(B2) Alors que certains puissances (Russie, Chine, USA) n'hésitent pas à jouer la 'diplomatie du virus', l'Union européenne doit procéder à un aggiornamento de sa politique étrangère. C'est l'ambition du rapport préparé au Parlement européen. L'eurodéputée belge libérale Hilde Vautmans s'en explique à B2
L'eurodéputée en séance plénière (crédit : Parlement européen)
Ambitionnant d'étudier « les conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur la politique étrangère », le rapport de Hilde Vautmans (Renew/Open VLD) a été plutôt bien accueilli par la majorité des groupes politiques, à l'exception des nationalistes ID et des conservateurs ECR, absents pour la première discussion en commission AFET (affaires étrangères), lundi (21 septembre).
Le vote du rapport est prévu en commission le 26 octobre. La date de l'examen en plénière (novembre ou décembre) n'est pas encore fixée.
Des militaires en opération intérieure
Tout d'abord, le rapport prône une petite révolution opérationnelle et sémantique. Il faut avoir « une opération conjointe (des forces armées) et une coordination plus approfondie dans les cadres existants, tels que le commandement médical européen, ou de nouveaux cadres, tels que les trains militaires médicalisés ». Enjeu : gagner en efficacité et améliorer la préparation de l'Union dans la lutte contre les pandémies (lire aussi : La coopération médicale européenne 2.0. Un nouveau concept prôné par l’Allemagne pour faire face aux crises sanitaires). Hilde Vautmans précise que cette réflexion porte sur leur intervention « en premier lieu au sein de l'Union européenne ». Cependant, elle n'écarte pas l'idée, « si nécessaire et si nous en avons les capacités », « que nos forces de défense aident des pays d'autres continents ». À une condition : « évidemment, il est important que ces pays approuvent pleinement la présence de nos militaires sur leur territoire ».
Renforcer les missions de la PSDC au voisinage
Les missions de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) doivent être renforcées « dans le voisinage immédiat de l’Union ». Le rapport redoute en effet « un regain de violence ou une reprise des conflits en raison de tensions supplémentaires résultant de la Covid-19 ». S'agissant du type de missions et des pays cibles de cet effort supplémentaire, l'eurodéputée précise : « Si l'Europe veut s'assurer que nous avons une emprise sur la lutte contre le terrorisme, que nous avons un rôle constructif dans la recherche de la paix et que nous pouvons mieux gérer l'immigration, nous devrions devenir plus actifs dans les zones de conflit telles que le Sahel, la Syrie, l'Afghanistan et l'Irak ».
Plus de moyens militaires pour une réelle autonomie
Un Haut représentant de l'UE avec davantage de marge de travail et sans l'unanimité
Il est temps d'« étendre le mandat du VP/HR pour ce qui est de parler au nom de l’Union » et de sonner « la fin de la règle de l'unanimité en politique étrangère » insiste le rapport. « Lui donner plus de liberté pour essayer de négocier au nom de l'UE, c'est la seule façon de donner à l'UE l'influence que nous voulons avoir sur la scène mondiale » insiste Hilde Vautmans. Cela « aiderait l’Union à mener une politique plus efficace et volontariste ».
Une stratégie sécurité défense révisée dans un nouvel ordre mondial
Enfin, il faut revoir la stratégie globale de 2016 pour la politique étrangère et de sécurité indique la rapporteure. « Dans un monde où Trump menace de quitter l'OTAN, avec une Russie plus affirmée et des troubles aux frontières de l'UE (Belarus, Turquie, Sahel), l'UE doit s'efforcer d'obtenir une autonomie géopolitique, d’améliorer la préparation et la résilience. Une meilleure coopération en matière de défense et de sécurité est absolument nécessaire » argumente l'eurodéputée. Point d'autant plus nécessaire que les technologies nouvelles et hybrides « ont modifié les conceptions traditionnelles de la guerre [et] remettent en question le rôle traditionnel de l’armée ».