[Actualité] Mer Rouge. L’opération Aspis franchit le détroit du COPS
(B2) Les ambassadeurs du COPS ont donné mardi (16 janvier) leur assentiment à la mise en place d'une opération européenne maritime en mer Rouge. Les 27 sont décidés à aller vite.
Mis sur la table la semaine dernière par les services du Haut représentant (lire : [Confidentiel] Face aux attaques houthies en mer Rouge, une opération européenne se planifie…), le dossier pourrait être bouclé d'ici le 19 février prochain avec son adoption formelle et le lancement dans la foulée, selon nos informations.
L'opération pourrait être dénommée Aspis, en référence au bouclier traditionnel des soldats grecs durant l'Antiquité. Afin de souligner la volonté des Européens de ne pas se profiler dans une option offensive à la manière des Américains.
Un certain consensus
Même l'Autriche habituellement réticente au déploiement d'opérations militaires a manifesté son soutien, selon nos informations et la presse autrichienne. « L'Europe doit être à l'avant-garde pour la sécurité de la navigation en mer Rouge et la désescalade au Moyen-Orient », souligne le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, après un entretien téléphonique avec son homologue français, Stéphane Séjourné, mercredi (17 janvier). Les deux ministres ont publié un communiqué appelant à « donner une impulsion rapide à une mission européenne ».
Un processus de décision engagé
Les Européens sont décidés à aller vite. À Berlin, un des pays pilotes de cette opération, la coalition "tricolore" au pouvoir entend la lancer le plus rapidement possible. La secrétaire d'État parlementaire au ministère de la Défense, Siemtje Möller (SPD), a ainsi demandé à la commission de la défense du Bundestag d'adopter le projet de loi (procédure obligatoire en Allemagne pour toute opération avec déploiement de moyens militaires en zone de danger), selon une procédure accélérée, selon l'agence RND .
La planification se poursuit
Les experts du groupe politico-militaire (GPM) se penchent sur le sujet ce jeudi (18 janvier). Idem pour le comité militaire. « Nous allons préparer très rapidement nos avis militaires » affirmait sur la ZDF le général autrichien Robert Brieger qui préside ce comité. Le feu vert politique pourrait être donné par les ministres des Affaires étrangères, lundi prochain (22 janvier). Comme annoncé, les moyens navals pourraient être fournis en premier lieu par la France, l'Italie et l'Allemagne.
Des moyens navals du Benelux en renfort
Même les Pays-Bas, plutôt engagés avec les Américains, et soutenant une action plus offensive, seraient disposés à y participer. Ils pourraient mettre à disposition une frégate pour la mission européenne en mer Rouge, a indiqué la ministre de la Défense, Kajsa Ollongren, mercredi (17 janvier) sur la radio publique BNR. « Nous examinons encore la question, et nous devons en discuter également avec la Seconde chambre » (la chambre basse du parlement : ndlr), a-t-elle toutefois précisé.
En Belgique, certains membres de la coalition (Mouvement réformateur notamment / Renew) militent pour une contribution belge. Le sujet devrait être examiné par le conseil des ministres restreint (Kern) réunissant les membres principaux du gouvernement (Libéraux, Socialistes, Ecologistes et Chrétiens-démocrates flamands). Une négociation est engagée entre les membres de la coalition Vivaldi pour un échange de positions : participation à l'opération vs prise de position plus sévère sur Iraël révèle le quotidien l'Echo.
Des pays tiers également
L'opération européenne pourrait voir se joindre « également des pays non membres de l'UE partageant l'importance du principe de libre navigation », comme l'écrivent les ministres italien A. Tajani et français S. Séjourné. Des contacts ont déjà été pris, selon nos informations, avec la Norvège mais aussi avec l'Australie.
(Nicolas Gros-Verheyde)