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Défense, diplomatie, crises, pouvoirs

(crédit : Elysée)
Gouvernements

[Portrait] Macron remanie son gouvernement. Le Drian et Parly restent à la barre (v2)

(B2) Le nouveau gouvernement français dirigé par Jean Castex vient d'être annoncé, avec des changements limités dans les postes régaliens extérieurs. C'est surtout l'axe Intérieur-Justice qui bouge

(crédit : Elysée)

Après la défaite de son parti La République en Marche (LaREM) aux élections municipales, le président français Emmanuel Macron a décidé de changer de Premier ministre et de remanier le gouvernement. La liste des quelques 30 ministres et ministres délégués a été annoncée lundi (6 juillet) en fin de journée. Les secrétaires d'État le seront dans les prochains jours.

Les nouveaux entrants

Jean Castex (ex-LR), Premier ministre

(crédit : gouvernement FR)

Réputé proche de Nicolas Sarkozy, Jean Castex a été nommé en remplacement de Édouard Philippe vendredi (3 juillet). Diplômé de l'ENA (promotion Victor Hugo - 1991), d'une maîtrise en droit public (1987) et de Sciences Po Paris (1986), il était maire de Prades (petite ville des Pyrénées orientales) depuis 2008.

En 1999, il prend le poste de secrétaire général de la préfecture du Vaucluse et de sous-préfet chargé de la politique de la ville. Il partira ensuite dans l'est de la France pour devenir président de la chambre régionale des comptes d’Alsace, où il restera trois ans (2001-2004). Après cela débutera sa spécialisation dans la santé. Il devient le directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (2004-2006), avant de prendre la direction du cabinet de Xavier Bertrand, ministre de la Santé puis du Travail, de 2006 à 2008 (durant la présidence française de l'UE).

Il rejoint ensuite l'Élysée, au sein du cabinet du président Nicolas Sarkozy. D'abord comme conseiller aux affaires sociales (nov. 2010 - fév. 2011), puis très rapidement comme secrétaire général adjoint de l'Élysée (jusqu'à mai 2012). Il retournera à ce moment là auprès des chiffres : il devient Conseiller Maître à la Cour des comptes de 2012 à 2017. Suite à cela, il se tournera vers le sport, en se penchant sur l'organisation des Jeux Olympiques de Paris comme délégué interministériel, puis de délégué interministériel aux grands événements sportifs (2018) et président de l’Agence Nationale du Sport (2019). Mais c'est lors du confinement de 2020 qu'il se fait connaître (un peu) du grand public, et marque son retour sur la scène nationale. Au printemps 2020, Jean Castex prend le rôle de 'Monsieur déconfinement', soit le coordinateur interministériel pour la stratégie de déconfinement.

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Éric Dupond-Moretti à la Justice 

(crédit : cabinet Dupond Moretti-Vey)

Né en 1961, fils d'ouvrier métallurgiste et de femme de ménage, Éric Dupond-Moretti a la double nationalité, franco-italienne. Ses passions (la chasse et la corrida) sont à l'image de l'homme, controversées. Entier, il refuse la légion d'honneur qui lui est décernée en 2013.

Célèbre avocat pénaliste, c'est le nouveau garde des Sceaux et ministre de la Justice, remplaçant de Nicole Belloubet. Éric Dupond-Moretti a endossé la robe d'avocat en 1984. Figure médiatique, on l'associe aux grands noms des affaires pénales françaises. Celui que certains surnomment « acquittator », a commencé sa carrière dans les prud'hommes, puis dans les commissions d'office avant d'enchaîner sur les plaidoiries en pénal. En 1993, il a défendu le footballeur de Valenciennes Jacques Glassmann, dans l'affaire VA-OM. Il se fera connaitre par l'affaire d'Outreau, en 2004. Deux ans plus tard, il défend Jean Castela, considéré comme le commanditaire de l'assassinat du préfet de Corse Claude Érignac. En 2009, c'est le courtier de Jérôme Kerviel, dans l'affaire de la Société générale. Il défendra l'homme d'affaires Bernard Tapie, l'ancien ministre Jérôme Cahuzac, le couple Balkany ou encore Alexandre Djouhri dans le cadre de l'affaire Sarkozy-Kadhafi, et le frère de Mohamed Merah. Il a, en 2020, intégré l'équipe internationale de défense de Julian Assange, le fondateur de Wikileaks. En 2019, il a commencé à faire du théâtre, seul en scène dans Éric Dupond-Moretti à la barre.

