Gouvernements

[Portrait] Le gouvernement hongrois Orban V marqué par une certaine continuité. Un nouveau ministre à la Défense

(B2) Le nouveau gouvernement hongrois investi mardi (24 mai) se caractérise par une certaine continuité. Et un troublant manque de parité. Une seule femme.

Un gouvernement à l'ancienne, très peu paritaire (Photo : PM Hongrie)
  • Les élections du 3 avril 2022 ont donné une majorité absolue à la Fidesz et à ses alliés (135 sièges sur les 199), le parti du premier ministre Viktor Orban. Ce dernier a donc été élu, sans férir, par le parlement lundi (16 mai).
  • À noter l'apparition d'un nouveau venu, Kristóf Szalay-Bobrovniczkyà à la Défense. Les trois autres ministères de force (Affaires étrangères, Intérieur, Justice) restent à leurs titulaires précédents.
  • Tibor Navracics, ancien commissaire européen et ancien ministre de la Justice, va être chargé du Développement régional et des Fonds européens. Poste taillé sur mesure pour permettre à Budapest de garder un lien direct avec Bruxelles.

Défense : Kristóf Szalay-Bobrovniczky (Ind. proche Fidesz)

Né le 6 juin 1970, diplômé de l'université de sciences agronomiques de Gödöllő, Kristóf Szalay-Bobrovniczky est un homme d'affaires, proche du pouvoir hongrois, avec des liens dans l'industrie militaire comme russe. Mais il ne dédaigne pas les postes officiels. Il a ainsi été ambassadeur au Royaume-Uni de 2016 à 2020. Financier, consultant, homme de médias, ambassadeur, etc., proche de Viktor Orbán, ce descendant indirect d'une vieille famille noble hongroise, a su mener de front une carrière d'investisseur du régime, comme de diplomate. Un homme de l'ombre tout puissant. Lire son portrait, à suivre : Qui est KSB, l'étrange nouveau ministre hongrois de la Défense ? Son twitter

Affaires étrangères & Commerce : Péter Szijjártó (Fidesz)

Proche de Viktor Orbán, partisan d'une politique d'apaisement avec la Russie

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Péter Szijjártó(photo : Conseil de l'UE)

Né le 30 octobre 1978 à Komárom, près de la frontière slovaque, Péter Szijjártó a suivi un parcours assez semblable à celui qu'il remplace en arrivant au gouvernement, Tibor Navracsics, devenu commissaire européen en 2014.

Économiste diplômé en relations internationales de l'université des sciences économiques de Budapest (en 2002), il rejoint le Fidesz, le parti gouvernemental dès 20 ans, en 1998. Il est élu la même année au conseil municipal de la ville de Györ (renouvelé en 2006 et 2010).

Élu à la chambre des députés en 2002, et réélu par la suite sans interruption (2006, 2010 et 2014). Péter Szijjártó sera le chef adjoint du groupe et préside la commission parlementaire au Budget. En 2005, il prend la tête de Fidelitas, l'organisation des jeunes de la Fidesz, poste auquel il restera jusqu'en 2009. En 2006, il devient le directeur de la communication et le porte-parole de la Fidesz entre 2006 et 2010, avant de devenir chef de cabinet du président du parti, Viktor Orbán, de 2009 à 2010. Il occupe la même fonction de porte-parole de Viktor Orbán, quand celui-ci devient premier ministre (juin 2010 à juin 2012), en charge au cabinet de la presse et des affaires internationales. Période qui englobe la présidence hongroise de l'Union européenne.

En juin 2012, Péter Szijjártó est nommé secrétaire d'État aux Affaires étrangères, rattaché au cabinet du premier ministre, et commissaire du gouvernement pour les relations avec la Russie et la Chine (à partir de mars 2013), vice-ministre des Affaires étrangères en juin 2014, il prend la tête du ministère officiellement, le 23 septembre 2014, quand Tibor Navracsics est désigné à la Commission européenne. Il est reconduit à son poste dans le gouvernement Orban IV (2018-2022) et Orban V (2022-...).

