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Européens et Alliés condamnent en choeur l’intervention militaire russe en Ukraine… et se réunissent pour la suite (v2)

(B2) La décision russe de passer à l'attaque de l'Ukraine suscite une réponse unie des Alliés et Européens condamnant d'une même voix, et dans toutes les langues, cette violation de l'intégrité de l'Ukraine et du droit internationale. Appels à la raison, condamnations, sanctions, convocations d'ambassadeurs...

  • Une intervention est imminente avait lancé le Pentagone dans un avertissement dès 1h du matin (heure de Bruxelles). Le ton ne laissait aucune ambiguïté pour une fois sur l'imminence.
  • Intervention confirmée de façon très officielle par une déclaration télévisée de Vladimir Poutine, jeudi (24 février), à 4h du matin heure de Bruxelles (6h heure de Moscou), annonçant le déclenchement d'une « opération militaire spéciale » sur l'Ukraine. Objectif annoncé : « démilitariser et dénazifier l'Ukraine ». (Lire aussi Verbatim B2).
  • Entre temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a bien tenté d'appeler Moscou, en vain : « Aujourd'hui, j'ai initié une conversation téléphonique avec le président de la Fédération de Russie. Le résultat fut le silence. Bien que le silence devrait être dans le Donbass. »

Réunions d'urgence en cascade

Ces annonces ont suscité des réactions en cascade.

Les ambassadeurs pour commencer

Une réunion du Conseil de l'Atlantique Nord, en format ambassadeurs de l'OTAN, s'est tenue ce jeudi matin dès 8h30 (24 février) à la demande des Baltes et les Polonais, selon l'Article 4 du Traité (consultation de sécurité). Du côté de l'UE, les ambassadeurs des 27 étaient en réunion au sein du COREPER 2 dès 9H. Réunion habituelle en amont du sommet européen extraordinaire.

Les chefs ensuite

Une réunion au sommet (Conseil européen) est prévue dès jeudi, à 20h00, en présentiel (pour protéger les communications) pour envisager la conduite à tenir vis-à-vis de la Russie (sanctions) et de l'Ukraine (solidarité), selon la lettre d’invitation. Suivra vendredi (25 février), un sommet de l'OTAN dans l'après-midi, en format hybride avec vidéo-conférence sécurisée pour les absents de Bruxelles (l'Américain Joe Biden étant à distance). Ainsi qu'un Conseil des Affaires étrangères de l'Union européenne pour boucler le travail sur les annonces faites par le Conseil européen la veille. L'OTAN et les Affaires étrangères débutent à 15H. Le Parlement européen n'a prévu, lui, une plénière que mardi prochain (1er mars).

Une intervention condamnée dans toutes les capitales

L'intervention est immédiatement condamnée par le président du Conseil européen Charles Michel, au nom des Européens, sur Twitter au petit matin (à 5H56), jeudi : « Nous condamnons fermement l'attaque injustifiée de la Russie contre l'Ukraine. Nous demanderons des comptes au Kremlin. »

Comme par le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg : « Malgré nos avertissements répétés et nos efforts inlassables pour engager la diplomatie, la Russie a choisi la voie de l'agression contre un pays souverain et indépendant. L'OTAN fera tout ce qu'il faut pour protéger et défendre tous les Alliés. » (déclaration)

Ainsi que par le président américain, Joe Biden : « La Russie est seule responsable de la mort et de la destruction qu'entraînera cette attaque, et les États-Unis et leurs alliés et partenaires y répondront de manière unie et décisive. Le monde demandera des comptes à la Russie. »

« L'Europe vit ses heures les plus sombres depuis la Seconde Guerre mondiale. Une grande puissance nucléaire a attaqué un pays voisin et menace de représailles tout autre État qui viendrait à son secours » lance le chef de la diplomatie européen, le Haut représentant de l'UE Josep Borrell dans une déclaration, jeudi matin.

« La cible des Russes n'est pas seulement le Donbass, la cible n'est pas seulement l'Ukraine. La cible est la stabilité en Europe et l'ensemble de l'ordre de paix international. Et nous tiendrons le président Poutine responsable de cela », s'alarme la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen lors d'une déclaration commune à 8H30 avec Josep Borrell. « Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles l'agression militaire sans précédent de la Russie contre l'Ukraine », ajoutent Charles Michel et Ursula Von der Leyen. (déclaration)

« La Russie a traîtreusement attaqué notre État le matin, comme l'Allemagne nazie l'a fait pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, nos pays se trouvent de deux côtés différents de l'histoire mondiale. La Russie s'est engagée sur la voie du mal, mais l'Ukraine se défend et ne renoncera pas à sa liberté, quoi qu'en pense Moscou », a réagi le premier concerné, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sur Twitter en fin de matinée.

