(B2 à Melsbroek) Profitant de la présence du Haut représentant de l'UE, Josep Borrell, sur la base aérienne militaire de Bruxelles, nous lui avons posé des questions sur le rapprochement engagé avec les Américains en matière de défense européenne
Vous avez topé sur un accord avec les Américains pour l'Agence européenne de défense ?
— Attendez. Nous avons juste montré la volonté d'arriver à un accord. Nous n'y sommes pas encore arrivés. Ce qui pose des questions, c'est la possibilité d'exporter les produits qui résultent de nos travaux, notamment quand on utilise de la technologie [NB : américaine]. Certains pays membres se sont montrés préoccupés par cet aspect.
... Cette question d'entrave technologique (type ITAR) est-elle critique pour vous ?
— Nous sommes très occupés à développer nos capacités. C'est normal que nous soyons aussi très préoccupés à ne pas avoir de règles qui entravent l'exportation de nos produits, avec les technologies que l'on utilise. C'est un problème particulier qui existe au niveau militaire [NB : avec la législation ITAR] (lire le protectionnisme américain en matière de défense). Nous allons chercher une solution.
Avez-vous demandé la réciprocité, par exemple avec la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) ?
— Il n'y a pas vraiment d'équivalent à l'Agence européenne de défense de l'autre côté de l'Atlantique. Nous n'avons donc pas parlé de réciprocité. Pour l'instant, je n'ai pas senti que les États membres étaient demandeurs.
Les Européens se préoccupent-ils assez de leur défense ?
— Les questions de défense ne sont pas assez présentes sur la place publique. La défense doit devenir une question populaire parmi les citoyens. C'est important. Les Européens doivent assurer leur sécurité. Nous avons vécu sous le parapluie protecteur des USA depuis la fin de la guerre. Et le parapluie, pour certaines choses, dans certains domaines, n'est plus là. Il faut le voir en face. Nous devons bâtir nos propres capacités. Il n'est pas question automatiquement de dépenser plus, mais aussi de dépenser mieux.
(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)
Propos recueillis en marge de la visite à l'unité binationale A400M à Melsbroek jeudi (17 juin) lors de la conférence de presse
Directeur de la rédaction de B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne, auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989. (France-Soir, La Tribune, Arte, Ouest-France, Sud-Ouest)