Le général Philippe Lavigne sera le prochain commandant allié Transformation de l’OTAN
(B2) La tradition est préservée. L'actuel chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace français va prendre le chemin de Norfolk en septembre. Destination : le commandant suprême allié Transformation, alias ACT, le troisième poste en importance de l'Alliance Atlantique
- Le Conseil de l'Atlantique a approuvé vendredi (28 mai) la nomination du général Philippe Lavigne. Il succédera à son compatriote, André Lanata.
- Après la réintégration de la France dans l'OTAN, il avait été convenu qu'un Français occuperait le poste de commandant suprême allié Transformation. Le général Abrial avait été ainsi le premier Français à occuper le poste en 2009, succédant au général James Mattis. Depuis, la tradition a été préservée, tant au niveau de l'OTAN que de la France, faisant de ce poste, une évolution naturelle de carrière pour un chef d'état-major de l'armée de l'Air.
- La passation des fonctions aura lieu à Norfolk (Virginie), en septembre prochain.
Sur Mirage 2000, entre Irak et ex-Yougoslavie
Né en Dordogne, à Bergerac, en 1965, Philippe Lavigne a suivi un parcours militaire typique. Il passe d'abord son baccalauréat en 1985 au Prytanée La Flèche (un des six lycées militaires français) pour intégrer la même année l'école de l'air à Salon de Provence. Son brevet de pilote de chasse en poche, il commence à servir sur Mirage 2000 comme pilote de défense aérien au sein de l'escadron de chasse 3/2 Alsace. Il est engagé dans les opérations du début des années 1990 en Irak et en ex-Yougoslavie, totalisant quelque 2850 heures de vol et 46 missions de guerre.
À la planification au CPCO
Après un passage au collège interarmées de défense (actuellement l’École de guerre), il prend en 2001 le commandement de l’escadron de chasse 1/5 'Vendée', basé à Orange, puis est affecté, de 2003 à 2005, au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) en tant qu'expert air de la planification stratégique. Il participe ainsi à l'organisation de l'opération Carbet (maintien de la paix en Haïti en 2004) et à l'opération Béryx mise en place face au Tsunami d'Asie en décembre 2004.
État-major de l'armée de l'air
Il rejoint ensuite l’état-major de l’Armée de l’air. Il est notamment chargé de la conduite des questions spatiales, mais aussi du projet européen d’entraînement des pilotes de chasse et des structures de simulation avec plusieurs nations européennes. Et après le traditionnel passage à l'IHEDN et au centre des hautes études militaires en 2008-2009, il est nommé à l'été 2009 sous-directeur en charge des exportations de matériels de guerre au SGDSN (le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale), puis en 2012 directeur de l’information du chef d’état-major des armées (alors Édouard Guillaud).
Kaboul, Dijon et Bordeaux-Mérignac
Le général Lavigne retrouve le terrain en 2014 : il prend le commandement de l’aéroport international de Kaboul et des forces françaises engagées dans l’opération Pamir. Il supervise notamment les opérations de transfert de l’aéroport aux autorités civiles afghanes. De retour en métropole, nommé général de brigade aérienne en 2015, il prend le commandement de la brigade aérienne de l’aviation de chasse à Dijon, puis de Bordeaux-Mérignac.
Aux responsabilités
L'été suivant, il devient chef de cabinet du chef d'état major des armées, Pierre de Villiers. Puis est propulsé en août 2018, chef d’état-major de l’Armée de l’air avec le rang de général d’armée aérienne. En public, il est l'adepte sinon des phrases choc, du moins de l'exercice de vérité. Devant quelques journalistes dont B2, il souligne un « des principaux enjeux » de l’aviation du futur : l’augmentation « massive des capacités de déni d’accès des grandes puissances militaires, notamment la Russie et la Chine » (lire : Le déni d’accès, une nasse de plus en plus difficile à franchir (général Lavigne, CEMAA). Devant les parlementaires, face à la crise du Covid-19, il demande à ce qu'une « place importante » soit accordée à l'aéronautique dans le cadre d'un plan de relance économique. « Il en va de la survie de notre base industrielle et technologique de défense et de la capacité de l’armée de l’air à pouvoir mener ses missions dans la durée » insiste-t-il devant les députés en mai 2020.
(NGV avec Jean-Stanislas Bareth, st. )
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Lire : Le déni d’accès, une nasse de plus en plus difficile à franchir (général Lavigne, CEMAA)