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[Portrait] Boris Pistorius, un chasseur des extrêmes à la tête de la Défense allemande

(B2) Le social-démocrate Boris Pistorius remplace Christine Lambrecht comme ministre de la Défense, depuis jeudi (19 janvier) suite à la démission de cette dernière.

Le nouveau ministre allemand de la Défense arrive presque un an après le début de la guerre en Ukraine (Allemagne)

Boris Pistorius n'est pas vraiment connu du bataillon des milieux de la défense. Seul fait notable : il a participé à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN en tant que membre du Bundesrat. Il s'est néanmoins forgé une certaine réputation pour sa politique sans répit contre l'extrémisme dans son pays.

Un social démocrate pur jus

Né en 1960, c’est cependant un homme politique expérimenté, engagé très tôt en politique chez les sociaux-démocrates, dès ses 16 ans. Sa carrière culmine désormais en sa nomination au gouvernement fédéral, après une longue expérience dans les instances régionales, communales et parlementaires. Il avait tenté sa chance et été le candidat malheureux à la présidence du SPD en 2019 face à celui qui est aujourd’hui son Chancelier, Olaf Scholz. Il est arrivé 5e, avec 14% des voix.

En dehors de son rôle de ministre de l'Intérieur et des Sports de la région de Basse-Saxe (2017-2023), celui qui l'a fait connaitre, il a été maire de sa ville d’origine, Osnabrück (2006-2013), et membre du Landtag (Parlement régional) de la Basse-Saxe.

La lutte contre l'extrémisme

Au cours de sa carrière dans une région du nord-ouest de la République fédérale, accolée aux Pays-Bas, il s’est principalement illustré dans sa lutte contre l'extrémisme. Un combat aux racines régionales mais qui résonne jusqu'à Berlin et au niveau national allemand. En particulier, l’extrémisme islamiste, lorsqu'il parvient à faire interdire l'association DIK Hildesheim via laquelle des combattants de l’État islamique sont recrutés. Mais aussi le nazisme : il est un pilier essentiel du plaidoyer pour exclure le parti d’extrême-droite NPD du financement de l'État car jugé anti-constitutionnel, comme le présente le Spiegel.

Emblème de la politique intérieure allemande

Au niveau national, il a été responsable de la définition de la politique intérieure du parti pour les élections fédérales de 2017 avec une forte dimension européenne (via la création d’un FBI européen par exemple). Le renforcement des effectifs de la police fédérale ou une meilleure lutte contre la cybercriminalité sont deux autres de ses dadas. Boris Pistorius a également assuré le porte-parolat des ministères de l'Intérieur des Länder dirigés par le SPD (2014-2017) et siégé au sein d'une commission parlementaire de contrôle de l’agence européenne Europol.

Virage à 180° sur les sanctions russes

Anciennement membre du groupe d'amitié germano-russe du Bundesrat, l’élu a été critique des sanctions prises contre la Russie suite à son annexion de la Crimée ukrainienne en 2014, rappelle le média allemand T-online, avant de changer de ligne suite à la guerre en Ukraine qui éclate en février 2022. Une illustration du changement de position (et de la longue hésitation de ligne politique à prendre) du parti des sociaux-démocrates vis-à-vis de la Russie suite à l'agression, qui a valu au Chancelier de fortes critiques.

(Aurélie Pugnet)

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