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[Portrait] Un général autrichien à la tête du comité militaire de l’UE en juin 2022

(B2) C'est l'actuel chef de la défense autrichienne, le général Robert Brieger, qui officiera comme président du comité militaire de l'UE d'ici un an, à partir du 1er juin 2022. Il a été élu par ses pairs lors du comité militaire ce mercredi (19 mai)

Le général Robert Brieger au comité militaire de l'UE (crédit : Conseil de l'UE)

C'est la première fois qu'un général issu d'un pays neutre et d'Europe centrale prend la tête du comité militaire de l'UE (1). Mais les Autrichiens ont déjà occupé des postes de choix dans la hiérarchie militaire européenne, avec notamment le général Wolfgang Wosolsobe à la tête de l'état-major de l'UE, entre 2013 et 2016.

Un homme de l'infanterie mécanisée

Né le 21 novembre 1956, sorti de l'école des officiers de la 'Theresianische Militärakademie' de Wiener Neustadt en 1979, il a servi au 3e bataillon d’état-major de Mautern, comme chef de peloton de reconnaissance, puis au 33e bataillon blindé de Zwölfaxing comme commandant de la 3e compagnie et a commandé la 9e brigade d’infanterie mécanisée de Götzendorf (1994-1995).

Kosovo et Bosnie-Herzégovine

Robert Brieger est déployé au Kosovo comme chef du commandant autrichien de la KFOR (2001-2002), juste après l'intervention de l'OTAN dans l'ancienne province serbe, et l'adjoint aux opérations au ministère autrichien de la Défense (2008) — où il participe à la planification de l'opération au Tchad (EUFOR Tchad). Il part ensuite à Sarajevo comme commandant de la force EUFOR / ALTHEA en Bosnie-Herzégovine entre 2011 et 2012 (lire : Un général artiste nommé à la tête d’Althea).

De la planification opérationnelle à la logistique et au cabinet ministériel

En 2013, il devient chef du département de l'intendance, puis en 2016, chargé de la direction du groupe logistique, et en 2017, devient chef de cabinet du ministre de la Défense, Mario Kunasek (FPÖ), ministre dans le gouvernement Kurz I. Il prend le poste de chef d'état-major le 24 juillet 2018, remplaçant Othmar Commenda. C'est le « bon homme au bon endroit, un soldat impeccable » salue lors de sa nomination, le ministre de la Défense, Mario Kunasek selon le quotidien Die Presse.

L'un des meilleurs de sa génération

Bien qu'assez proche des partis conservateurs (ÖVP) ou nationaliste (FPÖ), il n'en est pas membre, et considéré surtout comme un « homme compétent » titre le journal de la Haute autriche. « L'un des meilleurs favoris pour ce poste le plus élevé. » Il a notamment défendu ardemment l'augmentation du budget de la défense et un renforcement « significatif » des forces armées. « Il est nécessaire de rattraper le retard en ce qui concerne l'équipement des armées » plaide-t-il dans Der Standard. « La capacité de réaction doit être renforcée pour être préparée aux menaces actuelles et futures. » NB : il doit quitter son poste à la fin de l'année 2021 normalement, atteint par la limite d'âge.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Le poste a été occupé essentiellement jusqu'ici par des Nordiques ou des Latins : successivement un Finlandais (Gustav Hägglunds 2001-2003), un Italien (Rolando Mosca Moschini 2003-2006), un Français (Henri Bentégeat 2006-2009), un Suédois (Håkan Syrén 2009-2012), un Français (Patrick de Rousiers 2012-2015), un Grec (Mikhaïl Kostarakos 2015-2018), un autre Italien (Claudio Graziano 2018-2022).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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