Steven Everts (Photo : Asia Europe Foundation 2019)
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[Entretien] Europe géopolitique : il faut investir dans l’unité (Steven Everts)

(B2) Si l'Ukraine demeure la première priorité pour la sécurité du continent, les défis auxquels fait face l'Union européenne sont nombreux. Et l'institut de sécurité à pied d'œuvre pour les analyser et proposer des solutions. Avec indépendance, affirme Steven Everts dans un entretien exclusif accordé à B2.

Steven Everts est directeur de l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne (EUISS) depuis septembre 2023. Après un passage par le service européen d'action extérieure (SEAE) comme conseiller principal du Haut représentant Josep Borrell pour les questions de stratégie et de communication. Auparavant, le Néerlandais de 54 ans était chargé de l'Asie et du Pacifique ainsi que des partenariats. Il a également été membre des cabinets de Catherine Ashton et Javier Solana. Steven Everts est titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'université d'Oxford et d'une maîtrise en sciences politiques de l'université de Leiden aux Pays-Bas.

L'Europe confrontée à une géopolitique complexe

L'Union européenne doit faire face à de nombreux défis. Quelle doivent être ses priorités ? À quoi doit-on s'attendre en 2025 ?

— La toute première priorité c'est l'Ukraine...

Ça restera la priorité, même si la nouvelle administration américaine n'en fait plus une priorité ?

— Encore plus. D'abord, il faut voir quelle direction va prendre concrètement la nouvelle administration. Il y a beaucoup de spéculations là-dessus, y compris de notre part, mais on ne sait pas en réalité. Toutefois, si cela conduit à une réduction de l'aide, ça obligera les Européens à l'augmenter. On parle d'une menace existentielle pour la sécurité européenne. Il faut trouver les moyens et, à mon avis, c'est faisable. Beaucoup disent : c'est trop cher, trop compliqué, trop long. Mais c'est dans notre intérêt et c'est faisable. On parle de quarante milliards.

Et cela n'est jamais qu'un effort supplémentaire de 20 milliards. En revanche, ces 20 milliards d'équipements, on ne peut plus les prélever sur nos stocks et les industriels européens ne sont pas en mesure de doubler leur production pour les fournir...

— La production augmente lentement. Et on peut mobiliser d'autres partenaires comme les Britanniques, les Canadiens ou les Coréens du sud. Et dans certains domaines, comme la défense antiaérienne, il y a des stocks en Europe, des stocks que nous ne partageons pas avec les Ukrainiens pour des raisons de calcul. Mais là si la pression monte, ce serait faisable...

En respectant les plans de défense de l'OTAN ?

— Même l'OTAN dit que la guerre est en Ukraine, la priorité en Ukraine. C'est ce que disait [Jens] Stoltenberg, avant de quitter ses fonctions [de secrétaire général de l'OTAN]. Donc si les Etats membres ont un choix à faire entre les plans et l'Ukraine, qu'ils donnent à l'Ukraine! C'est lui qui le disait.

Et puis je viens de sortir d'une réunion sur l'économie de guerre russe et les sanctions. On sait bien que les exportations de l'Allemagne, la République tchèque, la Bulgarie et d'autres vers les pays d'Asie centrale finissent en Russie. Là on peut fermer le robinet. Ce n'est pas une question de capacités industrielles de production. Il y a d'autres leviers pour faire pression sur la Russie, pour finir cette guerre horrible, pour diminuer tout ce dont Poutine dispose. Et on ne les utilise pas. C'est aussi le cas de la flotte fantôme. On aurait pu agir avant, mais encore aujourd'hui, 30 à 40% des exportations russes passent par des bateaux européens. On peut l'arrêter demain, si on en a la volonté politique.

L'Ukraine doit être analysée sous cet angle : c'est encore faisable. Et ne pas se laisser enfermer dans une psychologie de la faiblesse. On a des atouts, des leviers. Il faut les utiliser.

Et à part l'Ukraine...

