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[Portrait] Assemblée nationale. Qui sont les nouvelles têtes aux commissions Défense et Affaires étrangères ?

(B2) Les commissions Affaires étrangères et Défense de l’Assemblée nationale sont installées pour la nouvelle législature. Au coeur d'un hémicycle bien plus composite que lors du premier mandat d'Emmanuel Macron. B2 dresse le portrait rapide de quelques-uns de ces nouveaux noms à retenir.

  • La première ministre Elisabeth Borne prononce mercredi (6 juillet) son discours de politique générale. Mais elle ne demandera pas de vote de confiance à l'issue, comme de coutume, a indiqué le porte-parole du gouvernement à l'issue du premier conseil des ministres lundi (4 juillet).
  • Faute de majorité suffisante. Une illustration des nouveaux équilibres politiques à l'oeuvre (cf encadré).

À la Commission de la Défense nationale et des forces armées

La commission qui a en charge toute la politique de défense — des aspects opérationnels à la question du personnel, en passant par les industries, la gendarmerie, la justice militaire et les anciens combattants — entame ses travaux ce mardi (5 juillet) par l'audition d'experts (Pascal Boniface d'IRIS, Thomas Gomart d'IFRI et Bruno Tertrais de la FRS) pour faire un point sur la situation internationale. Suivi d'un point avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, jeudi (7 juillet). Pour suivre ses travaux, c'est ici.

C'est une commission renouvelée qui s'est mise en place : avec un nouveau (jeune) président, l'entrée en force des élus du Rassemblement national (11 élus contre 2 dans la précédente mandature, dont l'un devenu secrétaire de la commission (Franck Giletti) comme de la gauche La France insoumise (9 élus contre 2).

Thomas Gassilloud (Renaissance/Renew), président.

Déjà membre de la commission Défense pour son premier mandat (2017-2022), il avait notamment fait partie de la mission d'information sur l'opération Barkhane (2020/2021) et de celles plus récentes (2022) sur les enjeux de défense en Méditerranée, et dans l'Indopacifique. Il a été le rapporteur du budget de l'armée de Terre. Un sujet qu’il connaît bien, pour avoir servi dans l’armée de Terre cinq ans, étudiant « militaire à temps partagé, jusqu’en 2007, date de sa dernière mission en Côte-d’Ivoire (opération Licorne) avec le 7e Bataillon de chasseurs alpins (BCA) », indique sa biographie.

Ce quarantenaire (né en 1981) est bien calé aussi sur le numérique. Il est chef d’une entreprise spécialisée dans les télécoms, et il a été rapporteur de la proposition de loi sur la sécurisation des réseaux 5G, et co-rapporteur de la mission d’information sur les enjeux de la numérisation des armées.

Ce jeune député du Rhône connait également bien l’Afrique. En tant que président du groupe d’amitié France-Centrafrique, secrétaire du groupe d’amitié France-Mali et également vice-président du groupe d’amitié France-Tchad, il y a effectué de nombreux déplacements lors de son précédent mandat. Sur son compte Twitter, il affiche son cursus : 26e promo de l'école de guerre et 72e session de l'IHEDN

Loïc Kervran (Horizons/Renew), nouveau vice-président, est un ancien de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Il a été notamment co-auteur d'un rapport d'évaluation de la loi de 2015 sur le Renseignement, et co-rapporteur de la loi du 30 juillet 2021 relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement. Il a co-écrit plusieurs ouvrages traitant de la crise syrienne.

Jean-Louis Thiériot (Les Républicains/PPE), nouveau vice-président, avocat et essayiste, se réjouit d'une possible augmentation du budget de la défense (tweet). Il place la question « des essences » comme un enjeu de la future loi de programmation militaire (LPM) qui doit être présentée à l'automne (tweet).

Jean-Marie Fiévet (Renaissance/Renew), réélu secrétaire de la commission, a été auditeur de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) en parallèle de son premier mandat de député (2017). Cet ancien pompier professionnel a été rapporteur d’une mission parlementaire sur la transition énergétique des armées (2021).

Consulter la liste des 70 membres

A noter : Plusieurs députés spécialistes de la Défense ne siègent plus. À commencer par la présidente de la commission Défense Françoise Dumas (LREM), battue dans le Gard. Autres battus : Sereine Mauborgne, rapporteure sur le budget armée de Terre et sur l’opération Barkhane, Christophe Lejeune (LREM) rapporteur sur le volet Dissuasion nucléaire du budget, Fabien Gouttefarde (LREM) rapporteur sur la prospective de la défense, ou Philippe Michel-Kleisbauer (MoDem), rapporteur sur les enjeux de défense et l’inusable François Cornut-Gentille (LR), rapporteur spécial des crédits de la défense. Partent également Muriel Roques-Etienne (LREM) et Philippe Benassaya (LR), auteurs du rapport sur les marchés publics de défense, éliminés dès premier tour. Ainsi que Jean-Jacques Bridey (LREM, ex-PS) ou Jean-Jacques Ferrara (LR) qui ne se représentaient pas.

