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Nucléaire iranien : Attention au jeu de dupes (L. Fabius)

LaurentFabiusJavadZarif@Fr131105(BRUXELLES2) A l'entame du troisième jour des négociations sur le nucléaire iranien à genève, entre les membres du Conseil de sécurité (+ l'Allemagne *) et leur homologue iranien, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, s'est voulu modérément optimiste. Ce matin sur France-Inter, il a notamment rappelé la position de la France qui se veut ferme. Mais aussi très claire. (écoute audio ci-dessous).

Un texte initial pas satisfaisant

« Le texte initial avancé n'est pas satisfaisant. Nous voulons un accord mais pas un jeu de dupes » a ainsi expliqué le ministre. « Pendant des années, l'Iran a développé un programme dont nous suspectons qu'il soit militaire. Si nous acceptons que l'Iran se dote de capacités nucléaires civiles, Car ce serait extrêmement dangereux dans la région et plus généralement » dans le monde. « Il y a eu des avancées. Mais nous n'avons aucune certitude de conclure. »

Deux conditions à respecter

Laurent Fabius a mis en avant deux questions majeures à régler. Premièrement, « le réacteur de Arak produit beaucoup de plutonium qui est très proliférant. Nous ne voulons pas que durant la négociation cela continue. » Deuxièmement, l'enrichissement. « Il y a tout un stock d'uranium enrichi à 20%, ce qui permet d'aller à 90% (**). C'est-à-dire militaire. Comment redescendre le stock de 20 à 5% ? Et que faire pour le futur ? » Si ces questions là « ne sont pas réglées, ce n'est pas possible ». 

Pas de levée des sanctions sans concession majeure

Quant à réduire les sanctions, la France n'y voit pas d'obstacle à condition que le processus de réduction soit « ciblé et réversible ». « Il n'est pas possible de lever cette arme, sans concessions majeures ».

(*) Négociation dite 5+1 en langage international (5 membres permanent du Conseil de sécurité de l'ONU + l'Allemagne) ou E3+3 en langage européen car désignant France-Allemagne-Royaume-Uni d'un coté et Usa-Chine-Russie de l'autre (dénomination préférée au niveau européen car elle n'isole pas l'Allemagne).

(**) Pour les experts du nucléaire, l'essentiel de l'effort a déjà été accompli par les Iraniens. Il ne faut se fier à l'apparence des pourcentages, comme l'a expliqué récemment un expert de haut niveau à B2. Aller de 3-5% à 20% « c'est plus que la moitié de l'effort pour atteindre 97% », soit le taux d'usage militaire. D'où l'inquiétude des alliés sur l'existence d'un stock très important à 20% et de la question de sa destination.

Nicolas Gros-Verheyde

Directeur de la rédaction de B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne, auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989. (France-Soir, La Tribune, Arte, Ouest-France, Sud-Ouest)

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