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Diplomatie UE

[Entretien] Relations UE-US. Il faut passer au smart power ! (Tonino Picula)

(B2, à Strasbourg) Le Parlement européen réaffirme son attachement au partenariat transatlantique. Les récents revers (débâcle afghane, accord AUKUS) justifient toutefois de le rééquilibrer. C'est ce que l'eurodéputé Tonino Picula résume d'une formule : passer du soft au smart power

(crédit : Parlement européen)
  • L'ancien ministre des Affaires étrangères croate est l'auteur du rapport sur les nouvelles relations UE-US, rédigé avant le retrait des soldats US d’Afghanistan, à la mi-août.
  • Débattu mardi (05.10) en plénière du Parlement européen, il a été adopté mercredi soir (06.10) à une nette majorité de 550 voix 'pour', 83 'contre' et 55 abstentions.

Vous dites qu'un rééquilibrage s'impose en matière de défense. S'agit-il d'un rééquilibrage entre les États membres et/ou avec les États-Unis ?

— Nous devons rééquilibrer et trouver une meilleure coordination avec les États-Unis. Parce que les derniers événements ont montré que ce manque de coordination, de consultation, ne peut qu’accroître les problèmes dans la relation transatlantique. Quand je dis qu'il faut améliorer les performances de la politique commune de défense et de sécurité, c’est aussi ce que la plupart des citoyens européens attendent. Pour une majorité d'entre eux, la coopération au niveau UE dans le domaine de la sécurité est un must pour la politique européenne. Nous avons une politique commune de défense et de sécurité, mais nous devons la renforcer, c’est l’un des principaux éléments de l’intégration européenne.

Vous expliquez qu'il faut renforcer à la fois l'autonomie de décision de l'UE et son autonomie d'action, en passant du soft power au smart power. Qu'est-ce que le smart power ?

— Nous ne devons pas laisser penser que nous ne sommes pas les plus grands contributeurs en matière d’aide au monde ni mettre cela en doute, car rien n’est comparable dans l’aide apportée aux régions les plus nécessiteuses. Mais nous devons aller plus loin. Nous devons être plus présents et avoir plus d’influence dans les zones où nous essayons de prêter aide et assistance. C’est une chose que de prêter assistance suite à une catastrophe, mais il faut aussi être plus présent, au delà du soft power. C’est ce que j’entends par smart power.

Il ne faut pas perdre de temps. C'est l'urgence que vous posez. Que faut-il faire en priorité ?

— L'UE doit achever son débat interne sur ce qu'elle est et ce qu'elle veut être. Outre les discussions sur l'autonomie stratégique et la défense, nous devrions sans tarder approfondir notre coopération avec les États-Unis sur un certain nombre de questions d'intérêt commun. Concrètement, avec les États-Unis, nous devrions œuvrer à la promotion de la coopération multilatérale pour un monde plus équitable et plus sain, lutter contre les inégalités, mieux coopérer dans la recherche et le développement technologique, et promouvoir la transformation écologique et la résolution pacifique des conflits. Nous devons renforcer notre coopération parlementaire, nos stratégies de connectivité fondées sur des règles, protéger et promouvoir la démocratie et les droits de l'Homme, partager les exemples de meilleures pratiques et mieux inclure nos citoyens dans la prise de décision.

(propos recueillis par Emmanuelle Stroesser)

Entretien réalisé pendant et après la conférence de presse à Strasbourg, mardi 5 octobre, et complété par courriel

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