(B2) Formé non sans peine, le nouveau gouvernement De Croo a créé la surprise en propulsant trois femmes aux trois postes régaliens, souvent réservés à des hommes. Une première en Belgique
Le nouveau gouvernement fédéral belge autour du Roi Philippe (crédit : la monarchie belge)
Après 16 mois de négociation, une coalition dite 'Vivaldi' a pu se mettre en place le 1er octobre (communiqué) rassemblant sous la houlette d'Alexander De Croo (Open VLD), sept partis du nord et du sud du pays (PS, sp.a, MR, Open Vld, Ecolo, Groen, CD&V), sans donc le CDH et la N-VA et le Vlaams Belang.
On parle d'une coalition 'Vivaldi' car elle rassemble les couleurs des quatre saisons : le vert des Ecolos (printemps), le bleu des Libéraux (hiver), l'orange des chrétiens-démocrates (automne) et le rouge des Socialistes (été).
Sophie Wilmès, qui a assuré l'intérim gouvernemental, reste au gouvernement mais comme ministre des Affaires étrangères et européennes (remplaçant Philippe Goffin).
Affaires étrangères : Sophie Wilmès (MR)
Nommée à la tête de la diplomatie belge, l'ancienne Première ministre de 45 ans est également en charge des Affaires européennes, du Commerce extérieur et des institutions biculturelles.
Une spécialiste de la communication
Sophie Wilmès au Conseil européen (crédit : Conseil de l'UE)
Née en 1975, à Ixelles, diplômée de l'IHECS en communication, stagiaire blue book à la Commission européenne, Sophie s'engage vite en politique suivant les traces familiales lors des élections communales de 2000.
Plusieurs fois ministres
Ministre suppléante de Didier Reynders à la Chambre des députés en 2014, elle devient ministre du Budget en 2015 (dans le gouvernement Michel), puis de la Fonction publique chargée de la Politique scientifique (en 2018). Elle se révèle aux yeux du grand public en reprenant les rênes du gouvernement (du 27 octobre 2019 au 1er octobre 2020), après le départ de Charles Michel pour la présidence du Conseil européen. Elle doit notamment gérer la crise du coronavirus et s'arroger des pouvoirs spéciaux dans une Belgique traumatisée par l'épidémie.
Une ambition de liberté
Son leitmotiv reste cependant le libéralisme comme elle l'explique sur son site ou LinkedIn : « Je souhaite vivre librement dans un environnement où les droits de chacun sont respectés. Avec un mari australien et des enfants scolarisés en néerlandais, je suis la première à chérir la diversité linguistique et culturelle, une richesse pour la Belgique. » Une diversité qu'elle entend préserver, même si son néerlandais n'est pas aussi fluide qu'une native de Flandre (interview sur Radio 1).
Défense : Ludivine Dedonder (PS)
Deuxième jour en tant que ministre de la Défense (crédit : Facebook de Ludivine Dedonder)
Née en 1977 à Tournai, ingénieure commerciale de formation (HEC Liège), Ludivine Dedonder débute sa carrière en tant que présentatrice radio en 2000 à la RTBF. Petite-fille d’un buteur du Racing de Tournai, elle rejoint rapidement (en 2001) les bancs du service des sports sur la RTBF, puis le journal des sports sur NoTélé en 2002.
Des débuts en politique aux côtés de Daerden
En 2002, elle devient conseillère au cabinet du ministre wallon, Michel Daerden (chargé du Budget), un des piliers du PS francophone. Quatre ans plus tard, elle devient conseillère communale à Tournai. En 2014, elle reprend la présidence d'Ipalle (l’intercommunale de gestion de l’environnement en Wallonie picarde et dans le Sud-Hainaut). Elle reste à ce poste jusqu’en 2019.
L. Dedonder participe cette même année aux élections fédérales et atteint la deuxième place sur la liste Parti socialiste (PS). Cela lui permet d’obtenir un siège à la Chambre des représentants en juin 2019. Elle intervient en commission de l'Intérieur et notamment dans les questions du tourisme et du commerce, défend les congés de maternité, la protection sociale des artistes et l’allégement de frais pour l’Horeca (hôtels, restaurants, cafés-bars), mais aussi en commission de l'intérieur sur les questions de zone de police.
Sans expérience en Défense ?
À 43 ans, la Tournaisienne ne s’attarde pas longtemps dans l'hémicycle. Le 1er octobre elle est nommée ministre et rejoint le gouvernement fédéral d'Alexander de Croo (Open VLD), la première femme à occuper ce poste en Belgique. Sans grande connaissance apparente sur le terrain de la Défense, la ministre ne se laisse pas pour autant démonter. Elle compte bien montrer qu’elle est capable de remplir ses fonctions : « Je suis une travailleuse et c’est ce que je vais vous démontrer je l’espère ».
Maman d’un garçon, elle est la compagne du bourgmestre de Tournai, Paul-Olivier Delannois.
Intérieur : Annelies Verlinden (CD&V)
Annelies Verlinden (crédit : Belgium.be)
Agée de 42 ans, (elle est née en septembre 1978 à Merksem), la nouvelle ministre de l'Intérieur, Annelies Verlinden, construit sa carrière dans le juridique. Avec une formation en droit (Université de Louvain), et un passage en école de business à Harvard (leadership program), elle entre en 2002 en tant qu’avocate dans le prestigieux cabinet DLA Piper, spécialisé en affaires internationales. Elle y restera jusqu'à sa nomination, jeudi 1er octobre.
Aux Jeunes C&D
En parallèle, elle est vice-présidente des Jeunes CD&V (2005-2009) et conseillère municipale de Schoten (2003-2012). En dehors de la politique, elle s'est également investie comme membre du comité des fonds propres du Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers (2016-2019).
Peu expérimentée mais motivée
Peu expérimentée en politique, elle prévient : « Je vais d'abord étudier cent jours. Et l'intention est que vous n'entendiez pas beaucoup parler de moi. Je ne parlerai pas tant que je n'aurai pas formé mon idée et si cela a une valeur ajoutée » indique-t-elle sur Radio 1.
Alexander De Croo au Conseil (1.10.20) (crédit : Conseil de l'UE)
Agé de 45 ans (et né en 1975 à Vilvorde), Alexander de Croo est un ingénieur commercial de formation. De 1999 à 2006, il est consultant stratégique. Il crée sa société en 2006 de consultant dans les droits de propriété intellectuelle.
En décembre 2009, il fait ses premiers pas dans la sphère politique. Il est élu président de l’Open Vld succédant à Guy Verhofstadt, qui devient président de l'ADLE au parlement européen (en juin 2019). Il devient vice-premier ministre et ministre des Pensions (en 2012), puis vice-premier ministre et ministre de la Coopération au développement, de l’Agenda numérique, des Télécoms et de la Poste au sein du premier gouvernement Michel (en 2014).
De 2019 à 2020, Alexander De Croo est vice-premier ministre et ministre des Finances, chargé de la Lutte contre la fraude fiscale, et ministre de la Coopération au développement.
Jeudi 1er (octobre), il prend la place de Sophie Wilmès en tant que premier ministre.
