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[Portrait] Katalin Novak, première femme à devenir cheffe d’État en Hongrie… depuis 1740

(B2) Katalin Novak (Fidesz, NI) a été élue présidente de la République par le Parlement national jeudi (10 mars). Une personnalité à suivre de près.

Kattalin Novak (Photo : Parlement Hongrie)

Une large majorité

Cette élection a été acquise à une large majorité : 137 voix, contre 51 et 5 votes nuls. Issue assez logique vue la majorité qu'a la Fidesz au Parlement hongrois (133 sièges sur les 199 de l'assemblée). Le candidat de l'opposition, Peter Róna, un ancien banquier âgé de 79 ans, n'a pas réussi à rassembler toutes les voix de l'opposition. Katalin Novak doit prendre ses fonctions le 10 mai prochain, succédant à János Áder pour un mandat de cinq ans.

Une spécialiste des affaires européennes

Née le 6 septembre 1977 à Szeged (dans le Sud de la Hongrie), d'une famille de médecins, elle est diplômée de l'université Corvinus de Budapest (économie), de l'université de Szeged et de l'université Paris X - Nanterre (en droit communautaire et français). Experte des questions européennes et de la diplomatie, Katalin Novak intègre en 2001 le ministère des Affaires étrangères, notamment au département chargé de négocier l'adhésion à l'Union européenne.

Une calviniste

De confession protestante (calviniste), elle est mariée à l'économiste István Veres et a deux fils (Ádám en 2004, Tamás en 2006) et une fille (Kata 2008). Après une interruption de carrière de six ans (entre 2003 et 2010), pour élever ses enfants, elle devient, conseillère du ministre des Affaires étrangères, János Martonyi (2010-2012), puis chef de cabinet du ministre des Ressources humaines, Zoltán Balog (2012-2014). Ce pasteur de profession, dont elle restée proche, qui est un peu son mentor en politique, est depuis février 2021 le président du synode de l'église réformée hongroise.

Farouche défenseuse d'une politique famille

Successivement secrétaire d'état à la Famille et à la jeunesse (2014-2020), puis ministre de la Famille (octobre 2020 - décembre 2021), elle est décrite par la presse allemande comme le « façonneur » et le « visage amical » de la nouvelle politique familiale du pays (lire Die Tagespost). Elle a constamment défendu sa position conservatrice sur la famille, battant en brèche les libertés civiles (mariage pouvant être accordées aux homosexuels).

Une fidèle d'Orban, son pont vers l'Europe

Membre de la Fidesz depuis 2001, c'est une fidèle du premier ministre Viktor Orban. Secrétaire du parti chargée des Affaires étrangères, elle devient en novembre 2017 une des quatre vice-présidentes du parti. Elle peut être considérée comme un des points clés de la Fidesz vers le reste de l'Europe. Elle parle couramment, outre l'anglais et l'allemand, le français et l'espagnol.

Pas une marionnette aux mains d'Orban

En décembre, elle indiquait déjà que « ceux qui disent que je ne serais qu'une marionnette [...] ne peuvent pas supposer qu'une femme puisse être une personnalité publique, souveraine, capable de prendre des décisions autonomes », confiait-elle dans une interview à Index.hu en décembre.

La première femme à occuper ce poste

C'est la première femme à occuper le poste de chef d'État en Hongrie depuis la Reine Marie-Thérèse en 1740. Le rôle de président de la république en Hongrie est essentiellement protocolaire. Mais son rôle ne doit pas être négligé. Il peut déférer les lois à la Cour constitutionnelle pour examen de leur conformité à la Constitution, ou les renvoyer au Parlement pour examen, proposer une loi ou dissoudre le Parlement. Il doit valider ainsi les nominations dans différents postes (ambassadeurs notamment), mais peut aussi les refuser.

Un rôle particulier dans la défense

Le président est aussi constitutionnellement le commandant en chef de l'Armée Hongroise et doit notamment approuver le cadre annuel des opérations extérieures militaires. Ce qui, en cette période compliquée avec la guerre dans l'Ukraine toute voisine, pourrait prendre tout son sens. Ses premiers mots après son élection ont été consacrés à ces évènements. « Les Hongrois veulent la paix, les femmes ne veulent pas gagner la guerre, mais la paix » a-t-elle déclaré selon index.hu.

Une francophile, décorée de la légion d'honneur

À noter qu'elle est chevalière de la Légion d'honneur, depuis 2019, décorée spécialement par le général Benoit Puga, ancien chef d'état-major particulier du président de la République (de 2010 à 2016 sous Nicolas Sarkozy et François Hollande), et grand chancelier de la Légion d'honneur. Elle a été au parlement la présidente du groupe d'amitié franco-hongrois.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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