— On travaille sur beaucoup d'autres choses comme la politique économique de sécurité, la politique économique étrangère, l'articulation entre les sanctions et l'exportation. Ensuite, il y a le livre blanc sur la défense qui doit être élaboré dans les 100 premiers jours du nouveau mandat. Et s'il y a beaucoup de gens brillants qui travaillent sur la défense en Europe sur divers angles nationaux, notre spécificité c'est de le faire sur l'angle européen. [...] Et puis il y a l'Afrique, le Moyen-Orient...

Vous parliez de sanctions. D'aucuns prédisent une méga guerre commerciale avec l'arrivée de Trump au pouvoir. En lieu et place d'une augmentation de la confrontation armée, ne risque-t-on pas d'être englués dans un ensemble de sanctions croisées, commerciales et autres, à l'échelle de la planète ?

— C'est une très bonne question. À mon avis, il y a une tension entre le monde de la globalisation, qui a une empreinte très forte sur notre modèle européen [...], et le monde de compétition économique des Etats dans lequel nous entrons. Avec la militarisation de tout. Pour nous, il s'agit de garder notre capacité de réfléchir et d'agir en tant qu'Européens et ne pas laisser d'autres acteurs, chinois ou américains, décider pour nous. Ça c'est pour moi le vrai sujet : est-ce que nous réussirons à garder cette capacité de décider pour nous-mêmes. [...] Il y a un écosystème chinois avec les Russes qui se dessine et un autre, américain. Et nous Européens, que faisons nous ? On reste avec les Américains ? Sur les valeurs, nous sommes plus proches des États-Unis, mais il y a un point d'interrogation sur la direction que prennent les États-Unis. Donc, restons unis et capables de réfléchir en Européens. [...] Et soyons plus géopolitiques. C'est la seule façon de peser dans ce monde.

Sans doute. Mais jusqu'à présent, on y a très rarement réussi...

Je ne suis pas tout à fait d'accord. Prenons la Chine. J'ai moi-même travaillé sur ce sujet et les différentes trajectoires suivies au cours des dernières années. On a une vision beaucoup plus réaliste aujourd'hui sur les tendances lourdes en Chine, y compris sur le plan idéologique. Et puis, il y a tout ce que l'on a fait, et la Commission en a le mérite, sur les subventions, la surveillance et le contrôle des investissements, celui des exportations de biens à double usage et avec d'autres mesures mises en place pour équilibrer la relation. Ensuite, il faut les utiliser. [...] Et l'autre grande chose qui a été faite c'est de diversifier nos relations avec tout le reste de l'Asie. Parce qu'il y avait cette erreur majeure de réduire l'Asie à la Chine. [...] Il reste encore, mais c'est en train de changer, à devenir plus réaliste quant à la relation entre la Russie et la Chine. Il y a un alignement beaucoup plus profond entre la Russie et la Chine [...] avec aussi l'Iran et la Corée du Nord, dont on commence à prendre conscience. Mais je crois qu'on est plus unis vis-à-vis de la Chine que vis-à-vis des Etats-Unis de Donald Trump.

Les lignes de fracture se superposent, avec la Hongrie par exemple...

— Les États membres sont les États membres. Ce qui complique la politique étrangère de l'Europe, c'est qu'il y a plus de vétos qu'avant, plus tôt dans le processus, et qu'on est même récompensé quand on pose son véto, avec une surenchère des uns pour obtenir la levée de ceux des autres. [...] Donc je n'ignore pas ces lignes de fracture sur la Chine, les Balkans ou le Moyen-Orient.

Mais justement, le Moyen-Orient, c'est une autre région où l'Union à du mal à peser...

— Moi, je suis proche de Josep Borrell [...] et je crois qu'il a essayé.

Il a essayé, sur ça et sur plein d'autres sujets, sans réussir...

— Je me bats pour l'intérêt européen. Il faut essayer ; il faut investir dans l'unité, plutôt que de réclamer ou souligner l'unité. Non, il faut investir. Parce que l'unité, il faut la négocier. Beaucoup de gens veulent l'unité européenne sur la base de leurs positions nationales et ça c'est pas faisable.

