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Les 27 bien décidés à assurer la protection des frontières

(B2) Réunis de façon extraordinaire, ce mercredi (4 mars) à Bruxelles, les ministres des Affaires intérieures des 27 (avec les pays membres de l'espace Schengen), ont voulu envoyer un message ferme à la Turquie, après que Recep Tayyip Erdoğan ait ouvert les portes vers la Grèce, comme à ceux qui veulent entrer de force : la frontière sera gardée

Margaritis Schinas, commissaire chargé de la promotion du mode de vie européen et Nicos Nouris, ministre chypriote de l'intérieur (crédit : Conseil de l'UE)

Le message des 27 fait écho à celui des trois présidents des institutions européennes, lors de leur déplacement à Evros, frontière entre la Grèce et la Turquie, la veille. En ce sens, le plan d'action annoncé par Margaritis Schinas en conférence de presse n'est rien d'autre qu'une confirmation des annonces faites sur le terrain par les dirigeants européens.

Message de solidarité et de coopération 

Les 27 ont exprimé leur « claire et ferme solidarité » avec la Grèce, a déclaré le ministre croate des Affaires intérieures, Davor Božinović. Solidarité également avec « la Bulgarie et Chypre et les autres États membres qui pourraient être touchés ». Aux « partenaires » des Balkans, les 27 affirment leur volonté de « continuer à coopérer étroitement » dans la gestion des flux migratoires.

L'action de la Turquie  condamnée

Le ton est ferme. Le Conseil « condamne l'utilisation par la Turquie de la pression migratoire à des fins politiques. La situation aux frontières extérieures de l'Union européenne n'est pas acceptable. » Cependant, dans une tentative de calmer le jeu, les Européens reconnaissent « la charge et les risques migratoires accrus auxquels la Turquie est confrontée » alors qu'elle accueille déjà 3,7 millions de migrants et réfugiés.

Ankara appelé à respecter ses engagements 

Sans surprise, les Européens renouvellent leur appel à la Turquie pour qu'elle « applique pleinement les dispositions de la déclaration » de 2016. Ils rappellent les « résultats tangibles » obtenus, notamment pour Ankara. « L'Union européenne et la Turquie ont toutes deux intérêt à ce que cette coopération et cet engagement se poursuivent », avertissent les 27.

Les frontières seront protégées

Déterminés à ne pas laisser se reproduire la situation de l'automne 2015, le langage adopté est dur. « L'Union européenne et les États membres restent déterminés à protéger effectivement les frontières extérieures de l'Union européenne. » Les 27 assurent que « les franchissements illégaux ne seront pas tolérés » et qu'ils « prendront toutes les mesures nécessaires, conformément au droit communautaire et international ».

Éviter tout appel d'air

Avec plus de 20.000 migrants arrivés aux frontières terrestres et maritimes grecques depuis la semaine dernière, les Européens veulent éviter tout appel d'air. « Les migrants ne doivent pas être encouragés à mettre leur vie en danger en tentant de franchir illégalement les frontières terrestres ou maritimes. » Le gouvernement turc, comme tous les acteurs et organisations sur le terrain, sont appelés à « relayer ce message ».

Un programme de retour pour les bloqués

Quant à la situation de ceux bloqués entre les frontières grecques et turques, le plan de la Commission européenne prévoit un nouveau 'programme de retour' coordonné par Frontex. Il visera un « retour rapide depuis la Grèce, vers le pays d'origine, de ceux qui n'ont pas le droit de rester », a tonné le commissaire ('promotion du mode de vie') Margaritis Schinas dans l'après-midi. La Commission européenne a aussi demandé au bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO) d'accélérer le déploiement sur place de 160 agents supplémentaires qui doivent soutenir la Grèce dans la gestion et le traitement des demandes d'asile.

Soutien financier, opérationnel et technique confirmé

En terme de soutien, les ministres n'ont pas pris de nouvelle décision. Ils saluent les annonces faites par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (cf. encadré) et des renforts promis dans le cadre d'une mission d'intervention rapide de Frontex (lire : Urgence à la frontière grecque. Frontex déploie une mission). Mais tout ceci n'est pas possible sans un apport supplémentaire des États membres. Les ministres se sont engagés à apporter « rapidement le soutien nécessaire pour assurer le déploiement immédiat des équipes et des moyens concernés. »

La dernière chance pour une réforme des règles d'asile

Après quatre ans d'échecs, tous les regards sont maintenant tournés vers la réforme des règles de migrations et d'asile. Margaritis Schinas, qui travaille à l’élaboration d’un 'pacte pour la migration et l’asile', parle d'une « dernière chance. L’Europe ne peut pas échouer deux fois sur un objectif aussi emblématique », a souligné le vice-président de la Commission européenne. Le Conseil des ministres de l'Intérieur reviendra sur la question lors de sa réunion régulière le 13 mars.

(Leonor Hubaut)

Télécharger la déclaration (EN/FR)


L'ordre doit être maintenu !

Lors de son déplacement sur la frontière terrestre grecque, la présidente de la Commission européenne a retrouvé le ton martial qu'elle avait durant des années passées au ministère de la Défense. « Notre première priorité est de veiller à ce que l’ordre soit maintenu à la frontière extérieure de la Grèce, qui est également une frontière européenne » a promis Ursula von der Leyen. « Je m’engage pleinement à mobiliser tout le soutien opérationnel nécessaire aux autorités grecques » via Frontex. Elle a promis également une enveloppe de 700 millions d’euros, dont la moitié « disponible immédiatement », pour aider Athènes. 350 millions d’euros « pourront être débloqués dans le cadre d’un budget rectificatif ». Le mécanisme de protection civile va aussi être déclenché pour fournir du matériel et des équipements d'accueil (couvertures, tentes, etc.) en complément des renforts décidés pour Frontex. (communiqué)


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