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[Entretien] La régionalisation de l’action au Sahel, un outil pour mieux coordonner nos actions (général Raymond Sausin, RACC)

Le général Raymond Sausin (à gauche) avec le GénéralRaymondSausin RACC Mauritanie Secrétaire exécutif du G5 Sahel Eric Tiare en février (Photo : G5 Sahel)

(B2) Le général Raymond Sausin, de la gendarmerie française, vient d'arriver, il y a deux mois à peine, à la tête de la petite cellule de conseil et de coordination régionale de l’UE pour le Sahel (RACC). Objectif et défis de cette structure hybride

Mise en place par l’UE en 2019, la RACC n'est pas une mission PSDC en soi, mais plutôt un réseau d’experts, spécialisé dans les domaines de la sécurité intérieure et de la défense, déployé dans les délégations UE des États membres du G5 Sahel. Elle comprend une trentaine de membres de neuf États membres différents. Elle est dirigée depuis un quartier général implanté à Nouakchott, en Mauritanie.

Quel est l'objet de cette Cellule de Conseil et de Coordination Régionale au Sahel ?

— La RACC s'inscrit dans la philosophie européenne, comme le haut représentant Josep Borrell l'a rappelé récemment, que la responsabilité de la sécurité revient en priorité aux autorités des pays du Sahel. C’est à ces autorités d’offrir une réponse à leurs citoyens, en déployant les services publics et de base sur l’ensemble du territoire. Notre action c'est de les soutenir et les accompagner. Pas plus pas moins. Il s’agit notamment d’identifier les synergies et les mutualisations pouvant être envisagées dans le cadre des appuis et du soutien apportés. Avec un objectif : renforcer les capacités opérationnelles nationales, par le soutien aux délégations  à des fins de renforcement des capacités régionales. 

Pourquoi en Mauritanie ?

— Ce choix a été dicté par l’intérêt d’être positionné au plus près du Secrétariat Exécutif du G5 dont le siège est à Nouakchott. L'une des fonctions les plus importantes de la RACC est en effet de contribuer au soutien des structures de gouvernance du G5 Sahel, et plus précisément le département de la défense et de la sécurité, au niveau stratégique et opérationnel. La structure de direction de la RACC, positionnée à Nouakchott, anime ainsi le réseau des experts défense et sécurité intérieure présents dans chacune des cinq délégations de l’UE de la région.

Qu'est-ce que ce « concept de régionalisation » ?

— Il faut entendre ce processus de régionalisation comme un moyen, un outil permettant de renforcer la coordination des actions, le partage des bonnes pratiques, les échanges de renseignements à l’échelle de la région. Pour imager mon propos, je me risquerais à comparer nos actions à la construction d’un puzzle où chaque pièce, peu à peu, trouve sa place. Où la difficulté première tient à l’identification des pièces, puis à l’organisation de leur agencement, à leur imbrication, à leur parfaite correspondance pour finalement parvenir à obtenir le résultat escompté, de façons consolidée et cohérente.   

Au concret ?

— Cela se traduit par le soutien, la coordination et l’appui pour le développement d’actions de formations, de conseils conduits prioritairement avec les missions PSDC déployées dans la région et avec les programmes financés par l'UE. Je veux citer ici EUCAP Sahel Mali, EUCAP Sahel Niger, EUTM Mali. Cela se traduit également en lien avec d'autres acteurs de la région, comme l’ONUDC (United Nations Office on Drugs and Crime) et l’HCDH (Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme) pour ce qui est du cadre de conformité pour les droits humains de la Force Conjointe du G5.

Quel est votre défi majeur ?

— Si je devais en souligner un, je dirais que le contexte présent nous conduit à toujours mieux nous adapter, à devoir faire preuve de flexibilité. Nous sommes en effet confrontés à un défi permanent [d'avoir] une sécurité respectueuse des droits de l’Homme et des principes de bonne gouvernance. Les récents évènements, comme les violences commises à Moura au Mali en mars — qui affaiblissent la stabilité et mettent en danger la coexistence entre différentes communautés –, montrent que le chemin peut être parfois encore long.

(NGV)

Questions réponses, sous forme d'échange écrit

Nicolas Gros-Verheyde

Directeur de la rédaction de B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne, auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989. (France-Soir, La Tribune, Arte, Ouest-France, Sud-Ouest)

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