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[Portrait] Direction générale de l’armement (DGA), l’état-major d’une institution en pleine transformation

(B2) À la tête de la Direction générale de l'armement (DGA) depuis juillet dernier, Emmanuel Chiva, a renouvelé l’équipe dirigeante. Il s'est construit un état-major d’ingénieurs de l’armement aux profils pointus, et dont les périmètres de responsabilité vont évoluer. Leur première mission : amorcer une grande transformation de la DGA attendue pour septembre 2023. Portraits.

Directeur général adjoint – IGA Thierry Carlier

IGA thierry Carlier, directeur général adjoint (©MinArm)
T. Carlier (©MinArm)

Si Emmanuel Chiva est un profil atypique (lire l'Entretien accordé à B2 : « Aller plus loin à plusieurs plutôt que tout seul ...trop loin ! »], son adjoint, l’ingénieur général de l’armement (IGA) Thierry Carlier est un pur produit de la maison. Quand le numéro 1 a comme responsabilité de révolutionner et de moderniser la maison, le numéro 2 doit contribuer à trouver comment faire passer le message en interne et comment, en connaisseur des moindres arcanes, éviter les oublis, notamment sur la cohérence des parcours professionnels. Entré à la DGA en 1991, il travaille sur plusieurs projets de missiles, avant de piloter le missile de croisière air-sol moyenne portée (ASMP) amélioré. C’est donc un familier de la dissuasion nucléaire, qui va devenir directeur de l’unité missiles et drones en 2007. Il enchaîne ensuite plusieurs fonctions stratégiques, tournées notamment vers l’international, comme sous-directeur de la coopération et du développement européen en 2013 et directeur du développement international de 2018 à 2022.

Directeur des opérations (DO) – IGA Guilhem Reboul

G. Reboul (©MinArm)

Nommé en septembre 2022, Guilhem Reboul a pris la tête du premier pilier de la DGA. Il est chargé de conduire les opérations d’équipement des forces françaises, premier client de l’industrie nationale. Ses équipes écoutent les besoins et les traduisent auprès des fournisseurs. Elles doivent également veiller à ce que les contrats soient correctement exécutés. Polytechnicien spécialisé dans l’aéronautique, l’IGA G. Reboul intègre la DGA en 1999 comme ingénieur d’essais en vol et mène une première partie de carrière sur les différents programmes de Mirage jusqu’en 2010, année où il est « transformé » sur Rafale, comme on dit pour les pilotes. Il travaille alors sur le projet de modernisation au standard F3-R de cet appareil et devient à partir de 2020 directeur de l’unité « avions de chasse » de la DGA et directeur du programme Rafale. Entre 2016 et 2020, il se diversifie sur d’autres types de fonctions, comme sous-directeur Afrique et Moyen-Orient, puis comme directeur de cabinet du DGA Joël Barre de 2018 à 2020.

Direction des plans, programmes et du budget (DP) – IGA Nicolas Fournier

N. Fournier (©MinArm)

Nicolas Fournier est en charge du pilotage financier de la DGA et des différents programmes d’armement. La DP, jusqu’ici le second pilier de la DGA, doit voir son rôle de pilotage des budgets renforcé au terme de la réforme, avec une logique plus marquée de conduite à très long terme. Arrivé dans l’institution en 1998, L’IGA N. Fournier suit plusieurs programmes en lien avec les signaux électromagnétiques et leur traitement. Il passe rapidement sur des fonctions plus politiques en devenant de 2005 à 2007 le chef de cabinet du DGA François Lureau, puis de 2007 à 2009 le conseiller aux affaires industrielles du ministre de la Défense Hervé Morin. Il enchaine ensuite des postes très différents, comme chef de la division radar et guerre électronique de la DGA, de 2009 à 2012, puis comme attaché armement à l’ambassade de France à Londres, de 2012 à 2016. En 2020, il prend la tête de la Direction générale du numérique et des systèmes d’information et de communication (DGNUM) qui doit accompagner les différentes composantes du ministère dans leur transformation numérique et en assurer la cohérence.

Directrice technique (DT) – IGA Cécile Sellier

C. Sellier (©DGA)

La direction technique, c’est le socle sur lequel s’appuient les autres directions. Elle a en charge la dizaine de centres d’expertise et d’essais de la DGA, répartis sur le sol national. L’IGA C. Sellier, en poste depuis 2020, a été maintenue dans ses fonctions. Et elle s’est vu attribuer en plus depuis septembre 2022 la responsabilité de piloter la transformation de la DGA. Une mission ambitieuse qui doit permettre de formaliser et d’officialiser la nouvelle organisation de la DGA, actuellement en cours d’expérimentation, en septembre 2023. Cette polytechnicienne passée par le Commissariat à l’énergie atomique a notamment travaillé sur les affaires nucléaires, biologiques et chimiques.

Directeur du développement international – IGA Gaël Diaz de Tuesta

G. Diaz de Tuesta (©MinArm)

Gaël Diaz de Tuesta, camarade de promotion de l'actuel DO Guilhem Reboul, est également arrivé en 1999 à la DGA. Il fait un bref passage sur les performances missiles avant de rejoindre le programme Rafale où il est responsable de la qualification au standard F2. Entre 2010 et 2015, il est détaché au Secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale (SGDSN) où il travaille à la non-prolifération des armes de destruction massive. Il se concentre ensuite sur l’international en rejoignant le bureau de coopération avec l’Europe occidentale, avant de devenir attaché d’armement à l’ambassade de France de Londres en 2016, comme successeur de son autre collègue à la DP Nicolas Fournier. De 2019 à 2022, il est sous-directeur Europe occidentale et Amérique du Nord à la direction du développement international. Dans la nouvelle maquette de la DGA, sa direction devrait voir la logique de coopération renforcée, pour appréhender les relations internationales, notamment à l’export, de façon plus complète.

Directeur du service des affaires industrielles et de l’intelligence économique (SAIIE) – IGA Alexandre Lahousse

A. Lahousse (©ECPAD)

Depuis que le président français Emmanuel Macron parle économie de guerre, l’IGA Alexandre Lahousse réalise une partie du service après-vente en expliquant à la presse les tenants et les aboutissants. Une visibilité qui a pu étonner, tant ce poste est habituellement discret. C’est notamment parce qu’il doit évoluer dans les mois qui viennent pour devenir une Direction de l’industrie à part entière. Au programme : orientation de la BITD, sécurité économique des entreprises mais aussi suivi des performances du maintien en conditions opérationnelles. Responsable en début de carrière d’essais aéronautiques, il a travaillé sur le programme d’hélicoptère NH90, une coopération européenne, dont il prend la direction en 2014. Il était le chef de cabinet du précédent DGA, de 2020 à 2022 et a siégé comme administrateur au nom de l’État chez Safran.

Directeur de l’Agence de l’innovation de défense – IGA Patrick Aufort (intérim)

P. Aufort (©ECPAD)

Placée sous la responsabilité du DGA, l’Agence de l’innovation de défense (AID) a été créée en 2018 pour accompagner les différentes formes d’innovation susceptibles d’intéresser le ministère des Armées. Plus souple dans son organisation, l’AID doit permettre d’accélérer et de soutenir des idées venues de start-up et d’entreprises civiles parfois éloignées de l’écosystème de la défense. Cette succursale de la DGA, est l’œuvre de l’actuel DGA, Emmanuel Chiva, qui veille pour pousser son candidat. En attendant, son ancien adjoint, l’IGA Patrick Aufort, un pur produit DGA ayant notamment suivi les programmes AWACS et Atlantique 2, occupe le poste par intérim.

(Romain Mielcarek)

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