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[Portrait] Un nouveau gouvernement slovène se met en place, plus à droite. Janez Jansa revient au pouvoir pour la troisième fois

(B2) Un nouveau gouvernement de centre-droite a été formé en Slovénie, dirigé par Janez Jansa, qui a été plusieurs fois premier ministre. Il a été entériné par l’assemblée nationale vendredi (13 mars) par 52 voix contre 31

Janez Janša (crédit : gouvernement slovène)

Ce gouvernement est constitué d'une coalition de quatre partis : le Parti démocratique slovène (SDS/PPE), le Parti du centre moderne (SMC / Renew) — de Miro Cerar, l'ancien Premier ministre (2014-2018) et depuis 2018 ministre des Affaires étrangères —, la Nouvelle Slovénie (NSi/PPE) de Matej Tonin et du Parti démocrate des retraités slovènes (DeSUS/Parti démocrate) — de Karl Erjavec, ancien ministre des Affaires étrangères (2012-2018) et de la Défense (2004-2008 et 2018 à présent). Il a nécessité plusieurs semaines de discussion après la chute du gouvernement de centre-gauche de Marjan Šarec, celui-ci ayant démissionné le 27 janvier 2020, après avoir échoué à aboutir à une des promesses de campagne, la réforme du système de santé. Télécharger la composition du gouvernement Slovène

Premier ministre : Janez Janša (SDS)

Janša est un insubmersible de la politique slovène. Son esprit d'endurance, il l'a forgé durant ses premières années. Né en 1958 à Ljubljana, diplômé en études de la défense de la faculté de sociologie, de sciences politiques et de journalisme en 1982, deux ans après la mort de Tito, il se montre plutôt critique de la direction communiste. Président de la commission de défense de l'association de la jeunesse socialiste de Slovénie, il critique la direction dans l'hebdomadaire des jeunesses communistes Mladina réputé pour son esprit alternatif, et est exclu du parti. Arrêté en 1988, traduit en cour martiale pour avoir révélé le plan de contrôle militaire de la Slovénie, il est condamné à dix-huit mois de prison. Son procès fortement médiatisé, est considéré comme un des facteurs de cristallisation de l'indépendance future, notamment avec la mise en place de comités de soutien 'Free Jansa'.

En 1989, fonde le SDZ, l'Union démocratique slovène, le premier parti d'opposition et en devient le vice-président durant les années suivantes. En 1990-1991, durant la phase d'émancipation de Belgrade, il occupe le poste clé de ministre de la Défense. C'est à lui qu'incombe de forger la défense de la république indépendante, à partir des forces territoriales (peu équipées), de l'équiper (des armes sont achetés sur le marché secondaire notamment au Singapourien Armbrust) et de mettre à l'écart les récalcitrants. Équipée d'armes anti-chars, la toute jeune armée inflige une défaite à l'armée populaire yougoslave, qui se replie dans le désordre, laissant au tapis de nombreux chars et plusieurs hélicoptères, et plusieurs milliers de prisonniers. Ce résultat propulse Janša au premier plan. Il reste à ce poste jusqu'en 1994. Il est élu président du SDS pour la première fois en 1993. Poste qu'il ne quittera pas.

Premier ministre à deux reprises, de 2004 à 2008, notamment durant la présidence slovène de l’UE, et de 2012 à 2013, il reste éclaboussé par l'affaire de corruption des marchés de défense avec le Finlandais Patria. Il sera condamné à deux ans de prison en 2013, fera appel, mais sera finalement acquitté par le tribunal de Ljubljana en 2015, les juges estimant que les faits sont désormais prescrits. Une machination fomentée par ses adversaires politiques estime l'intéressé qui entend bien aujourd'hui prendre sa revanche. Tout comme son ami, et compagnon de route politique, le Hongrois Viktor Orbán.

Si tout va bien, il pourrait retrouver en 2021, les chemins européens, puisque la Slovénie doit occuper le poste de la présidence du Conseil au second semestre 2021 (juste après le Portugal et juste avant la France). Un trio que Janez connait bien puisqu'il l'a déjà pratiqué il y a presque quinze ans (lire l'interview réalisée en 2007,  Janez Jansa : L’intérêt de l’Europe, que les Balkans adhèrent).

Télécharger sa biographie officielle - Lire aussi : Janša, prénom Janez. Un insubmersible à la tête de la présidence slovène de l’UE

Défense : Matej Tonin (NSI)

Matej Tonin (crédit : gouvernement slovène)

Le leader du (petit) parti chrétien démocrate NSi (Nouvelle Slovénie) prend le poste de la Défense et de vice-premier ministre. Né en 1983, député et membre de la commission défense de l'assemblée nationale depuis 2011 et de l'assemblée parlementaire de l'OTAN, Matej Tonin est un adepte des nouvelles technologies. Il a ainsi présenté des rapports sur l'intelligence artificielle dans les forces armées, le dark web et les risques et défis posés par les outils intelligents connectés à internet.

Sa première priorité sera de gérer l'épidémie de coronavirus, en relation avec le Premier ministre qui a mis en place un cabinet de crise. Il devrait rapidement opérer un demi-tour, ayant démenti tout projet de quarantaine. Autre facteur de dissension avec le chef de gouvernement : l'exclusion de la Fidesz hongroise du PPE que Tonin avait défendu mordicus, selon le quotidien Vecer.

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Affaires étrangères : Anže Logar (SDS)

Anze Logar (crédit : gouvernement slovène)

Né en 1976, membre du SDS, directeur du bureau de communication dans les deux précédents gouvernements Janša , Anže Logar a notamment été le porte-parole du gouvernement lors de la présidence slovène de l’UE en 2008. Auparavant, il a été conseiller au groupe PPE du Parlement européen de 2003 à 2006.

Durant ces dernières années, il s'est plutôt illustré comme spécialiste des questions financières. Membre de la commission des finances de l'assemblée nationale, il préside la commission d'enquête chargée d'identifier les abus dans le système bancaire slovène des gouvernements de J. Janša. Un domaine qu’il connait bien pour avoir travaillé dans le secteur bancaire au début de sa carrière, au sein du département marketing de la SKB banka durant près de trois années.

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Intérieur : Aleš Hojs (SDS)

Ales Hojs (crédit : gouvernement slovène)

Né en 1961, cet ingénieur de génie civil, qui a fait une bonne partie de sa carrière dans l'administration nationale des routes et des entreprises publiques du secteur, est un peu le 'monsieur Autoroutes' de Slovénie. Il a introduit notamment la vignette de péages. Dernièrement, il travaillait au bureau de représentation de DRI Investment Management, pour l'Europe du Sud-Est à Belgrade et a également dirigé supervisé un projet de construction d'autoroute financé par  la Banque mondiale.

Il a déjà été ministre, en charge de la Défense, dans le second gouvernement Janša de 2012 à 2013. À son actif, la fin du délicat contrat avec l’industriel finlandais Patria qui a entaché le premier gouvernement Janša, conduisant le Premier ministre à un procès en corruption. Il a aussi tenu à rendre hommage aux victimes de la guerre d'indépendance en donnant leur nom aux casernes de l'armée.

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(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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