Pourquoi certains n'arrivent-ils pas à le comprendre ?

— Parce qu'ils pensent qu'il y a une option nationale, que même si l'Union est bloquée, cela ne les concerne pas vraiment, il y aura toujours l'option d'agir au niveau national. Et demain, l'Union sera toujours là pour servir nos intérêts. [Javier] Solana [ancien Haut représentant (1999-2009)] m'expliquait [...] que quand la Finlande est entrée dans l'Union, on lui avait demandé à Helsinki de venir expliquer le Moyen-Orient parce qu'on y comprenait rien et qu'on allait faire partie de l'Union et donc devoir s'intéresser aussi aux autres, pas seulement à l'espace nordique, à l'Europe de l'Est et à l'ONU [...]. Et pour lui, c'était vraiment ça [le comportement exemplaire] : comprendre qu'adhérer à l'Union, c'était entrer dans un club où il y a d'autres intérêts et où chacun doit s'intéresser aux problèmes des autres. [...] Il faut développer cet esprit-là et pas seulement réclamer le soutien de l'Union lorsqu'on en a besoin. [...] Il y a des intérêts communs sur plein de sujets et de pays où l'Union européenne peut vraiment peser...

En Géorgie, il y a encore l'espace pour peser ?

— Oui, je crois. Actuellement, on est surtout occupé par l'Ukraine et le Moyen-Orient et malheureusement il n'y a pas assez de gens qui font attention à ce qu'il s'y passe, mais je crois qu'il faut tout faire pour préserver l'espace démocratique, pluraliste, en Géorgie. Ce n'est pas qu'une question de valeurs, mais aussi de géopolitique, parce qu'il y a le BTC pipeline [oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan] qui passe en Géorgie. C'est aussi la région de la mer Noire. Donc un peu d'investissement politique à haut niveau s'impose, avec trois ministres des Affaires étrangères qui vont maintenant à Tbilissi pour peser sur la situation politique, comme on l'a fait à Maidan. Parce que les responsables du Georgian Dream nous disent encore qu'ils sont Européens. Mais les trois ministres des Affaires étrangères — prenons par exemple le Français, le Polonais et pourquoi pas le Britannique, avec le Haut représentant — je ne les vois pas.

Pourquoi pas l'Allemande ?

— Pourquoi pas. Mais maintenant, ils ont des élections. C'est juste une idée, parce que la politique étrangère de l'Union, c'est un peu une équipe qui a perdu trois matchs consécutifs. Il faut gagner le prochain. Rien n'est plus important que l'Ukraine, mais il y a aussi la Géorgie, la Moldavie et d'autres cas où il faut relancer cette idée : yes we can. [...]

Récemment Thomas Gomart évoquait (1) l'importance des trois détroits majeurs (Dardanelles, Ormuz et Taïwan) pour nos approvisionnements et la sécurité globale. Est-ce que c'est quelque chose sur quoi vous avez déjà travaillé à l'institut ?

— Thomas est toujours impressionnant et en France il y a plein de personnes qui produisent des analyses très intéressantes. [...] Dans un rapport [préconisant] dix idées pour la nouvelle équipe (2), nous avons aussi très modestement souligné que la région [de Taiwan] est clef pour les intérêts sécuritaires européens et on a décrit un peu ce que pourrait être une stratégie de dissuasion économique vis-à-vis de la Chine [...] parce que c'est vrai, il y a beaucoup de domaines où nous dépendons de la Chine, mais il y a aussi des domaines où les Chinois dépendent de nous. [...]

L'institut, aujourd'hui

Les plus anciens se souviennent que votre institut est né au sein de l'UEO, avant d'être transféré à l'Union européenne. À quoi ressemble-t-il aujourd'hui ?

— La première différence par rapport à l'époque de l'UEO, c'est le bureau de liaison dans lequel nous nous trouvons ici à Bruxelles et qui n'existait pas à l'époque. Il nous permet d'être plus proche des institutions et des decision-makers. On a une quarantaine de personnes qui travaillent à l'institut actuellement. Et une très grosse partie de notre budget provient des contributions des Etats membres, qui composent notre conseil d'administration, présidé par le Haut représentant. C'est ce board qui décide de notre programme de travail, de notre budget, etc.

