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L'UE finance les organisations onusiennes en charge du camp de Qayyarah, qui accueille des déplacés internes, au nord de l'Irak (Crédit : Commission européenne)
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Feu vert des 28 à la stratégie européenne pour l’Irak

L'UE finance les organisations onusiennes en charge du camp de Qayyarah, qui accueille des déplacés internes, au nord de l'Irak (Crédit : Commission européenne)

(B2) Les ministres des Affaires étrangères des 28 ont adopté, lundi 22 janvier, la nouvelle stratégie pour l'Irak présentée par la Commission européenne et la Haute représentante au début du mois (lire : Nouvelle situation en Irak = nouvelle stratégie. La proposition de la Commission et de la Haute représentante). NB : la communication constitue, avec les conclusions adoptées par les ministres, la stratégie de l'UE à l'égard de l'Iraq.

S'ils « approuvent pleinement » les objectifs et les futures actions de l'UE proposées pour aider à la reconstruction d'un Irak « post-Daesh », les '28' fixent cependant des orientations plus politiques afin de concentrer les efforts à « conquérir la paix en stabilisant la situation dans les provinces libérées ».

Réforme du secteur de la sécurité intérieure 

Tout comme dans la communication de la Commission européenne, les ministres soulignent l'importance des forces de sécurités irakiennes « professionnelles représentatives et soumises à un contrôle démocratique », pour « assurer une réelle sécurité, faire respecter l'État de droit et garantir le plein respect des droits de l'homme ». Ils pointent notamment la nécessité « que tous les groupes armés soient effectivement placés sous le commandement et le contrôle de l'État iraquien ».

Conseil et expertise européennes fournis via la mission EUAM Irak 

Le soutien européen à la réforme du secteur de la sécurité intérieure passe et passera principalement par les conseils et expertises fournis par la mission EUAM Irak afin de « contribuer à la mise en œuvre de la stratégie nationale de sécurité de l'Irak ». Les ministres confirment la proposition de la Haute représentante sur le travail à mener afin « d'analyser, d'évaluer et de recenser les possibilités d'un éventuel rôle accru de l'Union pour répondre aux besoins de la réforme du secteur de la sécurité en Iraq sur le long terme ». Les 28 veulent également continuer la coopération avec la Task force de la coalition internationale chargée de former la police.

Promouvoir les bonnes relations régionales 

Les ministres insistent plus que ne le faisaient la communication sur l'importance « d'améliorer le coopération régionale » pour la « prospérité de l'Irak et de ses voisins ». Ils encouragent « tous les pays de la région à jouer un rôle constructif, à maintenir et accroître l'appui qu'ils apportent à l'Irak » et affirment la détermination européenne à « favoriser le dialogue régional ».

Focus sur la reconstruction politique, social et économique

Est mise en avant également la « volonté de soutenir les autorités iraquiennes dans la phase de reconstruction et dans la lutte contre les facteurs politiques, sociaux et économiques qui sous-tendent l'instabilité ». Toutes les parties sont appelées à « œuvrer ensemble de manière pacifique et responsable ».

Préserver l'unité de l'Irak, en incluant les Kurdes 

L'UE « soutient résolument et durablement l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Irak ». Les '28' ne manquent pas de rappeler l'importance de protéger les groupes minoritaires, notamment la population kurde. Ils invitent ainsi le gouvernement iraquien et le gouvernement régional du Kurdistan à « engager un dialogue constructif » en vue d'une relation à long terme « plus stable et mutuellement bénéfique fondée sur la pleine application de la constitution iraquienne, y compris ses dispositions relatives à l'autonomie du Kurdistan ». En ce sens, les Européens appuient la médiation des Nations unies et se tiennent prêts « à soutenir le dialogue si la demande lui en est faite ».

Soutien "pratique " pour renforcer le système politique irakien

« Il est urgent [...] d'accélérer la réalisation de progrès en matière de réformes et en vue d'une réconciliation nationale qui soit fondée sur la justice et la responsabilité, les principes du bon fonctionnement de la démocratie, l'inclusion, l'État de droit et le respect des droits de l'homme. » Pour soutenir cela, l'Union européenne maintiendra son « soutien résolu au représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies ainsi que l'action de la MANUI ». Quant à l'organisation d'élections nationales de mai 2018, « l'UE est prête à apporter un soutien pratique et à suivre de près le processus électoral en coordination avec les acteurs nationaux et internationaux concernés, notamment la MANUI ».

Des efforts supplémentaires possible pour la reconstruction 

Les européens sont « prêts à intensifier leur soutien » aux efforts pour la transition et de reconstruction du pays. De manière plus générale, rendez-vous est fixé au Koweit, pour la conférence internationale pour la reconstruction de l'Irak, qui sera coprésidée par l'UE. Les 28 s'engagent concrètement sur le travail de déminage, « préalable essentiel à la poursuite du travail de stabilisation et de reconstruction ». Mais pour cela, le gouvernement iraquien doit « lever les derniers obstacles bureaucratiques et pratiques ». Les partenaires internationaux sont eux appelés à « renforcer leur soutien financier ».

Effort humanitaire maintenu

Ici encore, les conclusions s'alignent avec la communication de la Commission européenne. « L'UE et ses États membres, en première ligne de l'action humanitaire internationale, continueront à faire preuve de solidarité avec les Iraquiens en fournissant une aide humanitaire. »

Un soutien concret aux réformes économiques 

« L'UE est prête à contribuer à la mise en œuvre par l'Irak du processus de réformes nécessaire pour renforcer et diversifier l'économie » et ainsi favoriser la création d'emplois. Les conclusions saluent notamment l'accord-cadre entre la Banque européenne d'investissements et l'Irak pour faciliter l'octroi de prêts à long terme à l'Irak. Pourtant les Européens sont inquiets du « peu de progrès accomplis récemment » dans les réformes financières et économiques. Ils avertissent : « l'absence de progrès dans la réalisation des réformes fondamentales prévues dans l'accord [avec le FMI] mettra à mal la stabilité financière » du pays.

Promouvoir un système judiciaire effectif et indépendant  

Deux objectifs clés sont définis : un processus de justice transitionnelle crédible et garantir que des comptes soient rendus pour les crimes « commis par toutes les parties ». « L'UE se tient prête à soutenir les efforts de l'Irak et de la communauté internationale visant à amener des membres de Daesh à répondre de leurs actes. » Ici, la question des combattants terroristes étrangers, en particulier ceux de retour dans leur pays d'origine, est mise en avant. « La coopération et le partage d'informations avec les acteurs concernés demeurent essentiels. ». L''UE demande « une nouvelle fois » à l'Irak d'adhérer au Statut de Rome.

(Leonor Hubaut)

Télécharger les conclusions (ENG)

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