Des violations du cessez-le-feu en dents de scies
(B2) Pour jauger de l'intensité du conflit à l'Est de l'Ukraine, on peut avoir plusieurs indicateurs 'objectifs' : le nombre de violations du cessez-le-feu, comptabilisées par les observateurs de l'OSCE, la capacité de ces observateurs à déployer des moyens et le critère des pertes humainres

Une augmentation relative des violations du cessez-le-feu
Les rapports de la mission d'observation de l'OSCE (SMM) ont noté assez froidement une augmentation de la tension dans les derniers jours.
Dans la région de Donetsk, entre le 9 et le 11 avril, 367 violations du cessez-le-feu ont été enregistrées, contre 20 violations sur la période précédente. Idem dans la région de Louhansk, 224 violations du cessez-le-feu contre six violations du cessez-le-feu. Seule la région du sud-est de Kherson, reste plutôt calme.
Le 14 avril, c'est plutôt calme
Le 16 avril, cela reprend. Dans la région de Donetsk, le SMM a enregistré 1591 violations de cessez-le-feu. Mais sur ce nombre, 1528 ont été évaluées comme un exercice de tir réel probable. A comparer aux 118 violations de la période précédente. Et dans la région de Louhansk, la Mission a enregistré 51 violations du cessez-le-feu. Au cours de la période précédente, il a enregistré 13 violations de cessez-le-feu dans la région.
Entre les soirs du 16 et du 18 avril, on retombe à un niveau de moyenne. Dans la région de Donetsk, la mission a enregistré 267 violations du cessez-le-feu (199 violations dans la période précédente). Dans la région de Louhansk, ce sont 65 violations du cessez-le-feu qui ont été signalées (contre 0 dans la période précédente).
[Commentaire] Cette augmentation n'est pas surprenante quand on observe le conflit ukrainien sur plusieurs années, avec des hauts et des bas, Si elle peut apparaitre brutale, après une période de calme relatif qui a suivi l'accord de juillet 2020, elle reste plutôt modérée si on prend un peu de recul. Au 14 avril, ainsi sur une moyenne des 30 derniers jours, on a eu une moyenne d'environ 200 violations du cessez-le-feu, là où sur toute l'année 2020, on avait une moyenne journalière de près de 400 violations.

Vols de drones interrompus
La liberté de mouvement des observateurs reste « restreinte ». Les vols de drones ont dû être interrompus à cause du brouillage provoqué par des signaux d'interférence GPS. Technique classique pour couper tout effet aux drones. Ce n'est pas la première fois. A plusieurs reprises déjà, les drones de l'OSCE avaient été cloués au sol. Ce fut le cas en 2014, dans la foulée de l'intervention russe (lire : Les drones de l’OSCE cloués au sol dans l’est de l’Ukraine). Mais aussi dans les années suivantes en 2015 et 2016 (lire : Dur, la vie d’un drone dans l’est de l’Ukraine). En 2018, l'un d'entre eux avait été abattu (lire : Un drone de l’OSCE détruit à l’est de l’Ukraine. Paris et Berlin pointent le doigt vers la Russie).
Nombre de morts / jour
Cela paraitre très froid. Mais dans les chancelleries, l'intensité du conflit ukrainien se mesure avec un indicateur précis du nombre de morts / jours. Dans une période de calme, ce chiffre varie entre 0 et 1 ou 2. Dans une période plus tendue, on passe de 4 à 10 morts. A l'aide de cet indicateur, on peut constater que, mis à part un pic sur quelques jours, la situation est plutôt calme, par rapport à d'autres périodes. Depuis le début de l'année, les forces ukrainiennes ont ainsi perdu 28 militaires, tandis que 68 ont été blessés. C'est beaucoup en période de paix. C'est modéré en période de guerre. Or, le conflit en Ukraine, il faut le rappeler, n'est pas un conflit gelé. C'est un conflit armé, certes de basse intensité, en termes de vicitimes, mais un conflit tout de même.
(Nicolas Gros-Verheyde)