L'institut, qui est une agence relevant du domaine de la PSDC, bénéficie cependant d'une véritable indépendance dans sa production intellectuelle. Une des évolutions de ces dernières années et — que je suis en train d'amplifier un peu — c'est que nous participons désormais à des projets de la Commission pour diversifier nos ressources financières. Parce que l'argent est rare dans le monde dans lequel nous vivons.

Justement, quel est le montant de votre budget ?

— Actuellement c'est environ sept millions [...]

Indexé sur l'inflation ou vous avez perdu de l'argent ?

— C'est plutôt ça : ces trois dernières années, on est sur une croissance zéro [...] et comme vous l'évoquez il y a en réalité une diminution parce que nous avons subi l'inflation. Donc on est obligé de faire des économies [...] en recourant à des réunions hybrides ou en utilisant lorsque c'est possible des locaux mis à disposition par les États membres, etc.

Ici, vous êtes hébergé par le Conseil, donc à priori ça n'a pas de coût...

— Si, on paye. On est locataire, ici...

Parce que votre budget est intergouvernemental...

— Oui. Et l'institution qui nous héberge émarge au budget de l'Union. Donc nous devons payer un loyer. Mais nous ne sommes pas les seuls. C'est aussi le cas pour les bureaux de passage d'autres agences, comme le SatCen. Ce n'est peut-être pas le prix du marché, si on va rue du Commerce ou rue de la Loi, et encore moins qu'à Paris, beaucoup moins !

Même depuis que vous avez déménagé du Trocadero ?

— L'institut a effectivement quitté les locaux de l'avenue Wilson il y a une dizaine d'années pour l'avenue Suffren, en face de l'École militaire. Et là nous payons le prix du marché et au mettre carré, c'est à peu près le double.

Et là, il va y avoir une décision sur le budget 2025 ? Il est possible qu'il augmente ?

— C'est chaque année en novembre [...]. Je crois que malheureusement, il va falloir se préparer — c'est la réalité de la situation financière [des Etats membres] — à faire notre travail avec un budget stable.

D'où l'importance de l'argent de la Commission, comme pour l'agence de défense ou le SatCen. Dans votre cas, c'est au travers d'études ? En répondant à des appels d'offres ?

— Exactement. On participe à trois projets actuellement. Le premier porte sur le cyber et est dans sa deuxième phase ; le second, d'une durée de quatre ans, concerne les interférences étrangères et est financé à partir de l'instrument pour la politique étrangère (FPI) ; d'une durée équivalente et lui aussi financé par le FPI, le troisième porte sur les menaces globales, avec un mix d'études, de réunions, de séminaires, etc. Ce sont des appels d'offres et il faut d'abord les gagner, mais je crois que pour l'institut, c'était important de diversifier un peu les sources de revenus pour éviter un scénario où on coupe, on coupe... Parce que le budget financé par les Etats membres reste stable et qu'il y a l'indexation des salaires et des loyers, qui augmentent chaque année de 3 à 5%.

Quarante personnes environ... Combien de chercheurs ?

— Environ, deux tiers de chercheurs et un tiers de personnel administratif [...] qui est d'autant plus nécessaire qu'il faut répondre à des appels d'offres et respecter les règles de gestion qui sont propres à la Commission... C'est important de le faire, mais cela consomme aussi beaucoup de ressources.

J'ai travaillé pour l'IFRI et je me souviens qu'à l'époque on s'y plaignait de la complexité des procédures de la Commission et de leur caractère chronophage...

