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Secours près du lieu du crash de l'hélicoptère (photo : Irna)
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[Actualité] L’hélicoptère du président iranien se crashe au sol. L’Iran demande l’aide européenne pour le localiser (v3)

(B2) Le système européen de localisation par satellite Copernicus a été activé, ce dimanche (19 mai), en urgence, à la demande de Téhéran pour localiser l'hélicoptère présidentiel disparu, où se trouvaient le président iranien et son ministre des affaires étrangères.

L'information a été annoncée par le commissaire européen chargé de la protection civile, Janes Lenarčič, via X-Twitter, vers 19 heures. La Turquie a également annoncé son aide, avec l'envoi d'un drone et d'un hélicoptère, ainsi que la Russie, plus tardivement. Le lieu du crash a été localisé dans la nuit par les secours dans un lieu montagneux, difficile d'accès. Aucun survivant.

L'hélicoptère présidentiel disparu

Outre le président Ebrahim Raisi et son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, l'hélicoptère transportait d'autres hauts responsables iraniens, notamment le gouverneur de la province de l'Azerbaïdjan oriental, Malek Rahmati, et le mollah de Tabriz, Hojjatoleslam Al Hashem. Un général des gardiens de la révolution (IRGC), Mehdi Mousavi, qui dirige l'équipe de gardes du corps du président Raïssi, fait partie des victimes de l'accident, selon l'agence de presse semi-officielle ISNA.Deux autres hélicoptères de l'escorte présidentielle ont atterri, eux, sans encombre. Le président revenait d’une cérémonie d’ouverture d’un barrage à la frontière iranienne avec l’Azerbaïdjan et devait venir à Tabriz inaugurer une raffinerie de pétrole, quand son hélicoptère s’est écrasé dans la région de Varzaqan, dans le nord-ouest de l'Iran, selon l'agence Irna qui a annoncé l'information dimanche (19 février) à 16h45 locales (18h15 Bruxelles).

Pas d'information sur la vie du président

Aucune information officielle « n'est encore disponible sur les blessures ou les dommages potentiels » annonce l'agence officielle Irna. Des équipes de secours ont été dépêchées vers la zone. Mais le temps brumeux et l'impraticabilité de la zone (montagneuse) rendent les opérations de recherche difficiles, a indiqué le ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi à la télévision d'État iranienne. « Le temps est froid et fort, il y a un brouillard épais, la visibilité est d'environ 5-6 mètres, et seuls quelques véhicules peuvent se rendre sur les lieux. Cela complique la situation », a déclaré le correspondant à la chaîne de télévision publique IRIB.

La météo complique l'arrivée des secours

Le ton des médias iraniens reste clairement grave. Le guide suprême a appelé à prier pour le retour du président en vie. « Tous les équipements et toutes les compétences de l'armée, des gardiens de la révolution et de la police doivent être mis à contribution pour secourir et rechercher l'hélicoptère » a demandé le chef d'état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, selon une autre dépêche de l'agence Irna. Le lieu de l'accident a été identifié par le ministère des Technologies de l'information et des communications dans un rayon de deux kilomètres vient d'annoncer l'agence Irna, vers 20 heures.

Recours à Copernicus

Le système Copernicus a, dans le passé, été régulièrement activé en cas de séisme ou catastrophe naturelle (cf. encadré). Notamment lors du séisme meurtrier en Iran en novembre 2027, ou lors d'un évènement similaire en Turquie et en Syrie en février 2023. Mais, d'après nos informations, il ne l'a jamais été en cas d'accident impliquant une personnalité, encore moins en Iran, à la demande du régime des mollahs.

Pas de signal reçu

Le commandant des gardiens de la Révolution, Asghar Abbasqolizadeh, a assuré que le contact a été perdu avec l'hélicoptère depuis 15h (locales (16h30 Bruxelles), démentant ainsi les informations assurant que des signaux avaient été reçus. Peu avant, le vice-président iranien chargé des Affaires exécutives, Mohsen Mansouri, avait affirmé que « deux membres de l'entourage du président Ebrahim Raïssi avaient contacté des équipes de secours ».

(mis à jour) décès confirmé

Lieu du crash vu du ciel (photo : Irna)

Au petit matin, lundi 20 mai, la mort du président Raisi, du ministre des Affaires étrangères et des autres occupants de l'avion a été confirmée après que les sauveteurs aient atteint le lieu de l'hélicoptère, dans une zone escarpée, difficile d'accès et entourée de forêt. « Aucune trace de survivants n'a été observée après la découverte du site de l'hélicoptère écrasé », a ainsi affirmé, au petit matin (6h), Pir-Hossein Kolivand le chef de la société du Croissant-rouge iranien (IRCS), selon les agences de presse. Peu avant, un drone turc de type Akıncı, de longue endurance et haute altitude, avait survolé la zone et repéré un lieu avec une chaleur résiduelle, signe du crash.

Intérim assuré par le vice-président

C'est normalement le premier vice-président Mohammad Mokhbér, qui assure l'intérim, selon l'article 131 de la Constitution de la République islamique d'Iran. Les élections doivent avoir lieu dans les 50 jours (1). Mokhbér a dirigé  Setad, un fonds d'investissement lié à Ali Khameneï, le guide suprême, et a été mis sur liste noire de l'UE en 2010, au titre des activités sur le nucléaire iranien, avant d'en être retiré en 2016.

(Nicolas Gros-Verheyde)


Copernicus, instrument utile

Le dispositif de veille satellitaire européen est cependant en permanence activé sur toute la zone de l'Iran, selon nos informations.

Il a ainsi permis de cartographier la mise en place, à partir de 2017, d'un mur frontalier « hautement sécurisé » entre l’Iran et la Turquie, « sur des dizaines de kilomètres, doublé dans chaque pays par des routes parallèles afin de faciliter la circulation des convois militaires et la surveillance de la frontière et ponctué de nombreux postes fixes de surveillance », comme le démontre le centre national d'études spatiales français.

Il permet aussi de suivre, discrètement, les évolutions du programme nucléaire iranien, fournissant des informations, via le centre satellitaire de l'Union européenne (SatCen), situé à Torrejon (Espagne), à l'agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA).


  1. « En cas de décès, [...], le premier vice-président, avec l'approbation de la direction, assumera ses pouvoirs et responsabilités. Un conseil composé du président du parlement, le chef du pouvoir judiciaire et le premier vice-président sont tenus de faire en sorte que le nouveau président soit choisi dans un délai maximum de cinquante jours. »

Mis à jour (v2) sur le démenti qu'un signal a été perçu, (v3) sur le décès confirmé du président et l'absence de survivant, et l'intérim

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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