L’opération EUFOR en Centrafrique sera à Bangui. Précisions (MAJ)
(BRUXELLES2 - exclusif) Les notions commencent à se préciser sur l'opération EUFOR Rca Bangui en Centrafrique qui devrait être pleinement opérationnelle au printemps.
Un consensus se dégage
Après une discussion qui n'a pas été très longue, les ambassadeurs du Comité politique et de sécurité ont donné leur feu vert aujourd'hui (15 janvier) pour planifier une opération militaire autour de l'aéroport de Bangui (EUFOR Rca Bangui). C'est l'option qui recueillait une nette majorité de consensus. En décembre, déjà, la France avait exprimé sa préférence pour cette option (lire : Les options d’une mission PSDC en Centrafrique (selon la France). Le Royaume-Uni qui avait exprimé certaines réserves ou, plutôt, le « besoin de temps pour confirmer un accord » - comme l'exprime un diplomate - a levé celles-ci, confirmant qu'il y avait un accord politique de Londres pour continuer la planification d'une opération EUFOR si elle restait concentrée sur Bangui. Quelques pays - comme la Suède - ont exprimé des regrets sur le fait que le battlegroup n'avait pas pu être employé.
Objectifs. L'objectif de l'opération sera triple : contribuer à la sécurisation de l'aéroport, contribuer à la fourniture de l'aide humanitaire, apporter un soutien technique à l'Etat-Major de la Misca qui manque de certains éléments — comme le C2 (Commandement et contrôle) ou les télécommunications satellites.
Durée et exit strategy. L'opération aura normalement une durée de six mois. Et la stratégie de sortie est d'assurer la transition avec une mission internationale, soit la mission africaine de la MISCA, soit la mission onusienne.
Calendrier. Le concept de génération de crises (CMC) doit maintenant être affiné autour de cette option. C'est ce document que les Ministres des Affaires étrangères approuveront lundi (20 janvier). Le comité militaire va se réunir de façon exceptionnelle jeudi soir. Et le COPS reviendra sur le sujet vendredi. La décision-cadre de l'opération sera approuvée plus tard. Il faut, en effet, attendre l'aval formel des Nations-Unies, sous forme d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité. Ce texte - qui aura aussi pour objet de renouveler le BINUCA (le bureau des Nations-Unies en Centrafrique) - est en cours de discussion, et devrait normalement être approuvé à New-York le 23 janvier. Les Européens devront également désigner le chef de l'opération. Il restera ensuite à approuver le Concept d'opération (Conops), le Plan d'opération (OpPlan) avant de donner le feu vert final au déploiement de la mission. Au plus tôt, si tout va bien, les premiers éléments devraient être déployés d'ici fin février, début mars.
Commandement. Aucun chef de mission n'a encore été désigné. Mais la France a proposé d'être la nation-cadre en fournissant le FHQ (quartier-général de force) voire si nécessaire l'OHQ (quartier général de l'opération) du Mont-Valérien (qui avait déjà servi pour l'opération EUFOR Tchad). La Grèce a aussi proposé de mettre à disposition son OHQ à Larissa. L'éventualité ou non d'un OHQ doit encore être discutée entre les experts militaires tout d'abord et, ensuite, au plan politique.
Etats Participants. Aucun pays n'a aujourd'hui formellement indiqué qu'il participerait à l'opération EUFOR RCA Bangui, selon les informations rassemblées par B2. L'Estonie devrait officialiser sa participation demain (jeudi 16 janvier). La France (nation-cadre) fournirait une bonne partie de l'effectif de commandement. La Belgique fournirait notamment une compagnie de parachutistes. La Pologne et la république Tchèque étudient une participation qui pourrait être commune à cette mission.
L'Allemagne en l'état actuel ne participerait pas à la mission avec des troupes au sol mais prêtera une assistance. Plusieurs autres pays (comme la Suède ou l'Espagne) ont indiqué réfléchir à une participation. L'Espagne devrait éclaircir sa position lors du prochain Conseil des ministres des Affaires étrangères. Le Luxembourg pourrait éventuellement participer mais préfère, pour l'instant, se concentrer sur une participation au Mali.
La Finlande n'a pas pris de décision politique sur une possible participation et personne ne peut présumer une contribution. Idem pour la Slovaquie. L'Autriche n'a pas prévu de contribution pour l'instant mais les ministres des Affaires étrangères et de la Défense doivent se rencontrer à Vienne vendredi pour en discuter. Position plus précise des Pays-Bas qui ne devraient pas participer, se réservant pour l'engagement au Mali (au sein de la Minusma). La Bulgarie n'a pas prévu de participer sauf si c'est dans le cadre d'un battlegroup (auquel le pays participe ce semestre). L'Irlande attend d'avoir une décision des Européens et une résolution de l'ONU avant de se prononcer.
Financement de l'opération. Les coûts communs de l'opération seront pris en charge par le mécanisme Athena. Mais la possibilité de faire appel à une utilisation exceptionnelle du mécanisme pour certains coûts - sur accord du Conseil - est en débat. Pourrait ainsi être financé particulièrement le transport stratégique (Europe - Afrique) des troupes. Un point qui ne suscite pas vraiment encore un consensus et devra susciter de nouvelles discussions au plan technique (au sein du comité Athena) comme politique). Une mission d'évaluation devrait partir sur place la semaine prochaine, afin d'étudier les différentes options.
(Mis à jour 22h30 - 11h ) sur les pays participants (Finlande, Espagne, Slovaquie, Irlande)