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[Portrait] Un militant du FPÖ prend la tête d’EUFOR Althea

(B2) Le général de division autrichien Alexander Platzer va prendre le commandant de la force de l’UE pour l’opération militaire de stabilisation en Bosnie-Herzégovine

Le général Platzer à sa prise de fonctions en avril 2019 (crédit : Bundesheer)

Il relaie, le 15 janvier 2021, son compatriote le général Reinhard Trischak. Sa nomination a été avalisée par le comité politique et de sécurité (COPS) le 15 décembre dernier.

Un homme issu des chasseurs...

Alexander Platzer a notamment commandé la Jägerbrigade (brigade de chasseurs) de 2004 à 2006, et a été chef du département en charge de l'examen des soldats extrémistes, à l'Abwehramt (ABwA), le renseignement militaire. Un point crucial dans sa carrière. Car il n'est pas seulement militaire. C'est un 'Bleu', la couleur du FPÖ, le parti de la liberté, dans une armée autrichienne où il n'est pas rare que les militaires aient des affiliations politiques connues. Il s'est présenté à plusieurs reprises aux élections du Conseil national du FPÖ, classé à l'extrême-droite, comme le relatent nos collègues autrichiens du Standard (cf. liste 2019).

Engagé en politique du côté du FPÖ

Sa nomination comme chef du tout nouveau commandement du soutien des bases des forces armées (Streitkräftebasis) créé en avril 2019, dans le cadre d'une restructuration des commandements, par le ministre de l'époque, Mario Kunasek (FPÖ), est perçue comme une récompense de cet engagement politique. Un poste important puisqu'il s'inscrit dans une restructuration des commandements de l'armée et qu'il a la haute main sur toute une série de services (1), comme le Centre des technologies de l'information et des communications et de la cybersécurité.

Une promotion discutée au plus haut niveau

Sa promotion au rang de général de division, comme deux autres officiers (Wolfgang Wagner et Gerhard Christiner) est cependant bloquée par le président autrichien Alexander Van der Bellen (sympatisant Verts) fin mars, comme le précise le Tiroler Tageszeitung. Celui-ci estimant que certaines procédures ont été contournées, notamment l'examen des autres candidats potentiels. La fin de la coalition Turquoise-Bleue (entre l'ÖVP et le FPÖ) sonne le glas du général. Le successeur de Kunasek à la défense, Thomas Starlinger, ancien officier également, décide en octobre de prendre des mesures : dégradation pour deux des trois nominés. Platzer sauve son grade mais doit quitter son poste, comme le rapporte APA, l'agence de presse autrichienne. Au grand dam de ses subordonnés qui adressent une pétition publique au ministre. Il laisse le soin à sa successeure, Klaudia Tanner, de jauger du futur poste de A. Platzer.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Outre l'École de logistique de l'armée, l'École de soutien au commandement, les centres logistiques de l'armée et le centre d'habillement de l'armée, le commandement de la base des forces armées comprend également trois installations de munitions de l'armée ainsi que toutes les installations médicales militaires, le premier régiment d'approvisionnement, la cynophilie militaire, le centre sportif de l'armée et le service de déminage.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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