(B2 à Torrejón de Ardoz) Derrière la défense aérienne de l’Alliance atlantique se cachent des objets comme on en voit rarement. Simple en apparence, les radars d'Indra jouent un rôle essentiel. Reportage.
Les antennes sont placées sur les hauteurs pour avoir une meilleure visibilité (crédit photo : Indra)
Les radars sont un des vecteurs principaux de la défense du territoire des pays membres de l'Alliance, de ses opérations, jusqu'aux réunions au sommet.
Une vision à plus de 500 kilomètres pour défendre l’Alliance
Ces outils sont utilisés par l’OTAN pour sa défense aérienne, dans le cadre du programme de défense aérienne et balistique intégrée (NATO Integrated Air and Missile Defence, NATINAMDS).
Objectif : surveiller et détecter tout objet étranger
Leur rôle est de surveiller, détecter des vols illicites ou des incursions, comme de missiles balistiques (ballistic missiles defence, BDM), dans l’espace aérien du territoire de l’Alliance atlantique. Ces radars font de la surveillance — primaire (détecter les cibles (avions ou missiles) qui ne coopèrent pas ou ne veulent pas être détectées) et secondaire (reçoivent les informations envoyées par les aéronefs qui coopèrent pour être identifiés). En plus, il font de l'identification ami-ennemi (Identification friend-foe, IFF). Ce, à 500 kilomètres de distance. Le radar doit donc reconnaître les menaces pour, au besoin, lancer une alerte, voire une réponse militaire (1).
Sous la forme d’antennes
Difficile d'imaginer que des technologies si performantes aient une allure si simple : des circuits électroniques, des câbles à l'apparence bien anodine pour une personne ni technicienne ni ingénieure. Si Indra nous ouvre les portes de sa chaîne d'assemblage, n'ayez crainte : le secret des technologies est, lui, bien gardé. Le tout est enrobé dans des barrettes de métal, assemblées pour former d'immenses antennes d'environ 20 mètres de long. Pourquoi 20 mètres et pas plus ? Parce qu'ainsi elles peuvent facilement être transportées sur les camions jusqu'à leur lieu d'établissement.
Allure simple pour faciliter le camouflage
Aux quatre coins du petit hangar de 7 000 m2 qui sert à l'intégration finale des radars d'Indra, on reconnaît immédiatement les antennes destinées à un usage militaire ainsi que les abris d'hébergement des opérateurs, de par leurs couleurs. Peintes en vert ou jaune sable, elles peuvent être camouflées autant dans les zones tropicales que dans les déserts, explique-t-on à B2.
La norme OTAN activée
C'est de cette chaîne de fabrication que sont sortis plus de 15 radars Indra opérationnels dans les pays de l'Alliance. Dont deux types différents : Le Long Range Radar (LRR) (statique et transportable) et le Long Range Tactical Radar (LTR-25) (déployable). Ils sont adaptés aux Mode 4 et 5, c’est-à-dire aux normes militaires et de l'OTAN de chiffrage des données et de précision. Avec les radars, un système de commandement et de contrôle local (ARS) peut être fourni, lui aussi développé par Indra.
Les flancs de l’Alliance couverts
Les antennes sont amenées sur des camions, des avions ou par bateau, et installées ensuite. De manière permanente (fixed radars), ou ponctuelle (deployable radars) sur les terrains d’opération. Les radars d’Indra « couvrent » donc le flanc sud-ouest de l’Alliance depuis le Portugal et en Espagne, ainsi que le flanc nord-est, comme en Lituanie, explique-t-on à B2. À ceux-là s’ajoutent d’autres installations non fixes pour des exercices par exemple — les Deployable Air Defence Radar (DADR) LANZA LTR-25 ont été déployés sur la base aérienne Poggio Renatico en Italie.
Adaptables aux environnements extrêmes
Étant donné les environnements dans lesquels ces radars sont placés, les technologies et antennes doivent être isolées pour résister à des températures allant de -30°C à +50°C. Elles résistent autant au froid glacial du Pôle Nord qu’à la chaleur ardente du désert. Un système de climatisation peut être installé pour ventiler les technologies dans les zones humides.
En contact avec les centres d’opération en Europe
Les opérateurs des radars peuvent être placés auprès les radars, ou à distance, comme c’est le cas du centre de commandement de l’OTAN qui situé à Ramstein en Allemagne, le Commandement et contrôle de la défense anti-balistique de l’OTAN, qui est représenté par le programme ACCS (NATO's Air Command and Control System) (2). Tout ce dont ils ont besoin, c’est d’un système de communication performant !
Le numérique prend le dessus
Car désormais, tout est numérique. Il suffit d’installer le radar à l'emplacement voulu, puis un simple logiciel suffit pour le contrôler et récupérer les données. Elles sont ensuite analysées par les opérateurs (operators) pour permettre aux Alliés de réagir en cas d’attaque. C’est ainsi qu’en mars, le drone non-identifié venu d’Ukraine écrasé en Croatie a été identifié — seulement la réaction n’a pas suivi (lire : Un drone (russe) venu d’Ukraine s’écrase en … Croatie. Une défaillance de la surveillance aérienne de l’OTAN (v4)).
(Aurélie Pugnet chez Indra, à l’usine d'assemblage des radars de Torrejón de Ardoz)
Pour plus de détails, regarder la vidéo explicative de l’OTAN sur le fonctionnement de la défense aérienne anti-balistique, et la vidéo promotionnelle d'Indra
Pour plus de détail sur l’ACCS, visiter cette page web