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Le Parlement européen siège en session plenière pour l'élection de son président le 3 juillet (Crédit : PE/Marc DOSSMANN)
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Les 14 vice-présidents du Parlement désignés. L’extrême droite contournée n’aura pas d’élu au siège présidentiel

(B2) Dans la foulée de l'élection de son président David-Maria Sassoli, le Parlement européen a désigné ses 14 vice-présidents, 7 femmes, 7 hommes. Trois tours ont été nécessaires : 11 ont été élus au premier, 2 au suivant, 1 au troisième. La règle d'Hondt a légèrement été contournée pour éviter de désigner un représentant de l'extrême-droite

Du monde au balcon pour la session plénière du Parlement qui élit son président (Crédit : PE/Genevieve ENGEL)

La nécessité d'éviter de donner toute visibilité ou rôle important à l'extrême-droite et à leurs dérapages récents semble avoir joué sur d'autres considérations. Si un vice-président n'a pas vraiment d'influence sur le cours de la vie politique et législative du Parlement, il a un rôle symbolique très important. Un vice-président préside régulièrement les plénières du Parlement européen à Strasbourg, assurant la distribution de la parole aux différents groupes. Il représente aussi cette instance à l'extérieur, notamment lors des visites à l'étranger. Le premier vice-président peut remplacer le président du Parlement européen dans certaines cérémonies ou instances quand ce dernier est empêché.

Les vice-présidents

La répartition suit la logique politique du Parlement, avec un partage des postes entre les quatre partis de la majorité parlementaire (Parti populaire européen, Sociaux et démocrates, Centristres de Renew Europe et écologistes), de façon quasi proportionnelle à leur importance numérique. A une exception près : le groupe I&D (Identité et Démocratie) n'obtient aucun élu au profit de la GUE et des Non inscrits (cf. ci-dessous).

Cinq vice-présidents chrétiens-démocrates du PPE :

  • l'Irlandaise Mairead McGUINNESS (618 voix, 1er tour), 1ère vice-présidente ;
  • l'Allemand Rainer WIELAND (516 voix, 1er tour) ;
  • l'Autrichien Othmar KARAS (477 voix, 1er tour) ;
  • la Polonaise Ewa Bożena KOPACZ, ancienne Première ministre (PO, 461 voix, 1er tour) ;
  • la Hongroise Lívia JÁRÓKA (349 voix, 1er tour).

Trois vice-présidents socio-démocrates (S&D) :

  • le Portugais Pedro SILVA PEREIRA (556 voix, 1er tour) ;
  • l'Allemande Katarina BARLEY (516 voix, 1er tour) ;
  • la Hongroise Klara DOBREV (402 voix, 1er tour).

Deux vice-présidents centristes libéraux (RE) :

  • la Tchèque Dita CHARANZOVÁ (395 voix, 1er tour) ;
  • l'Allemande Nicola BEER (363 voix, 1er tour).

Deux vice-présidents verts (Verts/ALE) :

  • la Finlandaise Heidi HAUTALA (336 voix, 1er tour) ;
  • le Tchèque Marcel KOLAJA, membre du parti Pirate (426 voix, 2e tour).

Un vice-président de gauche (GUE) :

  • le Grec Dimitrios PAPADIMOULIS (401 voix, 2e tour).

Un vice-président non-inscrit du Mouvement 5 Etoiles (ex EFDD), élu au 3e tour :

  • l'Italien Fabio Massimo CASTALDO (248 voix, 3e tour)

Pas de candidat d'extrême droite

Les candidats nationalistes du groupe I&D — Laura HUHTASAARI (Vrais Finlandais) et Mara BIZZOTTO (Ligue du Nord) — n'ont pas été élus. Ils ont certes réussi à fédérer des voix au-delà de leur groupe, recueillant respectivement 135 voix et 130 voix au premier tour, 142 voix au second pour Mara BIZZOTTO. Mais le score demeure insuffisant pour avoir un représentant à la tribune du Parlement. Le 'cordon sanitaire' mis en place par les autres groupes du Parlement a donc tenu.

Une exception à la règle d'Hondt pour la GUE et les Non-Inscrits

La règle d'Hondt (d'attribution des postes à la proportionnelle) n'a pas été totalement respectée. A la place des sièges qui auraient pu être obtenus par l'extrême-droite, c'est un Grec de Syriza (Gauche unie européenne) qui a été élu (au second tour) ainsi qu'un Italien du parti de Luigi Di Maio.

Un 5 étoiles élu

Un responsable du Mouvement 5 étoiles au Parlement européen a réussi à être élu, franchissant le cap du troisième tour, recueillant le score suffisant 284 suffrages. Ce qui n'avait été le cas sous la législature précédente. Le candidat du groupe conservateur (ECR), le Polonais du PiS, Zdzisław KRASNODĘBSKI a échoué, lui, recueillant au second tour uniquement 261 voix. En 2014, cela avait été une situation presque symétriquement inverse : le Polonais du PiS, Ryszard CZARNECKI, faisant partie du groupe conservateur (ECR), avait été élu par 284 voix au 3e tour aux dépens de l'Italien '5 Etoiles', qui était déjà Fabio Massimo Castalado (EFDD).

Une domination germanique et de l'Est et une parité

Côté nationalités, on peut noter trois Allemands et 1 Autrichien, et cinq eurodéputés de l'Est (2 Hongrois, 2 Tchèques, 1 Polonais). Aucun Français et aucun Belge n'a été élu (ni ne s'était présenté). Ce qui témoigne sans doute d'une certaine volonté de ces groupes. Enfin, notons que l'équilibre femmes-hommes est strictement respecté avec 7 femmes et 7 hommes.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Télécharger le communiqué du Parlement sur l'élection des vice-présidents

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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