L'eurodéputé Nicolas Pascual De La Parte (crédit : PPE)
Institutions UE

[Entretien] Une commission défense forte s’impose en miroir d’un commissaire défense (N. Pascual De La Parte)

(B2) Le nouveau coordinateur pour le PPE au sein de la sous-commission Sécurité et défense (SEDE), Nicolás Pascual De La Parte (PP) n'envisage pas que la SEDE ne devienne pas une commission de plein exercice. Une décision attendue ce mercredi (11 septembre).

Pour son premier mandat, l'Espagnol accède à un poste majeur. Une quasi évidence pour ce diplomate de 65 ans, expert sur les questions de défense et de sécurité, ancien représentant permanent auprès de l'OTAN et ambassadeur du COPS.

Que représente pour vous le rôle de coordinateur ?

— C'est le plus important du Parlement européen ! Car c'est la locomotive politique qui prend l'initiative au sein d'une commission pour son groupe.

C'est une fonction que vous décrochez dès votre premier mandat, c'était votre choix ? 

— Il était pour moi normal de siéger au sein de la SEDE compte tenu de mon expérience et de mes connaissances sur les questions de sécurité et de défense. Une fois confirmé membre de la SEDE, j'ai mené ma campagne pour y être désigné coordinateur au sein de mon groupe politique, le PPE. J'ai obtenu l'unanimité, ce qui me donne une légitimité accrue.

Quelles qualités issues de votre expérience, vous seront justement utiles ?

— J'étais destiné à être coordinateur. C'est un poste dans lequel je me sens confortable. De par ma carrière de diplomate, ambassadeur auprès du COPS pour l'Espagne pendant cinq ans, de même qu'auprès de l'OTAN, d'envoyé spécial sur la cybersécurité et les menaces hybrides, j'ai développé une habilité à négocier qui me servira, dans mes relations avec les représentants des autres groupes politiques, et pour être à l'initiative sur différents dossiers.

L'évolution de la sous-commission SEDE en une commission de plein exercice est en discussion. Et semble en bonne voie. Est-ce essentiel pour vous ?

— Ursula von der Leyen [la présidente de la Commission européenne] a pris l'engagement politique d'un commissaire à la Défense. Il est dès lors fondamental que le Parlement européen exerce un contrôle politique sur ce portefeuille. Les questions de sécurité ont pris une importance accrue depuis l'invasion russe de l'Ukraine, les conflits au Moyen-Orient, la situation en Méditerranée ou au Sahel. Cela justifie d'une commission pleine et entière au Parlement européen pour s'occuper correctement de ces sujets.

Avec un premier gros dossier, EDIP ? 

— Ce n'est pas le seul, mais ce sera l'un des plus importants, oui. Et il nécessitera un travail étroit avec la Commission pour le faire avancer. C'est un premier grand défi. Mais il faut aussi faire avancer les instruments financiers de la défense. Avec notamment la question de la restructuration de la banque européenne d'investissement. Ou l'octroi de bonifications pour les projets de défense commune. Les relations avec l'OTAN sont un autre sujet important.

Ne craignez-vous pas la concurrence avec la commission Industrie et recherche (ITRE) ?

— Nous devons nous coordonner et collaborer avec la Commission, le SEAE et le Parlement européen. S'agissant d'EDIP, la tâche la plus pressante sera de faire le mapping des besoins en défense, des capacités de munitions, etc.

Vous êtes donc confiant pour que ne se reproduise pas un scénario comme sur l'examen d'EDIRPA, qui avait provoqué beaucoup de retard dans l'avancée législative ? 

— Comme dans toute institution, il y a des compétences et des luttes de pouvoir entre les commissions, mais nous devons collaborer. Si le prochain commissaire défense est le chef politique sur les questions de défense européenne et de marché commun industriel, notre action sera d'autant mieux coordonnée. C'est ce que j'espère. Si le commissaire à la défense a des compétences sur le financement, la politique et l'industrie, la prochaine SEDE devra alors être l'instance naturelle dotée des mêmes compétences, comme un miroir.

(Propos recueillis par Emmanuelle Stroesser)

Entretien réalisé jeudi 5 septembre, par téléphone, en Français et Anglais.

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