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Ursula von der Leyen met sa démission de MinDéf dans la balance pour emporter les voix de sa majorité

(B2) Quel que soit le résultat du vote, « je démissionnerai de mon poste de ministre de la Défense », a annoncé  la candidate désignée de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans un message publié sur tweeter en fin d'après-midi lundi (15 juillet)

Un message destiné avant tout à emporter l'adhésion des derniers eurodéputés hésitants et réticents. Les différents groupes politiques se réunissent ce soir à Strasbourg, en marge de la plénière. U. von der Leyen intervient en plénière à partir de 9h. Une pause a lieu dans l'après-midi permettant aux différents groupes et députés d'affiner leur position. Le vote (par bulletins secrets) devrait commencer à 18h et le résultat est attendu pour 19h30.

Tous les calculs permis

Au Parlement européen, chacun se livre à un décompte et au pronostic. La majorité semble juste. Mais l'équipe de Ursula von der Leyen et ses soutiens comptent bien gagner député par député les voix nécessaires pour permettre non seulement de s'assurer de la majorité absolue (fixée à 374 voix), voire de la dépasser pour ne pas avoir une victoire trop étriquée. Au final, si on comptabilise une petite déperdition dans les deux groupes de droite, et le ralliement de quelques députés de différents groupes, l'ancienne ministre allemande de la Défense, pourrait compter sur 360 voix au moins dans une hypothèse très pessimiste (soit un score insuffisant pour être élue), entre 380 et 400-405 voix dans une hypothèse moyennement optimiste.

La droite soutient largement la candidate, la gauche beaucoup moins

Après quelques dissensions, dus à l'éviction de son Spitzenkandidat, Manfred Weber, le groupe PPE est désormais acquis et sans condition. Le groupe Renew Europe a posé certaines conditions, notamment sur l'état de droit. Une partie du groupe conservateur (ECR) pourrait voter Pour, mais beaucoup plus faible que prévue. Plusieurs délégations, notamment les Polonais du groupe — pourrait s'abstenir, ou voter Contre, furieux de voir leur candidat blackboulé de la commission Emploi. Les Italiens (Lega Nord et Mouvement 5 Etoiles) répartis entre le groupe nationaliste et les non-inscrits, pourraient voter 'Pour', mais les Français et Allemands du groupe I&D voteraient contre. Le groupe Verts a indiqué voter contre, tout comme le groupe de la Gauche (GUE).

Un groupe social-démocrate divisé

Une grande partie du score de l'Allemande va dépendre de la mobilisation du groupe social-démocrate : les latins votant en sa faveur, mais les germaniques et francophones semblent en sa défaveur. Une première évaluation recueillie en interne donnait « un tiers environ du groupe en sa faveur » (PSOE espagnol, socialistes portugais et une partie des démocrates italiens et deux tiers plutôt contre ou réservés (SPD allemand, socialistes belges et français, etc.). « Elle n'a pas convaincu. Sur la migration, la lutte contre l'évasion fiscale, l'inclusion sociale, les changements climatiques... ses propositions restent très vagues » nous confie le Belge PS Marc Tarabella. Mais la pression commence à se faire forte. Tour à tour, dans l'après-midi, plusieurs leaders socio-démocrates sont montés au créneau pour soutenir l'Allemande.

Une pression forte

Ursula Von der Leyen « propose des engagements en matière d'assurance chômage européenne, de lutte contre l'urgence climatique et d'égalité des genres. Nous continuerons d'exiger plus d'efforts pour l'Europe sociale, mais nous devons soutenir sa candidature demain » énonce le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez. « Je salue la lettre de (Ursula) von der Leyen avec des engagements très clairs en faveur du respect de la légalité, de l'ambition de la transition vers la neutralité carbone, de la promotion de l'égalité des sexes, de la défense d'une plus grande solidarité dans la politique de migration. Ce sont des engagements positifs qui justifient notre soutien lors du vote du Parlement européen demain » renchérit son homologue portugais Antonio Costa.

Une analyse en plénière

Le vice-président SPD du Bundestag, Thomas Oppermann, a appelé lundi ses camarades de partis à voter pour leur compatriote. « Toute autre solution impliquerait un affaiblissement de l'Union européenne et personne d'autre ne peut le faire », indique-t-il dans le Hannoversche Allgemeine Zeitung. Le groupe social & démocrate assure, dans un tweet, vouloir se prononcer mardi après le débat et l'analyse de la lettre de la présidente désignée à la Commission. « Nous évaluerons attentivement les réponses [de von der Leyen] avant de prendre une décision finale ». La présidente du groupe S&D Iratxe Garper devrait répondre vers 10h en plénière et le groupe se réunit à 16h pour finaliser sa position.

Pas de chance au rattrapage

Beaucoup dépendra donc du discours de programme de la candidate désignée mardi matin et de ses réponses en plénière. Les premiers contacts avec les groupes n'ont pas été très fructueux, tout comme sa première prestation devant la presse (lire : Ursula von der Leyen : comme un avion sans ailes). La ministre allemande de la Défense a-t-elle amélioré son fond comme la forme. On le saura dans quelques heures. Ce qui est sûr, c'est que si la candidate est rejetée, elle n'a pas droit à une seconde chance. Le Conseil européen doit, à nouveau, se réunir et proposer dans le mois un nouveau candidat. Ce qui scellerait le début d'une crise institutionnelle. En cas de doute, la seule solution — pour sauver le 'soldat von der Leyen' — serait de repousser le vote d'un jour ou deux, voire de le repousser, après l'été, à septembre.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Ursula von der Leyen poussée dans ses retranchements au Parlement

Complété à 7h du matin avec une précision sur 'pas de chance au rattrapage'

 

 

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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