[En bref] Faute de possibilité européenne rapide, l’Arménie sera armée par la France
(B2) Défense sol-air, radars, coopération renforcée, formations... la France promet à l'Arménie tout son soutien militaire. Soutien qui pallie la difficulté au niveau européen de déclencher une aide notable et rapide au titre de la facilité européenne pour la paix. Explications
Une bonne entente franco-arménienne
Recevant à Paris lundi (23 octobre) son homologue arménien Suren Papikyan, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a voulu témoigner de la « volonté française de réaffirmer son soutien » à l’Arménie. Objectif : appuyer la modernisation des forces armées arméniennes, indique le communiqué français publié après la rencontre. Un processus qui s'inscrit dans un effort engagé depuis l'été 2022 pour renforcer la relation de défense entre les deux pays, rappelle-t-on à Paris.
Radars, lunettes de vision nocturne et défense Sol-Air
Deux contrats ont été signés avec les industriels français de la défense. L'un avec Thalès porte sur l’acquisition de trois radars GM200 de surveillance aérienne. L'autre avec Safran sur l’acquisition de jumelles de vision nocturne. Une lettre d’intention a aussi été signée dans le domaine de la défense aérienne, qui pourrait déboucher sur la fourniture d’équipements. La France réalisera ainsi « un audit » de la défense sol-air arménienne. Des acquisitions, « à visée strictement défensive », indique Paris, afin de protéger la population et l'intégrité territoriale de l'Arménie.
Formations montagne et défense aérienne et coopération
Des « échanges de savoir-faire militaires » vont être développés, notamment dans les domaines de la défense aérienne ou du combat en montagne. Domaines où la France a une certaine expérience à faire valoir. Enfin, un officier français sera envoyé à Erevan en 2024 au sein du ministère de la Défense comme conseiller chargé de la coopération. Cela vient compléter une mission de défense déjà effective à Erevan depuis janvier 2023.
Faute de facilité européenne
L'idée d'avoir un soutien via la facilité européenne pour la paix a été envisagé. Mais elle se heurte à des difficultés pratiques et... politiques. Au plus tôt, le temps de prendre une décision, explique à B2 un bon connaisseur du sujet, le matériel n'aurait pu arriver en Arménie que fin 2024, voire 2025. Le budget de la Facilité est en effet à peu près épuisé. L'argent dégagé n'aurait pas pu permettre une aide aussi intense que le souhaitait la France notamment. L'idée d'ailleurs de fournir des équipements lourds, voire létaux, ne parait pas faire l'unanimité. Enfin, si l'Europe s'engageait dans cette voie, cela aurait pu envoyer un signal très négatif à l'Azerbaïdjan, sans être assuré que les équipements seraient en place pour assurer la défense arménienne.
(Nicolas Gros-Verheyde)