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EUBAM Libya. Une mission en milieu difficile

(BRUXELLES2) Le déploiement de la mission d'assistance aux frontières en Libye (EUBAM Libya) va se faire dans une situation sécuritaire fragile et un contexte politique délicat. Les responsables européens en sont bien conscients.

Une situation sécuritaire fragile

« Si nous avons pris du retard, c'est à cause de la situation sécuritaire » a ainsi expliqué un responsable européen au lendemain de son adoption par le Conseil des ministres de l'UE. Elle reste « fragile ». Et les Européens restent « inquiets » notamment du fait « des milices payées par le gouvernement mais pas tellement contrôlées » ou des évènements à Benghazi. Ce n'est pas seulement l'attaque contre l'ambassade américaine en septembre qui inquiète. « Mais aussi d'autres évènements récents qui ont des impacts sur notre capacité à agir dans le pays ».

La situation dans le sud du pays n'est pas non plus très rassurante. « On voit bien le manque de connaissance de ce qui se passe au Sud quand on parle avec les autorités libyennes. Des rapports expliquent que des combattants quittent le Mali pour retourner en Libye pour y instaurer des bases ou aller dans d'autres pays. Mais on a peu d'informations » explique-t-il.

Une situation politique « plus prévisible qu'il y a un an »

Le retard sécuritaire est expliqué par le retard pris au niveau politique. « Si l'on devait attendre un gouvernement solide et pleinement opérationnel, on devrait attendre 2 à 3 ans de plus » affirme un responsable européen. Certes « la situation politique est meilleure ». Mais « la transition a pris plus de temps que ce que l'on pensait ». Les autorités libyennes ont décidé d'une élection pour mettre en place une nouvelle assemblée chargée de proposer une nouvelle Constitution qui devra être approuvée par referendum. Ce n'est qu'à ce moment là que pourront avoir lieu des élections c'est-à-dire « fin 2014 ou plus tard ».

Le risque de la Political Isolation Law

La Libye a adopté une loi « qui va empêcher tous ceux qui ont participé au régime de Kadhafi d'occuper des responsabilités publiques ce qui risque de déstabiliser le pays ». Les responsables européens prévoient « que beaucoup de membres de l'actuel gouvernement vont devoir partir et des hauts placés dans l'administration ». Bien que cette décision soit respectée car « souveraine » le spectre de ce qui s'est passé en Irak plane. On se souvient des conséquences qu'on eu « la débaassification » (mis à l'écart du parti Baas) et les conséquences que cela a eu et avec lesquelles ont doit encore lutter aujourd'hui, 10 ans plus tard ».

La sécurité de la mission, sous-traitée à une compagnie privée

La protection des personnels engloutira une bonne partie du budget des 30 millions d'euros alloués à la mission. Dans l'immédiat, la mission est engagée par un « accord de transition » avec une société privée qui s'occupe déjà de la sécurité de la délégation de l'UE à Tripoli. Après cette période, l'Europe comparera « les offres du marché mais c'est assez restreint » explique un officiel.

Lire sur B2 : EUBAM Libye, c’est parti ?

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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