[Billet] Un peu d’espoir dans notre voisinage dans un monde chaotique ?
(B2) Contrairement aux va-t-en-guerre et semeurs d'anxiété, le monde qui nous entoure ne va pas vraiment plus mal qu'il y a un an ou trois ans. Il semblerait même aller mieux. C'est paradoxal. Mais il y a certains signes positifs, malgré tout. Il faut les voir, pour ne pas broyer du noir en permanence.
1. Arménie et Azerbaïdjan ont signé un accord
Ce n'est pas encore la paix définitive. Mais c'est un pas clair et engageant vers une porte de sortie pacifique du conflit du Haut Karabagh récupéré (par la force) par l'Azerbaïdjan. La Turquie sort gagnant de cette épreuve, ayant soutenu Bakou mais ayant aussi rétabli ses relations avec Erevan.
2. Le Liban a un président et un gouvernement de plein exercice
Au terme d'une longue épreuve. Le Hezbollah a été rudement atteint par les coups portés par Israël. La voie de l'État hébreu (la force), peut ne pas être partagée. Mais le résultat est là. Un cessez-le-feu un rien fragile a permis de donner une solution provisoire au conflit dans le Sud du pays.
3. Le régime de Bachar est tombé en Syrie
Un des régimes les plus sanguinaires qui soit. Certes le nouveau pouvoir n'est pas celui rêvé par les occidentaux. La violence demeure. Des atteintes à la démocratie aussi. Mais incontestablement c'est mieux. On ne peut pas sortir d'une dictature continue depuis plus de 50 ans et d'une des guerres civiles les plus sanglantes et horribles de notre voisinage, en deux mois.
4. Entre Israël et Gaza
Certes le cessez-le-feu vient d'être violé. Les bombardements ont repris. On peut cependant espérer que ce soit une étape vers un nouveau cessez-le-feu. Là encore comme en Syrie ou au Liban, cela évolue par strates successives, alternant tensions et détente.
5. En Libye
La stabilisation politique peine, les incidents armés continuent sporadiquement. Mais ce n'est pas pire qu'avant les affrontements entre milices, surtout autour des sites d'extraction de pétrole (Zawiha) ou de Tripoli (cf. août 2023 ou novembre 2024 avec plus de 50 morts).
6. L'Iran continue sa route sur le nucléaire
Mais il y a une lueur : l'Américain Donald Trump semble disposé à entrer en négociation avec Téhéran (et compte sur Russie pour faire pression). Étonnant, lui qui avait dénoncé en 2018 l'accord du JCPOA...
7. Reste un conflit majeur : Russie - Ukraine
Même si le cessez-le-feu n'est pas effectif, le processus est engagé. Espérons qu'il aboutisse. J'y reviendrai
Au final, tout n'est pas mais...
Ces "avancées" (Syrie, Liban, Arménie-Azerbaidjan) au terme de plusieurs années de guerre ou d'instabilité restent fragiles. Et pour le chaos libyen, comme le nucléaire iranien, je me garderai de tout pronostic positif. Mais ils inclinent (un peu) à l'espoir. Cela ne veut pas dire qu'il faille baisser la garde. Au contraire. Mais cela laisse un souffle d'air. La vraie question reste : les Européens sauront-ils retrouver un rôle plus proactif pour stabiliser leur voisinage ? Ou devront-ils se voir imposer par d'autres (USA, Turquie, pays Golfe) leur intermédiation et leurs conditions ?
(Nicolas Gros-Verheyde)