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[Portrait] Un Néerlandais directeur de l’état-major de l’UE en 2023

(B2) C'est finalement le général Michiel van der Laan qui a été choisi mercredi (18 mai) pour succéder au vice-amiral Hervé Bléjean comme directeur général de l'État-major de l'UE. Plusieurs candidats étaient en lice. Passation de pouvoirs prévue en juin 2023.

(photo : Conseil de l'UE Novembre 2019 / Archives B2)
  • Le directeur de l'état-major de l'UE (EUMS) est élu par ses pairs, les chefs d'état-major des 26 États membres de l'UE participant à la PSDC (Danemark excepté). Généralement un an à l'avance. La tradition a été respectée.
  • Michiel van der Laan est depuis juillet 2019 le chef de la représentation militaire des Pays-Bas auprès de l'OTAN et de l'UE à Bruxelles.
  • Il aura pour tâche principale d'accompagner la mise en place concrète de la future capacité de réaction rapide de l'UE et la transformation de l'état-major en véritable QG militaire de l'UE.

Un homme des chars déployé en Bosnie-Herzégovine

Diplômé de l'Académie royale militaire de Breda en 1987, Michiel incorpore le 103e bataillon de reconnaissance à Seedorf, en Allemagne. D'octobre 2002 à août 2005, il prend le commandement du 11e bataillon de chars. C'est dans ce cadre qu'il est déployé en 2003 en Bosnie-Herzégovine au sein de la force de stabilisation de l'OTAN (SFOR), comme commandant de la task force du 11e bataillon mécanisé.

À l'état-major

Il sera ensuite promu colonel en juin 2006, devenant chef de la branche des concepts à l'état-major de la défense, puis de mars 2008 à mai 2009, chef de cabinet personnel du commandant de l'armée. Mais, comme la plupart des officiers néerlandais, la majeure partie de son expérience extérieure se déroule du côté de l'OTAN.

À la FIAS, en Afghanistan

En 2009, promu général, il rejoint l'Afghanistan comme directeur de la stabilité au sein du QG du commandement régional Sud de la force de stabilisation de l'OTAN (FIAS). Il a en charge notamment les relations de la FIAS avec les organisations non militaires (NB : les Néerlandais étaient largement présents dans le Sud du pays, en Uruzgan). À son retour en décembre 2009, van der Laan prend le commandement de la 13e brigade mécanisée à Oirschot (± 3000 soldats). En 2011, il assure le commandement d'un des groupements tactiques de l'UE (battlegroup).

Une forte expérience euro-atlantique

En janvier 2013, promu major-général, van der Laan devient le chef adjoint du 1er corps germano-néerlandais. À ce titre, il est responsable des préparatifs de la force à très haut niveau de préparation 2015 (VJTF15). Il a aussi commandé les forces terrestres de l'OTAN lors de l'exercice Trident Juncture en Norvège en 2018 (le plus grand exercice de l'Alliance) et le commandement de la composante terrestre de la Force de réaction (NRF) en 2019. Entretemps, de 2014 à 2016, il est le directeur des opérations du ministère néerlandais de la Défense.

Commentaire : un poste qui prend de l'épaisseur avec des Néerlandais en embuscade

Cinq pays candidats

Outre les Pays-Bas, quatre autres pays, essentiellement du Sud (Grèce, Italie, Portugal, Espagne), avaient fait acte de candidature pour le poste de chef d'état-major. Signe de l’intérêt renouvelé pour ce poste qui prend de l'épaisseur au fur-et-mesure de la montée en puissance de l'état-major : avec le rôle de commandement d'opération pour les missions militaires de la PSDC, son rôle actuel dans la coordination des fournitures militaires pour l'Ukraine (Clearing House Cell) et celui à venir pour la capacité de réaction rapide de l'UE.

Une présence néerlandaise affirmée

On peut remarquer la lente montée en puissance des citoyens de la reine Beatrix dans les structures politico-militaires de l'UE — Delphine Pronk est la présidente du COPS, le comité politique et de sécurité de l'UE, tandis que Joanneke Balfoort est la directrice de la politique de sécurité et défense du SEAE — comme de l'OTAN — c'est un Néerlandais Rob Bauer qui occupe le poste de président du comité militaire.

Un subtil équilibre au sein de l'UE

Cette nomination révèle aussi, et surtout, un savant équilibre. Au sein des structures européennes politico-militaires, les principaux postes de la PSDC civile et militaire sont détenus par des Espagnols, Italiens et Français. La présence d'un Autrichien au comité militaire procède aussi de ce souci de rééquilibrage.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet)

Documents : biographie (ENG) et communiqué du Conseil de l'UE 

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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