, puissance aérienne)
- Unified Vision 2018 : l’Otan poursuit ses efforts de renseignement interalliés
- Le temps de la suprématie dans les airs est révolu. L’OTAN établit une stratégie de puissance aérienne
2. L'invitation lancée à la Macédoine du Nord à adhérer
Comme attendu, la Macédoine (FYROM) qui avait sollicité depuis des années à la porte de l'Alliance reçoit sa précieuse lettre d'invitation. Une négociation conditionnée au bon accomplissement de toutes les formalités sur son changement de nom.La Macédoine du Nord invitée à l’OTAN. Les négociations peuvent commencer. Lire aussi : Ne dites plus ARYM ou FYROM, dites Macédoine du Nord
La politique de la porte ouverte persiste, mais deux autres pays qui frappent à la porte de l'Alliance reçoivent leur bulletin de note sans avancement supplémentaire. L'OTAN salue les efforts de la Géorgie. L'Ukraine peut mieux faire
3. Le renforcement du flanc Est de l'Alliance
- Six pays d’accord pour mettre en place un QG multinational de division Nord en Lettonie
- Le temps de la suprématie dans les airs est révolu. L’OTAN établit une stratégie de puissance aérienne
4. La mobilisation sur le flanc Sud de l'Alliance, en Irak particulièrement
- Le sommet de l’OTAN donne le feu vert à une nouvelle mission de formation : en Irak
- L’Espagne veut renforcer la présence de l’OTAN en Tunisie
5. L'engagement en Afghanistan jusqu'en 2024
6. Ne pas oublier le flanc Nord
L’Alliance, navire de recherche de l’OTAN, teste des drones sous-marins dans le grand Nord
7. La coopération UE-OTAN...
Une nouvelle déclaration a été signée mardi (10 juillet) en prélude de ce sommet entre l'Union européenne et l'OTAN, célébrant la bonne coopération entre les deux organisations.
- Une déclaration de notaire sur la coopération UE-OTAN
- Coopération UE-OTAN : tout baigne (V2)
- notre fiche : OTAN-UE. La déclaration de Varsovie. Sept domaines de coopération et 74 mesures communes (fiche)
Télécharger :
- la déclaration UE-OTAN ENG / FRA
- le discours de Jean-Claude Juncker (ENG)
- la déclaration de Donald Tusk (ENG)
... et la coopération militaire
Un des principaux projets mis en avant de cette coopération, comme une nécessité pour déplacer plus rapidement les équipements militaires vers le 'front Est' de l'Alliance, reste la mobilité militaire, projet phare de la coopération UE-OTAN.
La question du partage du fardeau
Le principal problème de l'Alliance aujourd'hui ne vient pas vraiment de menaces extérieures ou de problèmes d'organisations internes. C'est davantage l'attitude vindicative du président américain, Donald Trump, notamment ses remarques sur le faible engagement des Européens en matière de dépenses de défense. Trump sonne les cloches aux Européens. L’OTAN dans l’oeil du cyclone ?
L'admonestation de dépenser plus est un classique venant d'Amérique. Et Trump s'inscrit ainsi dans une lignée continuelle, de Bush à Obama. Mais le style, comme les arguments utilisés, sont souvent biaisés. Notre analyse : Le vrai faux débat du partage du fardeau. Entre mythes et réalités
L'objectif de 2%
Qui respecte l'objectif de 2% du PIB, qui ne le respecte pas ? Quels pays respectent l'objectif (tout aussi important) de consacrer 20% des dépenses aux équipements ? L'écart entre USA et Europe tend-il à s'agrandir ou à se limiter ? Toutes les questions que vous vous posez dans notre analyse (lire : En 2018, les alliés dépensent plus pour la défense. Si si !).
Ce fichu objectif de 2% du PIB, que signifie-t-il ? Quand est-il redevenu d’actualité ? Est-il garant d’une défense efficace ? Pourquoi Trump agite-t-il cet objectif ? Quelles sont les dernières statistiques en matière de dépenses de défense ?
Où en est l’objectif de 2% de l’OTAN ? Trump dit-il vrai ?