Commission des Affaires étrangères

Comme dans la commission Défense, l'extrême droite et l'extrême gauche augmentent leur influence au sein de la nouvelle commission par rapport au précédent mandat. La présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, y siège désormais entourée par 10 autres élus RN. Dont Joris Hebrard, nouvel entrant, promu secrétaire du bureau de la commission. La France insoumise passe elle de 2 à 9 membres. Le bureau de la commission est renouvelé avec trois nouveaux vice-présidents.

La commission démarre ses travaux ce jeudi (7 juillet) par l'audition de la nouvelle secrétaire d'État à l'Europe Laurence Boone. Pour suivre ses travaux, c'est ici.

Jean-Louis Bourlanges (MODEM/Renew), président.

Ce député des Hauts-de-Seine (région parisienne) se succède à lui-même à la présidence de la commission Affaires étrangères. Une commission qu'il anime depuis janvier 2021, et le décès de sa présidente Marielle de Sarnez.

Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (IEP), agrégé de lettres modernes, ancien élève de l’École Nationale d’Administration (ENA), conseiller-maître honoraire à la Cour des comptes, Jean-Louis Bourlanges a notamment enseigné sur le « Système et vie politiques dans l’Union européenne » jusqu’en juin 2015 à l'IEP.

C'est un fin connaisseur de l'Union européenne pour avoir été député européen (élu en 1989). Il y a présidé les commissions de contrôle budgétaire (CONT) et des libertés publiques (LIBE) et la commission mixte Parlement européen-Diète de Pologne, où il accompagne la démarche d’intégration de Varsovie à l’Union européenne. En 2007, il arrête la vie politique, mais pas la vie publique (cf. sa participation à l'émission de Philippe Meyer "Nouvel esprit public"). Il y revient en 2017 pour soutenir la candidature d'Emmanuel Macron à la présidence de la République. Il est élu député en 2017, réélu donc en 2022.

Il est membre du Conseil d’administration de l’Institut Jacques Delors.

Jean-Paul Lecoq (Gauche démocrate et républicaine/S&D), entame son troisième mandat de député, et le premier en tant que vice-président de la commission Affaires étrangères. Il a co-piloté une mission d'information sur l'espace (2021), sur le traité de non prolifération nucléaire (2018). Il est connu pour ses positions en faveur du peuple Sahraoui.

Éléonore Caroit (Renaissance/Renew) accède à la vice-présidente pour son premier mandat (députée des Français de l'étranger). La biographie de cette avocate, spécialiste en droit des affaires, parcourt l'hémisphère : elle a grandit en République dominicaine, a poursuivi ses études à Paris et New-york, est de nationalité franco-suisse.

Sabine Thillaye (MODEM, ex LREM/Renew) rejoint la commission après avoir consacré son premier mandat aux affaires européennes (présidente de la commission ad hoc) et à la défense (co auteur du rapport sur la relance dans le secteur de la Défense avec Françoise Dumas). « Assurer le rayonnement français au sein d'une Europe forte », voilà le crédo de cette ancienne cheffe d'entreprise, née en Allemagne.

Liste des 71 membres

(Emmanuelle Stroesser)


Une Assemblée nationale composite

Dix groupes politiques composent la nouvelle assemblée issue des législatives, selon la composition entérinée mardi (28.06). Mais aucun n'atteint plus d'un tiers de l'assemblée. Même avec ses alliés, chacune des composantes (libérale ou gauche) n'atteint pas la majorité absolue (289 sièges). Ce qui va obliger chacun des groupes et composantes à composer avec les autres. Fait inédit au niveau français. Le jeu politique est totalement ouvert, permettant toutes les alliances : sécuritaire sur la droite, ou de société au centre gauche. Comme au Parlement européen.

Renaissance (Renew), le groupe de la majorité présidentielle, occupe la tête de liste avec 172 membres. Il peut compter sur les groupes Démocrate : 48 élus MoDem (Renew) et 30 élus d'Horizons (Renew). Soit un total de 250 sièges. La droite nationaliste du Rassemblement national (ID) de Marine Le Pen est le deuxième groupe en nombre, avec 89 élus. Suivie par l'inter-groupe de la gauche (NUPES, Nouvelle union populaire écologique et sociale) qui compte sur le troisième groupe de taille à l'Assemblée : La France Insoumise (LFI/GUE) et ses 75 élus. Ainsi que sur les 31 élus Socialistes et apparentés (S&D), 23 Écologistes (Verts), 22 Gauche démocrate et républicaine. La NUPES totalise ainsi 151 élus, et peut prétendre au rang de deuxième force. Les Républicains (PPE) et leurs 62 élus pourront jouer les arbitres dans cet échiquier. Dernier groupe (16 élus de droite et sans étiquette), celui des Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires.

Pour la première fois, la présidente d'une assemblée est une femme : Yael Braun-Pivet (Renaissance)

(tableau)


 

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