Quatre Rafale en quatre ans. L’avion tricolore est-il fiable ?

Il faut, en effet, commencer à se poser sérieusement la question. Car l'accident survenu, dimanche au large du Pakistan n'est pas le premier. En 4 ans c'est même le quatrième accident, sans élément extérieur apparent (pas d'engagement au combat, pas de tir).
Véritable hécatombe
Le 6 décembre 2007, un avion s'écrase à Neuvic, en Corrèze (France), lors d'un vol d'entraînement, de nuit sous la pluie. Bilan : 1 avion perdu, 1 mort. On conclura à une « désorientation spatiale » du pilote (cependant très expérimenté). Deux ans plus tard, le 24 septembre 2009, deux Rafale de la flottille 12F s'abîment en mer au large de Perpignan alors qu'ils regagnent le Charles de Gaulle. Bilan : 2 avions perdus, 1 mort. On conclura à une collision en vol entre les deux appareils due à un « facteur humain » selon le bureau enquête accident, cité par mon collègue J.Do Merchet (lire ici). Et ce 28 novembre 2010, un Rafale version F3 s'abime en mer, non loin du Charles de Gaulle où il opérait, à plus de 100 km des côtes pakistanaises. Le pilote s'éjecte et est récupéré indemne. Les causes ne sont pas encore connues.
1 demi milliard d'euros en cendres
Honnêtement cela commence à faire beaucoup pour un appareil entré en service en 2004. Soit les pilotes militaires (armée de l'air, marine...) sont incompétents. Ce que j'ai vraiment, mais vraiment, du mal à croire ! Soit on leur fait porter le chapeau pour des "erreurs de jeunesse" d'un avion. Si l'humain a du mal à se faire à l'avion, ce n'est peut-être pas seulement la faute de l'humain... Certes se poser cette question au moment où l'avion de combat français cherche, péniblement, à s'ouvrir quelques voies à l'exportation, ce n'est pas bienséant ou patriote. Mais tout de même. Le Rafale commence à coûter très cher à nos armées (en hommes) et à nos budgets. Sans compter les pilotes disparus. Les 4 avions perdus représentent pour le budget de l'Etat plus d'un demi-milliard d'euros ! Veiller à arrêter l'hécatombe et se pencher sur les causes ne serait peut-être pas superflu.
NB : le concurrent du Rafale, l'Eurofighter Typhoon a connu un (seul) crash, récemment. Tous les avions ont été cloués au sol pour examen. Exemple à suivre ?
Mise à jour (mardi 1h am) : J'ai reçu plusieurs séries de commentaires, dont je publie quelques uns qui synthétisent le mieux les remarques. Je comprends que la situation suscite l'émotion. Mais le rôle du journaliste est de poser les questions, sans parfois connaître les réponses. Pour avoir décortiqué quelques accidents aériens (civils il est vrai), ce qui semble sûr c'est qu'il y a rarement un facteur humain sans un problème technologique (surtout dans les avions modernes). Concernant l'Eurofighter, je ne comptabilise qu'un seul crash, l'autre s'étant produit en cours d'essai, avant la mise en service. Quant au facteur humain, je remarque simplement que les incidents subis par l'Eurofighter ont souvent été mis sur le compte de l'appareil, pour le Rafale jamais...