Faute de présence maritime, l’embargo sur les armes en Libye reste théorique
(B2) La suspension de l'opération maritime européenne en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Sophia) a une conséquence très claire : l'embargo sur les armes imposé contre la Libye reste théorique
Trois fouilles sans suite
Selon le dernier rapport d'EUNAVFOR Med, entre mars 2018 et mars 2019, l'opération européenne a procédé à 1083 arraisonnements, 84 approches amicales et trois inspections (1). Les inspections de navires ont eu lieu sur l'Osman Prince à destination de Benghazi (23 septembre 2018), sur l'Ahmad Prince, qui naviguait vers Tripoli (1er novembre 2018) et le Rusen Mete, à destination de Brega (18 janvier 2019). A chaque fois, les militaires européens n'ont pas réussi à obtenir le consentement de l'État du pavillon à la fouille (Comores et Sierra Leone).
Aucune arme retrouvée
Ils ont cependant « cherché de bonne foi à obtenir le consentement de l'État du pavillon concerné avant d'effectuer chacune des trois inspections ». En « l’absence de réponse dans le délai de quatre heures prévu » par le plan d'opération, les militaires ont commencé la fouille. Les marins des trois navires inspectés se sont montrés « coopératifs lors des inspections » souligne-t-on à EUNAVFOR Med. Mais « aucune arme ou munition n'ont été retrouvées à bord ».
L'arrêt d'EUNAVFOR : un coup dur pour le respect de l'embargo sur les armes
Un récent rapport du secrétaire général de l'ONU le reconnait. L'opération Sophia « est le seul mécanisme régional » qui agit. Et le secrétariat « n'a reçu aucune autre information concernant d'autres inspections de navires ou saisies de cargaisons opérées en haute mer au large des côtes libyennes par les États Membres, agissant à titre national ou dans le cadre d'organisations régionales ». A terre, les autorités portuaires et douanières libyennes ont procédé à trois saisies : armes et munitions à Khoms le 17 décembre 2018, véhicules blindés à Khoms le 5 février 2019, armes à Misrata le 7 janvier 2019.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Si on remonte à juin 2016, les chiffres se montent à 2377 arraisonnements, 170 approches amicales et six inspections de navire, avec deux saisies d'équipements militaires.
Télécharger :
- le rapport de l'ONU