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(crédit : Thales)
'OuvertCoopération militaire (projets)

La troisième vague de projets de la PESCO : beaucoup plus ‘high tech’. La liste en avant-première (v2)

(B2 - exclusif) La Haute représentante de l'UE a préparé la recommandation permettant de lancer la procédure formelle d'adoption de la troisième vague des projets de la coopération structurée permanente (PESCO)

(crédit : Thales)

Une participation plus importante

Selon nos informations puisées à bonne source, la liste devrait comprendre finalement 13 projets, et non 15 comme ceux présentés lors de la phase préparatoire (lire : La troisième vague des projets PESCO dans les starting blocks. Une quinzaine de projets présentés). Sept sont à vocation plus opérationnelle, trois à vocation plus capacitaire et trois autres mixtes. Au final, la PESCO comprendra donc, avec les deux précédentes vagues, 47 projets. Ce qui est notablement important, mais selon la formule consacrée, permet de bien « représenter la diversité européenne » et de « répondre aux besoins importants ».

Des projets high tech

Dans ces treize projets, on retrouve un grand nombre de projets de formation, cyber ou espace, les projets maritimes ou aériens étant plus limités. Ils sont, pour la plupart, marqués d'une tendance très forte à haute technologie et des techniques du futur.

Une participation plus multinationale

Le nombre de pays participants par projet est plus élevé que dans les deux premières vagues. La tendance est d'avoir « davantage de projets multinationaux avec en moyenne de trois à cinq participants » confie un expert du dossier. Parmi les leaders de projets, on remarque une assez forte présence des pays du Sud et surtout de l'Est. Ce qui n'était pas le cas dans les deux dernières vagues et participe à un certain rééquilibrage géographique. La France conduit trois des treize projets et participe à plusieurs autres (souvent de manière croisée, par exemple avec l'Espagne). Un signe d'une plus nette implication et d'une volonté de conforter le noyau dur de la PESCO (Allemagne-France-Espagne-Italie).

Un péché originel qui transparaît

Si tous ces projets ont un intérêt en matière de défense, on retrouve cependant le défaut générique des projets PESCO. Cette liste reflète davantage les priorités ou préoccupations des États membres que la réponse à une politique cohérente de renforcement des capacités de l'Union européenne à pouvoir agir en commun en opérations (1). Certains projets ressemblent à s'y méprendre à des 'centres d'excellence', typique de l'organisation OTAN, « camouflés » sous forme de projets européens.

Des projets qui s'inscrivent dans la filière OTAN

Cette liste présente cependant plusieurs intérêts non négligeables : développer de nouvelles briques technologiques, stimuler l'industrie de défense européenne, faire de la coopération européenne un vecteur naturel de travail et renforcer le lien UE-OTAN. On perçoit ainsi que plusieurs de ces projets sont d'ailleurs issus ou repris de programmes déjà développés au sein de l'Alliance atlantique. Ils vont ainsi permettre, sans conteste, de renforcer le pilier européen au sein de l'OTAN.

La liste des treize projets

NB : L'ordre comme la dénomination des projets ne correspondent pas automatiquement à la terminologie officielle ou définitive.

  1. EU Cyber Academia & Innovation Hub (EU-CAIH), conduit par le Portugal (+ Espagne).
  2. Integrated European Joint Training and Simulation Center (EUROSIM), conduit par la Hongrie (+ France, Allemagne, Pologne, Slovénie)
  3. Special Operation Forces Medical Training Center (SoMTC), conduit par la Pologne (+ Hongrie)
  4. EU Network of Diving Center (EU-NDC), conduit par la Roumanie (+ Bulgarie et France)
  5. CBRN Defence Training Range (CBRN-DTR), conduit par la Roumanie (+ France et Italie)
  6. Cyber and Information Domain surveillance Coordination Center (CIDCC), conduit par l'Allemagne (+ Tchéquie, Hongrie, Pays-Bas, Espagne).
  7. EU Collaborative Warfare Capabilities (ECOWAR) — combat collaboratif, conduit par la France (+ Belgique, Hongrie, Roumanie, Espagne, Suède).
  8. Maritime Unmanned Anti Submarine System (MUSAS), conduit par le Portugal (+ France, Espagne, Suède).
  9. European Patrol Corvettes (EPC), conduit par l'Italie (+ France).
  10. EU Global RPAS Insertion Architecture System, conduit par l'Italie (+ France et Roumanie).
  11. Airborne Electronic Attack (AEA), conduit par l'Espagne (+ la France et Suède).
  12. Timely Warning and Interception with Space based Theater Surveillance (TWISTER), conduit par la France (+ Finlande, Italie, Pays-Bas, Espagne).
  13. Materials & components for Technological EU Competitiveness (MAC-EU), conduit par la France (+ Roumanie et Espagne)

Au niveau de la participation des États membres, on peut remarquer un investissement important de la France qui est présente dans 10 projets sur 13 (dont trois dans lesquels est est leader) et plus généralement du quatuor de la PESCO (France, Espagne, Italie, Allemagne), dont un des membres est quasiment présent dans tous les projets (à une exception près - le projet polono-hongrois de centre de formation médical.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Termes des projets corrigé - papier complété le 7 novembre avec les noms des pays participants

(1) L'objectif donné par l'article 42 du Traité à la coopération structurée permanente est de pouvoir accomplir « les missions les plus exigeantes ».

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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