Intérieur : Sándor Pintér (Indépendant)

S. Pintér (Photo : gouvernement hongrois)

Le ministre de l'Intérieur avec le plus de longévité au plan européen.

Né le 3 juillet 1948, membre du cercle des septuagénaires de la politique européenne, il a une grande expérience à l'Intérieur.

Diplômé en droit et de l'Académie de police de Budapest, Sándor Pintér débute sa carrière comme détective en 1972 dans la capitale, puis devient chef du département d'investigation criminelle de la division Buda, puis Superintendant. Il continue à faire carrière dans la police dans les années 80, jusqu'à être nommé commissaire de police pour Budapest et commissaire national de police en 1991.

En 1998, il entre en politique en tant que ministre de l'Intérieur du cabinet de Viktor Orbán I. Quand celui-ci prend fin, il devient chef de l'entreprise privée de sécurité Preventive-Security. Lorsque Viktor Orbán retourne au pouvoir en 2010, il le suit et reprend son poste. Poste qu'il garde après chaque élection dans chacun de ses gouvernements : Orban II, Orban III, Orban IV (2018-2022) et Orban V (2022-...).

Justice : Judit Varga (Fidesz)

Judit Varga (Photo : Ministère de la Justice / Guerini-Temesi)

Née le 10 septembre 1980 à Miskolc, diplômée en droit de l'université de Miskolc en 2004, Judit Varga débute sa carrière en 2006 dans un cabinet d'avocats à Budapest. En 2009, sitôt son inscription au barreau, elle bascule dans la politique.

Elle sera ainsi assistante parlementaire (politique) au Parlement européen successivement pour János Áder de 2009 à 2012, membre fondateur de la Fidesz et président de la république durant dix ans (2012-2022), et Erik Bánki (FIDESZ), son successeur de 2012 à 2014, puis de György Hölvényi (KDNP) de 2014 à 2018.

Elle est nommée en juillet 2018 secrétaire d'État aux relations européennes dans le gouvernement Orbán IV, puis le 12 juillet 2019, ministre de la Justice, remplaçant László Trócsányi, élu au Parlement européen et qui a échoué à devenir commissaire européen. Proposée par Budapest, la candidature de Judit Varga au poste de commissaire européen est rejetée à l'automne 2019 par le Parlement européen, officiellement pour conflit d'intérêts — en fait aussi pour faire un exemple envers le gouvernement Orban (lire : Trocsanyi et Plumb éjectés. ‘Incapables d’occuper un poste de commissaire européen’ dit le Parlement européen).

Farouche défenseure de la Hongrie face aux attaques sur l'État de droit, elle ne s'est pas privée de critiquer ce « Bruxelles [qui] abuse de son pouvoir » (février 2022) ou « ces législations de l'Union européenne [qui] portent gravement atteinte à la sécurité juridique » (mars 2021), après l'adoption du principe de conditionnalité du respect de l'État de droit dans le cadre budgétaire pluriannuel (MFF) via un tweet.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Les autres ministres

  • Zsolt Semjén (KDNP), vice-premier ministre, chargé de la politique de Nationalité, des églises et de la diplomatie ecclésiale.
  • István Nagy (Fidesz), ministre de l'Agriculture ;
  • János Lázár (Fidesz), ministre de la Construction et de l'Investissement ;
  • János Csák (Ind.), ministre de la Culture et de l'innovation ;
  • Antal Rogán (Fidesz), chef du cabinet du premier ministre ;
  • Gergely Gulyás (Fidesz), chef du cabinet du premier ministre ;
  • Mihály Varga (Fidesz), ministre des Finances ;
  • László Palkovics (Ind.), ministre de la Technologie et de l'Industrie ;
  • Márton Nagy (Fidesz), ministre du Développement économique ;
  • Tibor Navracsics (Fidesz), ministre du Développement régional et de l'utilisation des fonds de l'UE.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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