L'Allemagne dans le viseur
L'Allemagne est particulièrement dans la ligne de mire de Donald Trump. Il est vrai que sa santé économique est insolente, et ses dépenses de défense un peu poussives. Le gouvernement de Berlin s'est engagé à faire mieux dans les années à venir. Il engage 4 milliards d'euros supplémentaires pour 2019. Mais après, c'est moins sûr. Notre analyse : Une pichenette de quatre milliards pour la défense allemande en 2019
Des relations Europe-USA difficiles
Tout cela s'inscrit dans un contexte relationnel difficile entre les USA d'un côté, les autres alliés, en particulier les Européens et Canadiens, de l'autre. Les relations sont rendues plus délicates encore par le contexte général des relations transatlantiques notamment en matière commerciale, comme le G7 l'a montré. Un G7 fractionné. Les Européens et Américains sont-ils encore des alliés ?
La tornade Trump fait son œuvre
L'art du tweet à la Trump pour enfoncer le clou
Les diatribes 'trumpiennes', assénées par voie de tweets, paraissent comme un phénomène pour le moins anormal dans une Alliance atlantique, où les Américains ont toujours joué le rôle de grand frère, parfois admonestateur, parfois protecteur, mais n'ont jamais affiché autant de mépris pour leurs alliés, à un moment crucial de résurgence des menaces. Ses tweets vindicatifs sont autant de menaces.
L'objectif à 2% c'est tout de suite
Chose promise, chose due, Donald Trump ne démord pas d'un bout à l'autre du sommet dans sa volonté de voir les Européens passer à la caisse. Il demande à tous de réaliser l'objectif de 2% immédiatement. Et il fixe à terme un nouvel objectif. Donald Trump préconise d’investir 4% du PIB dans la défense. A la surprise générale
Une erreur de jugement
Personne n'y croit vraiment. Et chacun essaie de faire comme si le président Trump avait dit des paroles en l'air. Le spin le plus en vogue entre le matin de la seconde journée est 'ce qui est écrit est écrit (la déclaration), le reste n'est que de la communication. Une erreur profonde.
C'est mal connaître le président américain qui, vexé, de voir sa volonté remise en cause ainsi, en remet une couche de façon irrémédiable. Trump secoue l’Alliance. Une fêlure sérieuse, mais la cassure est évitée
Sommet de l’OTAN : Trump, ses diatribes, ses tweets (V3)
Dans l'attente du 'vrai' sommet ?
Pour autant, le sommet de l'OTAN n'est qu'un hors d'œuvre face à l'entrevue entre les deux 'grands', Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki lundi (16 juillet). Une rencontre à haut risque. Le président américain parait déterminé à renouer avec la Russie. Ce qui est contraire à la position tenue par l'OTAN depuis 2014. Des garde-fous ont bien été posés lors du sommet, mercredi et jeudi (11 et 12 juillet). Tiendront-ils ? L’OTAN tente de cadrer Trump avant sa rencontre avec Poutine à Helsinki. Le garde-fou posé tiendra-il ?
Les Européens se défendent
Chacun à sa manière réagit. Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a dégainé une panoplie de chiffres pour montrer l'engagement européen en matière de budget de défense. Lire : Jens Stoltenberg en gardien de but des alliés, face à Trump. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, y est allé plus directement, soulignant que Trump se trompe de cible et d'ennemi, en préférant la Russie aux Européens.
Quand Donald II (Tusk) rappelle à Donald Ier (Trump) quelques vérités
Les Européens s'évertuent à montrer qu'ils avancent. Et c'est vrai. Les décisions engagées, notamment la coopération structurée permanente, comme la mise en place d'un programme de recherche de défense et d'un programme de développement industriel pour 2019-2020 (rassemblés après 2021 dans le cadre du Fonds européen de défense), le prouvent.
(Nicolas Gros-Verheyde,
et toute l'équipe de B2 sur le pont lors du sommet de l'OTAN : Olivier Jehin, Leonor Hubaut, Aurélie Pugnet st., avec dans les 'backstages' Emmanuelle Stroesser et Romain Mielcarek)
Documents adoptés :
- la déclaration finale longue de près de 80 paragraphes, traitant tous les sujets (version FR / ENG)
- la déclaration sur la sécurité et la solidarité transatlantiques (version FR / ENG)
- Déclaration du président sur l'Ukraine (FR/ENG)
- Déclaration de la commission OTAN-Géorgie (FR/ENG)
- Déclaration sur l'Afghanistan et l'opération Resolute Support (FR / ENG)
Autres documents à télécharger :
- le communiqué statistique sur les dépenses de défense FRA / ENG (source : OTAN)
- ou le fichier Excel résumant toutes les statistiques
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Papier publié dans une première version le 11 juillet, mis à jour durant le sommet de l'Alliance (V2) avec les différents points adoptés, les déclarations et les articles publiés, restructuré le 15 juillet (V3), complété et renotifié avec tous les points (V4)