Ceux qui restent 

Florence Parly (ex PS) aux Armées

(Crédit : SNCF)

Née en 1963, haute fonctionnaire passée par l'ENA (promotion Fernand Braudel - 1985), Florence Parly intègre en 1987 la direction du budget au ministère de l'Économie et des Finances, et contribue à la mise en place technique du Revenu minimum d'insertion (RMI). Elle le quitte en 1991 pour devenir conseillère budgétaire du ministre socialiste Paul Quilès. Elle passe ensuite par les cabinets ministériels de Michel Rocard et Pierre Bérégovoy, puis fait un retour à la direction du budget. En 1995, elle adhère au Parti socialiste et intègre, en 1997, le cabinet de Lionel Jospin traitant des questions budgétaires. Elle est promue secrétaire d'État au Budget en 2000. Elle n'a que 37 ans. Après la chute de la gauche en 2002, elle s'essaie à la politique locale, et se présente aux élections législatives dans l'Yonne. Peine perdue. Florence Parly effectue alors un passage au conseil régional de Bourgogne comme vice-présidente, et dirige également l'Agence régionale de développement d'Ile-de-France.

En 2006, elle commence sa carrière dans le privé, à Air France, où pendant huit ans (2006-2014), elle gravit les échelons. Le groupe lui confiera la direction du cargo, la branche dont les pertes sont les plus lourdes. Pendant quatre ans, elle enchaîne les plans de restructuration. Son franc parler et sa diplomatie permettent de faire fonctionner le dialogue social. En 2014, comme directrice générale adjointe, en charge du court et moyen-courrier, elle quitte l'entreprise, après plusieurs désaccord sur des choix stratégiques. Elle rejoint la SNCF, en charge de la stratégie et des finances du groupe. Depuis 2016, elle était directrice générale de SNCF Voyageurs. Elle est nommée en juin 2017 comme ministre de la Défense, après la démission de Sylvie Goulard, sur l'affaire des assistants parlementaires du Modem.

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Jean-Yves Le Drian (ex PS) à l'Europe et aux Affaires étrangères

(crédit : CUE)

Né à Lorient en 1947,  Jean-Yves le Drian a été un fidèle de l'ancien président François Hollande (PS) et l'un de ceux qui a rejoint Emmanuel Macron, conseillant dans l'ombre celui qui n'était encore que candidat à la présidentielle, et mettant à sa disposition ses réseaux. En 2017, il quitte donc l'hôtel de Brienne, siège du ministère de la Défense, où il a fait un mandat ininterrompu de cinq ans, bien pleins et actifs, pour le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Au niveau européen, c'est un des promoteurs de la réalisation du projet de l'Europe de la défense. Après les attentats de novembre 2015, il est le principal instigateur de l'activation de la clause de solidarité européenne, le 42-7. Il appelle les Européens à prendre leur part de l'effort. « La France ne peut tout faire » argumente Jean-Yves Le Drian. « Être à la fois dans le Sahel, être à la fois dans la République Centrafricaine, être au Liban et être dans l'intervention et des ripostes sur le Levant et en plus d'assurer par ses propres forces la sécurité du territoire national. »

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Ceux qui changent de poste

Clément Beaune (LREM), Secrétaire d'État aux Affaires européennes 

(crédit : ministère de l'action et des comptes publics)

