(B2) Dans la crise actuelle, à la Commission européenne, un homme est particulièrement sur le pont : Janez Lenarčič, commissaire européen à la Gestion des crises. Coronavirus oblige, il n'était pas possible de le rencontrer, alors nous avons échangé, par mail
Janez Lenarčič, commissaire européen à la gestion des crises (crédit : Parlement européen)
Comment qualifieriez vous l’ampleur de cette crise du coronavirus ?
— Nous vivons des instants sans précédent qui exigent un haut degré de coordination à tous les niveaux : des communautés locales à l’État, au niveau des régions et à l'échelle internationale. Tout cela dans un esprit de solidarité internationale. Personne n'est à l'abri. Tout le monde doit coopérer, pour que nous puissions surmonter cette crise, y compris en Europe.
La Chine justement est très présente avec beaucoup de dons à destination des Européens. Nous sommes si faibles que cela pour dépendre de l'aide venue d'extrême-orient ?
— Nous sommes confrontés à un défi mondial. Aucun pays ne peut y faire face seul. En fait, la Commission européenne a été parmi les premiers à vite le comprendre. Nous avons fait tout notre possible pour soutenir la Chine lorsqu'elle a été fortement touchée. Avec le Centre de coordination de la réaction d'urgence, nous avons coordonné et cofinancé la livraison de plus de 56 tonnes d'équipements de protection individuelle, fournis par neuf États membres (1). La solidarité dont la Chine fait preuve aujourd'hui envers l’Union européenne est un signe tangible que la solidarité internationale peut fonctionner dans les deux sens. La collaboration reste la clé de notre succès pour arrêter la propagation du virus.
Cela peut avoir un effet positif sur la communauté internationale ?
— Il s'agit de circonstances exceptionnelles qui touchent le monde entier. Il est clair que la communauté internationale tout entière sera affectée par la manière dont les autres réagiront à cette pandémie. Si elle est menée de manière constructive et bien coordonnée, cette crise peut influencer les relations internationales en renforçant la cohésion de l'ensemble de la communauté internationale.
On voit qu'il y a des manques de matériel, comme des masques ou des respirateurs. Ne faut-il pas aller plus loin demain et prévoir un stock général de matériel médical, constitué par avance, pour les prochaines crises, un stock stratégique ?
— Bien sûr. C'est l'idée. L’un des problèmes les plus urgents auxquels nos États membres sont confrontés ici, c’est le manque d'équipement médical et de protection individuelle. L’Union européenne a déjà pris des mesures pour leur fournir davantage d'équipements en cas de crise. C’est sur cette idée que nous avons lancé le stock stratégique 'RescEU'.
Sur quel modèle ce 'stock stratégique' va-t-il fonctionner ? Un État membre pourrait-il faire office d'entrepôt ?
— Un ou plusieurs États membres accueilleront en effet le stock de matériel médical de l’Union européenne. C'est l'État hôte qui sera responsable de l'acquisition de l'équipement, et la Commission européenne financera 90 % du stock. Puis, notre centre de coordination de la réaction d’urgence, à Bruxelles, prendra le relais et gérera la distribution des équipements le plus rapidement possible, là où ils sont les plus nécessaires.
À terme, êtes-vous confiant sur le fait que 'RescEU' devienne opérationnel ?
— 'RescEU' dépend principalement des États membres qui y participent. S'ils font preuve d'une volonté politique suffisante, oui, il le sera.
Qu'est-ce qui y sera stocké ?
— Dans le cas du coronavirus, le stock comprendra des articles nécessaires aux soins intensifs, tels que des ventilateurs, des équipements de protection individuelle comme des masques réutilisables. À plus long terme, il y aura également des vaccins et des traitements ainsi que des fournitures de laboratoire.
(Propos recueillis par Aurélie Pugnet)
Les pays qui ont fourni cette aide : Italie, Autriche, Hongrie, Slovénie, France, Allemagne, Lettonie, Estonie, République tchèque.