— Dans une autre phase de ma vie, j'ai travaillé pour un autre think tank aussi où l'on trouvait ça beaucoup trop lourd et trop bureaucratique. Oui, je reconnais que c'est le cas, mais en même temps [...], chaque année, ça l'est un peu moins. Et on est obligé de passer par là aujourd'hui. La Commission a aussi un rôle beaucoup plus grand dans le domaine de la sécurité au sens large qu'il y a vingt ou même dix ans. Elle fait beaucoup plus et c'est logique qu'un institut d'études de sécurité ait avec la Commission une relation plus profonde qu'il y a vingt ans. [...] Là, je sors d'une réunion sur l'économie de guerre russe. Est-ce que c'était une réunion seulement des États membres ou du deuxième pilier dans le jargon ? Non. On parle des sanctions, de questions qui sont au cœur de la coopération entre la Commission et les États membres. Ce n'est donc pas seulement utile du point de vue financier, mais aussi logique du point de vue de la substance de travailler plus étroitement avec la Commission.

Vous participez aussi aux appels d'offres du Parlement ?

— Non, pas à ce stade.

Le statut spécifique de l'institut vous permet-il d'avoir un meilleur accès à l'information ?

— C'est effectivement un rôle particulier auprès des institutions et des États membres. Il y a beaucoup de think tank et d'instituts de recherche et de personnes brillantes en Europe, mais il n'y a qu'une agence officiellement mandatée pour travailler sur le thème de la sécurité et de la défense. Et je crois que ça c'est reconnu par tout le monde. Et je le dis souvent, il ne s'agit pas pour nous de copier ce que font déjà très bien l'IFRI que vous avez évoqué ou d'autres. Mais nous avons des canaux de communication avec le SEAE, la Commission, les États membres, qui nous mettent un peu à part. En fait, nous sommes plus proches de l'écosystème de l'UE. Cela nous donne aussi un rôle de partenaire de confiance. Et on nous demande de travailler sur des sujets sensibles, comme la Russie que j'évoquais il y a un instant.

Et je suppose que la plupart des chercheurs ont une habilitation de sécurité...

— Oui, tout à fait. Et ça aide.

Quid de l'indépendance que vous évoquiez il y a instant ?

— Dans le même temps, il faut être proche du système, mais pas faire partie du système. Comme vous le savez, j'ai travaillé pendant vingt ans à l'intérieur, mais ici, on fait autre chose. C'est indépendant. Parfois des personnes me disent : « Steven, les États membres paient ton budget, donc tu ne peux critiquer personne ».  Je n'ai jamais entendu de la part des États membres qu'il ne fallait pas dire ceci ou qu'il faudrait éviter cela. Je crois que tous comprennent que cela ne sert à rien de répéter ce qui se sait ou se dit déjà. Je n'ai donc jamais ressenti de pression des États membres.

Mais des réactions au contenu des papiers... Je pense par exemple au récent rapport (2) présentant dix idées pour la nouvelle équipe...

— C'est un bon exemple. Je sais qu'il y a là-dedans une proposition qui n'est pas du tout consensuelle sur l'entraînement des forces ukrainiennes en Ukraine. Nous ne sommes pas les seuls à en parler, mais ce n'est pas accepté. Mais cela fait partie du travail de l'institut de produire des analyses, des propositions, et tout le monde prend cela dans cet esprit-là, y compris les États membres qui ne sont pas d'accord avec ces propositions. C'est aussi ce que les gens attendent de nous. On pourrait aussi parler du Sahel. Sur la stratégie [à développer pour l'UE : ndr], on est sous pression et on fait des réunions à huis clos pour analyser des aspects sensibles. Sur la production d'armes en Ukraine, nous étions un peu avant. Ce n'était pas encore à la mode. Comme je le dit souvent à mon équipe, il faut prendre en compte les réalités politiques de chaque État membre ; il ne faut pas être naïf, mais cela ne veut pas dire que nous sommes obligés de nous en tenir au point d'équilibre qu'ils ont déjà trouvé au Conseil. Parce que si c'est ça, quel est l'intérêt de l'institut.

(Olivier Jehin)

  1. T. Gomart, L'accélération de l'histoire, Tallandier, 169 p.
  2. [Décryptage] L'Europe doit être plus géostratégique. Les dix idées de l'EUISS

Entretien réalisé en face-à-face, le 13 novembre 2024, en français.

 

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