Il était depuis 2017 conseiller spécial Europe de Emmanuel Macron à l'Élysée, il remplace désormais Amélie de Montchalin. Diplômé du triptyque Sciences Po Paris (2000-2004), Collège d'Europe (collège de Bruges) en European administration and politics (2004-2005, promotion Montesquieu) et École nationale d'administration (2007-2009, promotion Willy Brandt), Clément Beaune fait carrière entre Europe et budget. Avant de finir ses études à l'ENA, il passe cinq mois à Londres, au ministère des Finances, au sein de la European Union finance Team. Il continue sur sa lancée dans les chiffres. Il passera trois ans à la Direction du budget, d'abord comme adjoint au chef du bureau des lois de finances puis du bureau de la recherche et de l'enseignement supérieur.

Après ça, il part pour Matignon, au cabinet du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, entre 2012 et 2014 il sera conseiller technique au Budget. Il déménage ensuite au ministère de l'Économie, au poste de  conseiller affaires européennes et budgétaires, au cabinet de la secrétaire d'Etat chargé de l'Économie, Carole Delga. C'est un retour aux sources, alliant Europe et chiffres. Il demeurera à Bercy auprès de Emmanuel Macron, alors ministre, comme conseiller chargé des affaires européennes, internationales et financières. Un bref détour par le privé suit (2016-2017) : il est adjoint au directeur général d'ADP Management (anciennement les Aéroports de Paris). Lorsque Emmanuel Macron devient président en mai 2017, Clément Beaune le suit à l'Élysée. Il prend le rôle de conseiller Europe er G20, avant de devenir son conseiller spécial, Europe.

Gérald Darmanin (LREM, ex LR) à l'Intérieur

(crédit : Droits réservés, fils twitter)

Né en 1982, il a été réélu maire de Tourcoing (Nord) la semaine dernière. Ancien Sarkozyste, il a quitté Les Républicains (LR) pour La République en Marche en 2017 après être devenu ministre de l'Action et des comptes publics. Il remplace aujourd'hui à l'Intérieur, Christophe Castaner.

Juriste et diplômé de l'Institut d'études politiques de Lille (2007), il a commencé comme collaborateur de Jacques Toubon (député européen) en 2005. Il devient chef de cabinet de David Douillet au secrétariat d’État chargé des Français de l’étranger, puis son directeur de cabinet au ministère des Sports. Il enchaine par une carrière politique. Il décroche son premier mandat d'élu local un an plus tard, en 2008, à Tourcoing, en tant que conseiller municipal. Il enchaine les postes de conseiller de la métropole européenne de Lille (2008), de conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais (2010) et député du Nord (2012). En 2014, il devient maire de Tourcoing, et 4è vice président de la région.

Il reste sous le coup d'une instruction pour viol, harcèlement sexuel et abus de confiance, après un appel de la plaignante jugé recevable le 9 juin 2020, sur le non lieu prononcé en 2018.

Et aussi

Bruno Le Maire reste ministre de l'Économie, chargé des finances, mais récupère également 'la relance'. Parmi les ministres délégués, notons également le maintien de Geneviève Darrieussecq qui acquiert le titre de ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants. Marlène Schiappa (ex secrétaire d'État à l'égalité femmes-hommes) devient ministre déléguée auprès du ministère de l'Intérieur chargé de la Citoyenneté. Tandis que Franck Riester (ex ministre de la Culture) passe au Commerce extérieur. Autre jeu de chaise pour Amélie de Montchalin qui monte en grade, en passant de secrétaire d'État aux affaires européennes à ministre de la Transformation et de la fonction publique.

À noter enfin le retour en politique d'une ancienne eurodéputée (2004-2007) Roselyne Bachelot (ex UMP), nommée à la Culture.

(Emmanuelle Stroesser, avec NGV et AP)

Article mis à jour le 27 juillet, avec le portrait de Clément Beaune suite à sa nomination

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