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Un commandant de force pour l’opération Irini. Enfin ! (v3)

Ettore Socci (crédit : EUNAVFOR Med)

(B2) La force navale européenne au large de la Libye chargée du contrôle de l’embargo sur les armes (EUNAVFOR Med Irini) aura officiellement un commandant de force dans quelques jours. Malte a levé son veto. Les ambassadeurs de l'UE doivent lancer la procédure écrite sur cette nomination ce mercredi (27 mai)

NB : L'information été confirmée officiellement jeudi (28 mai) par un communiqué du Conseil de l'UE. Le commandant de force commandera à bord du navire de sa nationalité. Ce qui nécessite encore quelques jours selon nos informations. Le navire italien n'étant pas encore sur zone.

La fin d'un psychodrame

La nomination du commandant de force n'a pas été simple. Elle a d'abord donné lieu à un bras de fer entre Athènes et Rome qui se disputaient le poste. Puis la réalité de la migration a fait irruption avec la volonté maltaise de voir trouver une solution à l'arrivée de migrants sur l'île.

Malte renonce

Le gouvernement de La Valette a finalement renoncé à apposer son veto à la nomination du nouveau commandant de force de l'opération Irini en Méditerranée, préférant s’abstenir. Malte voulait forcer les pays de l'Union européenne à accepter une répartition des migrants pris en charge sur deux bateaux de tourisme de la compagnie Captain Morgan, selon le quotidien Malta Today.

Un commandement partagé entre Italie et Grèce

Le contre-amiral italien Ettore Socci va pouvoir ainsi être nommé commandant de la force navale. Un mandat qui rétroagit au début de l'opération (1er avril) jusqu’au 18 octobre. Il s'agit en l'espèce davantage d'une régularisation que d'une nomination. Il sera relevé alors par son homologue grec, le commodore Theodoros Mikropoulos, qui prendra le relais du 19 octobre 2020 au 31 mars 2021. Un accord de partage du commandement issu d’un compromis entre Athènes et Rome, qui ont bataillé pour emporter le leadership de cette nouvelle opération maritime.

Un contre amiral italien, déjà présent dans l'opération EUNAVFOR Med

Engagé à 18 ans

Né à Tarente le 1er avril 1967, engagé dans la marine italienne à 18 ans, en 1985, Ettore Socci sort de l'Académie navale en sciences maritimes et navales quatre ans plus tard. Il sert comme officier opérationnel, de 1990 à 2001, à bord de plusieurs navires, de la corvette au destroyer, naviguant entre la mer Méditerranée, le golfe Persique et l'océan Indien. Il a commandé le navire-ravitailleur Brenta, a été commandant en second de la frégate Maestrale (F570) de entre 2005 et 2006, puis comme commandant du navire ravitailleur Stromboli (A5327) entre 2006 et 2007. Il a servi dans plusieurs opérations 'Sharp Guard', 'Maritime Monitor', 'Maritime Guard' de l'OTAN et 'Sharp Vigilance' de l'UEO, déployée au large de la Yougoslavie pour contrôler l'embargo sur les armes décrété par les Nations-unies.

Un artisan de la stratégie maritime de l'UE

À terre, il est chef de la branche "Guerre électronique" au département des études et des projets de l'état-major général de la marine italienne de 2001 à 2004. Puise chef de la branche 'état-major général' au bureau général du chef de la défense italienne de 2007 à 2011. Il part alors pour Bruxelles, pour diriger la branche 'Politique et concepts' à la représentation militaire italienne. Il participe notamment à l'élaboration de la stratégie de sécurité maritime de l'UE, et préside le groupe des 'Amis de la présidence' du Conseil, durant la présidence italienne.

De Augusta à Sophia

De septembre 2015 à juin 2017, il commande la base navale d'Augusta, en Sicile. Point essentiel de soutien logistique et de la maintenance de la marine italienne qui a servi de  base arrière logistique pour l'opération Sophia (lire : Les détails des moyens de l’opération Sophia / EUNAVFOR Med. Des manques au FHQ). Il intègre ensuite l'opération EUNAVFOR MED d'abord comme assistant militaire du commandant de l'opération Enrico Credendino, de juillet 2017 à décembre 2018, puis comme commandant de la force à partir de juin 2019 (lire : Un nouveau commandant de force à EUNAVFOR Med. Bon connaisseur de l’opération Sophia). Un mandat qui se cantonne alors surtout aux moyens aériens (drones et avions), les moyens navals de l'opération ayant été supprimés.

Le relais par un officier grec en octobre

(crédit : Marine Grecque)

Né à Athènes en mai 1965, Theodoros Mikropoulos a aussi rejoint la marine de son pays très jeune. A l'âge de 19 ans, il intègre l'académie navale comme cadet et en sort en 1988. Il est depuis mars 2019 commandant de la base navale de Souda après avoir servi dans la marine depuis près de 36 ans.

Un homme venu des patrouilleurs

Il a commandé le patrouilleur Panagopoulos I (P-61) de 1990 à 1991, le navire ravitailleur Ouranos (A-416) en 1998-1999, le patrouilleur rapide avec missiles guidés Blessas (P-21) entre 2000 et 2002 et la frégate Navarinon (F-461) de 2011 à 2013.

Il a aussi servi comme directeur du renseignement (N2) et directeur adjoint du centre des opérations maritimes (MOC) de l'état-major de la marine (2013-2015), chef du commandement des patrouilleurs rapides (2017-2018) et chef de cabinet du chef d'état-major de la marine. Il est nommé commodore (contre-amiral) en 2019.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Télécharger le CV de Ettore Socci et le CV de Theodoros Mikropoulos

Article complété avec des éléments biographiques de l'officier grec + la décision du Conseil et les explications sur la position de Malte

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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