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SEAE - Haut représentant

[Portrait] Un Italien prend la tête du service diplomatique européen (SEAE)

(B2) Stefano Sannino officiera dès le 1er janvier comme secrétaire général du service européen pour l'action extérieure. Le poste le plus important de la hiérarchie diplomatique européenne... après le Haut représentant de l'Union européenne

S. Sannino lors de la conférence sur le partenariat futur avec les pays ACP (crédit : Commission européenne; 12 juin 2020/ archives B2)
  • Le Haut représentant Josep Borrell n'a pas traîné à annoncer sa nomination, dans un communiqué publié peu de temps après la confirmation publique de la désignation à la tête de l'OSCE de l'actuelle titulaire du poste, Helga Schmid.
  • Le renouvellement était, de toute façon, prévu. Le contrat de l'actuelle secrétaire générale se terminait, après presque dix ans passés à la tête du SEAE, d'abord comme secrétaire générale adjointe/directeur politique (depuis la création du SEAE en 2011), puis comme secrétaire générale (depuis septembre 2016).
  • C'est le quatrième dirigeant du SEAE depuis sa création, après deux Français (Pierre Vimont et Alain Le Roy) et une Allemande (Helga Schmid).

Le directeur du SEAE pour la prochaine décennie

Le Haut représentant de l'UE a d'ailleurs tenu à d'abord remercier la partante « pour les remarquables réalisations qu'elle a accomplies et pour avoir fait du SEAE ce qu'il est aujourd'hui. Sa contribution à l'action globale de l'Union européenne est sans égale ». Et a aussitôt souhaité la bienvenue au nouveau secrétaire général. Stefano Sannino « apporte avec lui une longue et riche expérience de la diplomatie européenne ». « Je ne peux pas penser à un meilleur candidat pour diriger le SEAE dans sa deuxième décennie »Cette décision entre en vigueur le 1er janvier 2021.

En bonne affinité avec Josep Borrell

Sannino ne débarque pas de nulle part. Peu après la nomination de Josep Borrell, en février dernier, il est nommé secrétaire général adjoint du SEAE pour les questions économiques et mondiales. À ce titre, il suit notamment de près les négociations délicates sur l'accord Post-Cotonou avec les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique). Auparavant, il a été ambassadeur d'Italie en Espagne, quand Josep Borrell — l'actuel Haut représentant — était ministre des Affaires étrangères. Ce qui a permis aux deux hommes, qui partagent certaines convictions, de se connaitre et de s'apprécier.

Un bon connaisseur de l'arène bruxelloise

Il a aussi été le représentant permanent de l'Italie auprès de l'Union européenne, de 2013 à 2016. Période intense qui a vu se dérouler la présidence italienne de l'Union européenne (au second semestre 2014), la première crise générale d'immigration qui a atteint de plein fouet le sud de l'Europe, et une nouvelle vague d'attentats terroristes. À ce poste, il a aussi été un des artisans de la propulsion de nombreux Italiens à des postes clés du SEAE ou de la Commission européenne, préparant de main de maitre l'arrivée au poste de Haut représentant de sa compatriote, Federica Mogherini (lire : L’audition de Federica Mogherini. La victoire de la squadra Azurra).

Un fidèle de Prodi

Stefano a rejoint la Commission européenne en 2002, en tant que conseiller pour les relations extérieures et le commerce au sein du cabinet du président Romano Prodi. Il était son représentant (sherpa) au G8. En 2005, à la fin du mandat de l'Italien, il passe à la direction-générale des Relations extérieures (DG RELEX, l'ancêtre du SEAE), comme directeur pour la gestion de crises, et représentant au comité politique et de sécurité (COPS) (2004-2006). En 2006, il ne résiste pas à l'appel de Rome et revient auprès de son mentor, Romano Prodi, devenu Premier ministre italien à la faveur d'élections emportées par le centre gauche, comme conseiller principal pour les affaires européennes et internationales.

DG Relex et Élargissement

En 2008, à la fin de la période de gouvernement, et avec le retour de Berlusconi au pouvoir, il revient à la Commission européenne en tant que directeur pour l'Amérique latine à la DG RELEX. Il est nommé un an plus tard, en 2009, directeur général adjoint à la DG RELEX, en charge de l'Asie et de l'Amérique latine. Il passe, en 2010, directeur général adjoint de la DG Élargissement. Il ne rejoint pas le SEAE à sa création en 2011 (n'ayant pas été recompensé pour ses efforts importants) et préfère revenir à sa carrière diplomatique italienne.

Les premières armes dans les Balkans

Avant sa carrière à la Commission européenne, S. Sannino a occupé différents postes au sein du ministère italien des Affaires étrangères et du ministère du Commerce extérieur. Il a notamment passé « l'épreuve des Balkans », qui reste un des points clés de la carrière de tout bon diplomate européen qui se respecte. Il a été ainsi chef adjoint de l'ambassade à Belgrade (Serbie-RF Yougoslavie) de 1993 à 1995 et chef de mission pour l'OSCE entre 2001 et 2002 auprès de la République fédérale de Yougoslavie. Il a également été chef de cabinet du ministre du Commerce extérieur Piero Fassino (Démocrates de gauche) de 1998 à 2001.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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