La présidente du Parlement européen Roberta Metsola et les chefs des groupes politiques condamnent d'une même voix « dans les termes les plus fermes » « l'invasion injustifiée et illégale ». Le Parlement « soutiendra une réponse européenne et internationale sans précédent, incluant de nouvelles et sévères sanctions qui garantiront que le Kremlin sera tenu pour responsable de ses actes ». (déclaration)

La suite

Face à l'intervention militaire, la réplique européenne passera tout d'abord par une série de mesures assez classiques en temps de crise : sanctions économiques et individuelles, aide humanitaire, évacuation des ressortissants, convocation d'ambassadeurs, déclarations politiques... Le reste (soutien en équipements ou matériels militaire) devrait être affaire d'appréciation nationale.

Un paquet massif de sanctions

Elle passera certainement par un « paquet de sanctions le plus fort le plus sévère que nous ayons jamais mis en œuvre », assure le Haut représentant. Ce nouveau paquet de sanctions « massives et ciblées » ciblera « des secteurs stratégiques de l'économie russe en bloquant leur accès aux technologies et aux marchés qui sont essentiels pour la Russie. Nous affaiblirons la base économique russe et sa capacité à se moderniser. En outre, nous gèlerons les avoirs russes dans l'UE et bloquerons l'accès des banques russes au marché financier européen », détaille Ursula von der Leyen.

Aide humanitaire et évacuations des citoyens

« Nous allons concevoir une aide d'urgence à l'Ukraine dans cette situation désastreuse. Nous soutiendrons également activement les opérations d'évacuation, y compris celles de notre propre personnel dans les zones touchées par ces attaques russes » précise Josep Borrell. « L’UE soutient fermement l'Ukraine et son peuple face à cette guerre. L'UE fournira une aide politique, financière et humanitaire supplémentaire », précise la déclaration des Etats membres plus tard.

Un appel au cessez-le-feu

« Nous demandons au président Poutine de cesser immédiatement les opérations militaires russes et de retirer sans condition toutes les forces et les équipements militaires de l'ensemble du territoire de l'Ukraine », a exhorté l'Union européenne dans une nouvelle déclaration publiée dans la matinée de jeudi (10H30). « Nous, l'Union européenne, restons le groupe de nations le plus fort du monde. Et cela ne doit pas être sous-estimé. » « Nous appelons la Russie à respecter pleinement le droit humanitaire international et à permettre un accès et une assistance humanitaires sûrs et sans entraves à toutes les personnes dans le besoin. Nous demandons également à la Russie de garantir la sécurité de la Mission spéciale d'observation de l'OSCE », a partagé Josep Borrell, dans son discours devant la session extraordinaire de l'OSCE. 

« Nous condamnons également l'implication de la Biélorussie dans cette agression contre l'Ukraine et l'appelons à respecter ses obligations internationales », ont aussi appelé les Etats membres de l'UE.

Présence renforcée aux frontières de l'Alliance

« Nous avons décidé, conformément à notre planification défensive visant à protéger tous les Alliés, de prendre des mesures supplémentaires pour renforcer encore la dissuasion et la défense dans l'ensemble de l'Alliance », prévoit la déclaration de l'OTAN. Un déploiement au titre de la clause de défense mutuelle de l'article 5, mais qui ne débordera pas des frontières de l'Alliance. « Nos mesures sont et demeurent préventives, proportionnées et non escalatoires. » Plusieurs pays de l'Est européen, telle la Lituanie ont, de leur côté, proclamé l'état d'urgence.

Gestuelle diplomatique

Toute négociation est, pour l'instant, interrompue. Et les ambassadeurs de Russie devraient être convoqués rapidement dans plusieurs des capitales européennes. L'ambassadeur de Russie à Rome a été convoqué pour se voir signifier la « condamnation ferme par le gouvernement italien de l'attaque très grave, injustifiée et non provoquée contre l'Ukraine : une claire et nette violation du droit international » selon le communiqué de la Farnesina. Idem à Londres et dans d'autres capitales européennes. L'ambassadeur de Russie auprès de l'Union a été convoqué, le SEAE l'a annoncé à 15H30.

(Aurélie Pugnet avec Nicolas Gros-Verheyde et Agnès Faure )

Article bouclé jeudi (24.02) à 11H45. Mise à jour à 18H30 avec la convocation de l'ambassadeur russe auprès de l'UE et l'annonce du Sommet de l'OTAN et du Conseil des Affaires étrangères de l'UE vendredi. Article mis à jour vendredi (25.02) à 15H30 avec les communiqués de jeudi après midi.

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