Les combattants étrangers en Syrie : combien sont-ils ? D’où viennent-ils ?
(B2) La récente offensive de la Turquie en Syrie a remis la question des combattants 'étrangers' en haut de l'actualité. Combien sont-ils exactement ? La question est encore plus cruciale aujourd'hui qu'hier...
1200 Européens détenus
Il y aurait donc au moins 1200 Européens — dont une majorité d'enfants — actuellement détenus en Syrie et en Irak. Une large majorité (90%) se trouveraient en Syrie, selon Thomas Renard et Rik Coolsaet, deux chercheurs de l'Institut Egmont, qui ont compilé les chiffres des Européens détenus en 2019 avant l'offensive turque. Sur les 28 pays de l'UE, 11 sont présents dans l'estimation.
Un sur trois est Français
En tête des pays européens, figure la France (avec 130 adultes et 270 à 320 mineurs) suivie plus loin par l'Allemagne (avec 124 adultes et 138 mineurs), qui représentent à eux deux 60% des détenus identifiés. Puis suivent la Belgique (57 adultes et 69 mineurs), les Pays-Bas (50 adultes et 90 mineurs) et la Suède (31 à 45 adultes et 57 mineurs). Ce qui, proportionnellement à leur population, est plus élevé que pour les deux premiers. On peut remarquer une particularité française : le nombre d'enfants (ou d'adolescents) est très important à raison de 2 ou 3 par adulte détenu. Ce qui n'est pas vraiment observé pour les autres nationalités.
Des chiffres sous-estimés
Toutefois, pour certains pays les chiffres semblent très sous-estimés ou plutôt sous-rapportés. Cela est particulièrement le cas pour le Royaume-Uni mais aussi pour le Danemark et l'Autriche. Les raisons pour une telle difficulté à recueillir des chiffres exacts et la tendance à la sous-estimation sont nombreuses: « manque d'information, exclusion des combattants avec double nationalité, citoyenneté révoquée ou statut incertain ». Par exemple, des sources de sécurité britanniques estiment à environ 30 le nombre de Britanniques détenus selon le quotidien The Guardian. Chiffre encore sous-estimé du fait que « le Royaume-Uni a, en grande partie, mené une politique qui consiste à les ignorer », ne leur accordant pas de protection consulaire.
(Clara Gantelet, st.)
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