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Brexit oblige, le commandement de l’opération EUFOR Althea va passer à un Français

(B2 - exclusif) C'est bien un Français qui devrait récupérer dès 2019 le commandement de l'opération EUFOR Althea, au plan stratégique, confirmant ainsi certaines informations publiées sur B2.

L'opération européenne de stabilisation en Bosnie-Herzégovine entamée en 2004, à la suite de l'opération similaire de l'OTAN va aussi être prolongée d'une année supplémentaire. Du moins, c'est ce que comptent demander les Européens au Conseil de sécurité des Nations unies (1).

Un commandement qui reste basé au Shape

La chaîne de commandement de l'opération de stabilisation en Bosnie-Herzégovine continuera de passer par l'OTAN, dans le cadre des accords de Berlin Plus, contrairement à certaines idées qui ont circulé un moment. Simplement on change de tête. Au lieu du Saceur (commandement suprême adjoint des forces alliés en Europe) comme aujourd'hui, poste exercé par un Britannique, le commandement de l'opération va échoir au chef adjoint de l'état-major, un Français, le général de division Olivier Rittimann, venant de la légion étrangère.

Un effet du Brexit à venir

Un effet induit du Brexit : le commandement d'une opération de l'Union européenne ne pouvant être assuré après le 29 mars 2019 par un Britannique. Les ambassadeurs des États membres de l'UE (COPS) ont approuvé le principe de ce passage de témoin. Restera à l'OTAN de finaliser le processus de manière interne. NB : le commandement sur le terrain reste en revanche assuré par les Autrichiens qui fournissent avec les Hongrois l'essentiel des forces.

Un simple changement de tête

Peu de pays membres semblaient disposés à engager un bras de fer avec l'OTAN pour récupérer l'autonomie de commandement au niveau européen (Carnet 23.04.2018). La solution de désigner un nouveau commandant d'opération au sein même du SHAPE, apparait comme la meilleure garantie de la continuité. Le commandement suprême des forces alliés en Europe a l'avantage d'avoir géré, depuis le début, cette opération au plan stratégique, de disposer d'une cellule de liaison avec l'Union européenne, et d'avoir une proximité géographique avec Bruxelles et les structures politiques et de commandement de l'UE. Ce qui facilite les contacts au quotidien.

Un homme de la légion

Né le 17 juillet 1961, diplômé de Coetquidan, Olivier Rittimann est affecté en 1984 au 4ème régiment de légion étrangère en tant que chef de peloton chargé de l'instruction de base des nouveaux légionnaires. En 1986, il rejoint le 6e régiment du génie de la Légion étrangère, comme chef de peloton puis commandant de compagnie, avec des déploiements opérationnels au Tchad (opération Epervier), à Mayotte, au Pakistan (opération Salam) et en Arabie saoudite (opération Daguet).

En 1992, il est sélectionné comme instructeur à l'Académie militaire et, en 1994, est envoyé au US General Army Staff College à Fort Leavenworth (Kansas) et Armed Forces Staff College à Norfolk (Virginie). De retour en France, après l'école de guerre (alors le Collège interarmées de Défense), il retourne au 6e régiment étranger de génie de Laudun cette fois en charge des opérations et de la formation (août 1996 - juillet 1998), puis chef de corps du 1er régiment de génie de Laudun de la Légion étrangère (juillet 2001 - juillet 2003). Entre les deux, il fait un déploiement opérationnel dans la Force de stabilisation de l'OTAN en Bosnie-Herzégovine (SFOR), puis est affecté en 1998 au QG des forces alliées du Nord à Brunssum (Pays-Bas) où il participe aux activités "Training and Exercises" et "Policy and Concepts". Il sert ensuite au Pakistan comme attaché de défense (août 2003-août 2007).

Parfait connaisseur des rouages de l'OTAN

Olivier Rittimann a fait une bonne partie de sa carrière à suivre les dossiers l'OTAN. Il a ainsi été successivement responsable de la branche OTAN à l'état-major général des armées françaises à Paris (août 2007 - août 2010), où il suit notamment la réintégration par la France des structures de commandement de l'OTAN décidée par Nicolas Sarkozy. Il devient ensuite directeur des opérations au commandement de la force alliée à Heidelberg en Allemagne (août 2010 - août 2012), représentant militaire adjoint au comité militaire (août 2012 - août 2015), représentant militaire national français au Shape (août 2015 - août 2017), un poste clé puisqu'il a capacité de représenter et évaluer les quelque 600 personnels en poste au sein du QG de l'OTAN, avant d'être nommé en juillet 2018 au poste de chef d'état-major du Shape.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) L'opération qui se déroule sous l'égide du chapitre VII de la Charte des Nations unies a vu régulièrement son autorisation d'action renouvelée par le Conseil de sécurité des Nations unies, en dernier lieu par la résolution 2384 du 7 novembre 2017.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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