[Portrait] Une femme prend la tête de la mission EUCAP Sahel Niger (v3)

(B2) L'Allemande Antje Pittelkau va diriger la mission de renforcement des forces de sécurité intérieure du Niger à compter du 16 janvier

Cette nomination a été approuvée par le COPS mardi (15.12), mais officialisée tardivement par publication au journal officiel le 12 janvier. Quelques jours juste avant la prise de fonction.

Une bonne connaisseuse de la mission

Officier supérieur de la police allemande, Antje Pittelkau remplace son homologue Belge Frank Van Der Mueren. Ce n'est pas une novice dans la fonction. Elle était jusqu'à présent la numéro 2 de la mission, et a même exercé par intérim la fonction de chef de mission (avant la nomination du Belge). Elle a aussi assuré la coordination du projet de compagnie mobile de contrôle des frontières (CMCF) .

De Berlin à Kaboul en passant par Bruxelles

Antje a commencé sa carrière il y a 34 ans dans la police berlinoise. Après avoir oeuvré dans la police judiciaire et la police de la voie publique (Schupo), elle travaille dans l'administration du Sénat (ministère de l'Intérieur de Berlin). Chef de cabinet du ministre, mais aussi chef de département pour  le terrorisme islamiste et l'extrémisme étranger, elle passe ensuite à Bruxelles au sein du commandement des missions civiles (CPCC) et Kaboul (Afghanistan) en tant que conseiller du ministre de l'intérieur. Elle a depuis 2018 le garde de 'commissaire général'.

Commentaire : une nomination juste à point

Cette décision n'est pas tout à fait le fruit du hasard. Outre les compétences de l'intéressée, elle vient remplir deux 'cases' nécessaires, en matière d'équilibre hommes-femmes comme géographique.

Une féminisation des missions de police

Cette nomination est la deuxième en quelques mois consacrant une femme à la tête d'une mission de soutien aux forces de sécurité intérieure, après la désignation de Nataliya Apostolova en octobre à la tête d'EUPOL Copps (lire : Une Bulgare, novice tout terrain, va prendre la tête d’EUPOL Copps). Un point qui n'est pas négligeable et vient répondre (en partie) aux critiques du Parlement européen, comme de la Cour de justice de l'UE (lire : Délégations de l’UE. Le SEAE condamné définitivement pour rupture de l’égalité hommes – femmes).

Une mission à risques

Du point de vue des charges, cette promotion est cependant bien plus significative de par l'importance de EUCAP Sahel Niger (budget, personnel...) dans la stratégie européenne de sécurité (le Sahel ayant été désigné comme une priorité numéro 1), comme son exposition au risque, son aridité (désert, chaleur) et son étendue géographique. Entre Niamey et Agadez, les deux points d'implantation de la mission, il y a près de 900 km de distance.

Un subtil équilibre géographique interne

Cette décision vient aussi parfaire l'équilibre politico-géographique interne entre les États membres de l'Union européenne dans les deux pays (Mali, Niger). On a ainsi au Mali, un Français Hervé Flahaut (EUCAP Sahel Mali), un Espagnol Gracia Herreiz (EUTM Mali), un Belge Bart Ouvry (délégation de l'UE) et, au Niger, une Roumaine Denisa-Elena Ionete (délégation de l'UE), avec un Portugais Angel Losada (représentant spécial de l'UE) et un/e Italien/ne attendu/e à la tête d'EUBAM Libya.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Brève publiée dans le Carnet 16.12.2020, mise à jour et complétée (notamment les commentaires) après publication au JO